Chapitre 10 - AUGUSTE

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13 janvier

La maison de Robert ressemble à un grand pavillon, niché en plein cœur d'une forêt, tape à l'œil dans ce décor. Je gare ma voiture à côté de celle d'Astrid, me penchant légèrement pour l'apercevoir assise sur le capot de sa Twingo, les yeux rivés vers le ciel. À quoi pense-t-elle ?

— Salut, je lance quand je sors de ma voiture.

— Ah ! Tu es arrivé.

Elle me rejoint d'un bond, faisant crisser les gravillons de l'allée. Je ne peux pas m'empêcher de cligner des yeux, abasourdi. Astrid porte une robe noire, toute simple, avec des mocassins argentés et un côté de ses cheveux est retenu par une barrette à strass. Elle s'aperçoit de mon trouble puisqu'elle me sourit.

— Tout ça fait partie du plan, chuchote mon acolyte, tu me fais confiance ?

— Oui, je fais sur le même ton, mais pourquoi un tel déguisement ?

Astrid esquisse une fausse moue boudeuse.

— Moi qui croyais que tu me trouvais jolie.

Je lève les yeux au ciel en priant pour qu'elle n'insiste pas mais déjà, elle se détourne pour gravir les marches du pavillon.

J'ajuste nerveusement le col de ma chemise. Robert aime les gens distingués et Marjorie claquera sa langue contre son palais si elle désapprouve ma tenue. Non pas que ces gens aient une quelconque importance mais je ne veux pas que le plan d'Astrid échoue. Quel est le plan, déjà ?

Je n'ai pas le temps de lui demander que ma cheffe utilise le heurtoir contre la porte. Elle m'offre un sourire mystérieux, qui n'augure jamais rien de bon.

— Détends-toi, me souffle-t-elle, on dirait que tu vas à ton premier entretien d'embauche.

— Ça serait pas mal que tu me communiques ton plan, je rétorque, ça m'éviterait d'être stressé.

— N'es-tu pas un as en improvisation ?

— Quand je connais un minimum le terrain, oui.

Astrid soupire. Elle s'approche et arrange mes cheveux d'un air distrait.

— Elias me cache quelque chose. Tu as reçu mon texto ? (je fais oui de la tête) Mon objectif est de coincer Cecily. Les preuves sont sur mon téléphone, elle ne pourra pas nier. Mais il reste un problème : ses parents ne doivent pas être dans les parages. Je pensais donc que tu pourrais faire une diversion ou...

— Non, je l'interromps. Astrid, je l'interrogerai avec toi. Elle m'a aussi assommé et même si je vais mieux, si tu n'avais pas été là, l'issue aurait pu m'être fatale.

Elle se mord la lèvre.

— Nous pourrions faire passer cela comme homicide volontaire, j'ajoute, et l'incriminer. Ton désir de vengeance est plus fort que tout le reste, mais tu n'es pas toute seule sur ce coup.

Pendant une fraction de secondes, je vois sa carapace se fendiller pour révéler la vraie Astrid.

Avant de se renfermer complètement sur elle-même.

— Merci, Gus.

Elle se retourne à l'instant où Marjorie, pimpante dans sa robe bleu ciel, nous ouvre la porte. Astrid se compose rapidement un visage jovial tandis que je reste derrière, hébété. Elle m'a appelé Gus ? Ce n'était pas arrivé depuis des années.

— Bonjour Auguste, fait Marjorie, je suis contente de te voir. Cela fait combien de temps...?

— Depuis les obsèques, je réponds avec un pâle sourire.

Le Bouquet de Fleurs FanéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant