Chapitre 17 - ASTRID

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21 janvier

Je me sens nauséeuse quand j'aperçois l'hôtel où loge Robert. Un des plus prestigieux hôtels de la région, inaccessible pour la plupart des gens, mais manifestement, pas pour mon "frère".

La main d'Auguste se cale dans la mienne, m'insufflant une dose de courage. Cela ne fait même pas deux heures que nous sommes sortis de l'hôpital et je ne me sens pas prête à affronter Robert. Il m'a toujours donné l'impression de ne rien valoir, d'être de trop. Généralement, je l'ignorais, mais avec tous ces récents événements, j'appréhende notre discussion. Est-il loyal à Marjorie ? Ou, au contraire, parfaitement indifférent à son sort ?

Après une inspiration, j'avance devant les baies vitrées du hall, qui s'ouvrent devant nous. Une jeune femme nous sourit derrière son comptoir. Ses cheveux sont ramenés en arrière par un chignon strict et sa tenue, dans les tons bleu marine, colle à l'atmosphère luxueuse du lieu. Je déglutis puis esquisse le sourire le plus convaincant que je puisse faire.

— Bonjour, nous cherchons la chambre de Robert Delatorre.

— Un instant, je vous prie.

Elle pianote sur son ordinateur, penche la tête sur le côté.

— Il a demandé à ne recevoir aucune visite.

Pourquoi ne suis-je même pas étonnée ? Mon sourire perd un peu de sa crédibilité.

— Je suis sa... soeur. Astrid Delatorre.

— Je sais, acquiesce la femme, vous êtes à la une des journaux. Malheureusement, il n'a autorisé personne à venir dans sa suite, pas même sa famille.

La colère gronde en moi. A-t-il des choses à cacher ? Souhaite-t-il rester dans sa suite jusqu'à la lecture du testament ? Certainement pas. Robert a été témoin du meurtre de Cecily et s'il juge qu'il n'a de comptes à régler avec personne, je lui prouverai le contraire.

La réceptionniste a dû remarquer mon changement d'humeur car son expression se fait un poil plus indulgente.

— Avec tout ce qu'il s'est passé, je comprends tout à fait que vous souhaitez vous rapprocher de votre famille, dit-elle avec douceur, j'aimerais vous aider mais...

— Vous ne comprenez pas, je lance sèchement, Robert et moi devons parler. Je ne l'assassinerai pas dans son sommeil, ni ne tenterai quoi que ce soit. Il me doit des explications et je compte bien les lui soutirer. (je me penche, mais la femme ne recule pas) S'il vous plaît. Nous ne ferons que passer.

La réceptionniste déglutit péniblement, puis hoche la tête. Je ne sais pas si c'est ma voix impérieuse ou la détresse dans mon regard qui l'a fait changer d'avis, mais je suis ravie.

— Chambre 506, étage 3.

— Merci. (je remarque son nom sur son badge) Merci, Jennifer.

Son sourire est pâle. Je me promets de ne pas rester longtemps pour ne pas lui créer d'ennuis.

L'ascenseur est entièrement vitré et les deux premiers étages défilent rapidement sous nos yeux. Des gens à l'allure distinguée nous regardent à peine, un verre de champagne à la main, n'adressant qu'un petit hochement de tête aux serveurs élégamment vêtus. Je ne me sens pas à ma place dans cet endroit bien trop chic, ni à ce silence qui m'oppresse.

J'ai l'impression de faire tâche.

La voix féminine de l'ascenseur indique le troisième étage et nous nous immobilisons. Le sol est recouvert d'un tapis rouge impeccable, les murs sont d'un blanc crème et les lustres de cristal scintillent au-dessus de nos têtes. Ma gorge se serre, puis je prends une nouvelle fois la main d'Auguste. Ce dernier joint nos paumes sans dire un mot, et une vague de reconnaissance déferle en moi.

Le Bouquet de Fleurs FanéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant