Chapitre 14 - Les mains du lego historia

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Énée était en train d'étudier une statue d'Asclios quand Sylvan revint dans l'atrium. Ses doigts épousaient les formes de la statue et il s'amusait à lire en elle, pour comprendre comment elle avait été créée, et en apprendre plus sur son histoire. Aussitôt, comme pris en faute, l'historien retira ses doigts d'un air coupable, avant de se tourner vers son ami qui l'observait. Il mit ses mains dans ses poches et attendit que le citoyen prenne la parole. Sylvan finit par pousser un soupir et traversa la pièce pour récupérer son verre de vin, abandonné sur la table.

— Tu ne peux pas t'en empêcher, souffla-t-il.

— Je vérifiais juste un truc.

Un sourire étira les lèvres de Sylvan, qui s'effaça aussitôt.

— Ludovicus était en colère, indiqua-t-il. Il m'a demandé de te renvoyer.

— Tu vas le faire ?

Sylvan avala une gorgée de son vin en secouant la tête de droite à gauche. Énée se sentait à la fois soulagé et agacé. Comment l'autre avait-il pu exiger un renvoi alors qu'il racontait un mensonge ?

— Je n'ai fait que dire la vérité, se défendit-il.

— Tu aurais pu le faire différemment, ou de façon plus subtil, Ludovicus est susceptible.

— C'est son problème, pas le mien.

— Peut-être, mais il s'agit de mon futur beau-père, je ne dois pas me le mettre à dos.

— Tu as vraiment envie de te marier avec cette femme ?

Énée n'arrivait pas à croire que ce soit le désir de Sylvan. Elle n'était même pas jolie ! Ce dernier termina son verre en haussant les épaules.

— Non, mais je dois le faire, c'est ce que ma famille attend de moi.

— Quand je serai citoyen, je ne me marierai pas, et je n'aurais pas d'enfant.

Un sourire triste étira les lèvres de Sylvan.

— C'est dommage.

— Peut-être, mais je refuse de faire semblant.

Leurs regards se croisèrent. Énée tentait de transmettre un message à Sylvan par les pensées. Quel dommage qu'il ne soit pas télépathe, cela l'aurait bien arrangé. Cela dit, il était persuadé que Sylvan avait compris ce qu'il sous-entendait. Le citoyen préférait juste vivre dans le déni. C'était plus confortable.

— Cette statue t'a appris quelque chose ? demanda Sylvan en pointant la représentation d'Asclios du doigt.

— Ne change pas de sujet ! s'agaça Énée.

— Je ne change pas de sujet. Je sais que tu aimes caresser les statues.

— Toucher les statues.

— Tu lui as demandé son consentement au moins ?

— Et toi, tu m'as demandé le mien quand tu m'as poussé la dernière fois ?

Sylvan leva les bras, l'air de rendre les armes, un sourire amusé aux lèvres.

— Tu as l'air en forme en tout cas. Et j'ai promis de ne plus te pousser. Alors, cette statue ?

— J'ai vu son sculpteur en pensée. Il avait de belles mains.

Sylvan arqua un sourcil, son sourire s'agrandit.

— Ah oui ?

— Oui.

— Plus belle que les tiennes ?

— Personne n'a de plus belles mains que les miennes, se vanta Énée.

Le collectionneur et l'historien [Romantasy Historique MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant