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PLAYLIST :
Toulouse- No Running From Me**********************************************
J'ai plusieurs sacs de shopping entre les mains. Valéria est partie nous récupérer notre commande. Nous avons décidé de nous arrêter dans un magnifique restaurant.
« Demain, tu viens avec qui ? »
« Je m'y rends seule. Cette soirée est pour les affaires, la plupart de mon portefeuille client s'y trouve. C'est un événement qui a lieu toutes les deux semaines. »
« Comment font-ils pour suivre un rythme aussi soutenu ? »
« Ce sont des événements assez lambdas en réalité. Ils font d'autres événements plus privés, tu vois ce que je veux dire... »
« Tu y as déjà été conviée à certains ? »
« Oh oui... » Son regard devient plus sombre.
« Si jamais on se croise un jour à ce genre d'endroit, tu risques de me voir d'un œil... nouveau. »
Je ne comprends pas vraiment où elle veut en venir. D'un autre côté, je ne pense pas chercher à me pavaner dans toutes les soirées prévues. Je me montre juste pour m'acclimater aux éventuels clients qui pourraient apprécier les prochaines cuvées.
« D'ailleurs, je vais te devoir transmettre les documents pour que tu puisses réfléchir à une proposition d'achat pour la demeure. »
J'acquiesce.
« Ce weekend, je serai en déplacement à New York. J'ai quelques connaissances à voir. Je lirai les documents au plus vite et nous entamerons la procédure. »
« C'est parfait ! Tu veux venir boire un verre à la maison vendredi ? »
« Je ne peux pas »
Elle se redresse, curieuse.
« J'ai rendez-vous avec un homme ici vendredi. »
« Tu es invitée au Logotha ? Qui est l'heureux élu ? » demande-t-elle en faisant tourner son olive dans son verre.
« Mon créancier. » Dis-je peu fière. Elle la croque et me regarde avec intérêt.
« Écoute, je ne connais pas les soucis auxquels tu as pu faire face et si tu ne souhaites pas en parler je n'y vois aucun problème. Cependant, si je peux me permettre... si l'homme que tu rencontres vendredi a choisi ce restaurant, je peux te dire qu'il n'est pas n'importe qui. La liste d'attente est conséquente pour dîner dans ce lieu. »
J'ai une boule de nervosité qui se loge en dessous de mes côtes. Je ne me sens pas rassurée.
« Je voulais négocier avec lui pour qu'il m'accorde un délai pour le remboursement de la créance. Le temps de pouvoir effectuer l'agrandissement de ma parcelle et que je puisse acheter le château que tu m'as fait visiter. Le problème c'est que mon notaire a eu beaucoup de difficulté à retrouver l'homme à qui mes parents devaient de l'argent... »
« Mais c'est une bonne nouvelle non ? Cela veut dire qu'il ne s'est pas manifesté lors du décès. »
Je m'approche d'elle et chuchote alors : « Tu en connais beaucoup toi des hommes qui cherchent à ne pas être reconnus comme créancier... comme si l'argent prêté n'était pas propre et qu'il ne fallait pas remonter jusqu'à lui. »
Valéria blêmit.
« Tu me donneras ta localisation. Si jamais il cherche à te menacer ou te kidnapper je saurai où tu te trouves. »
Cette fois-ci c'est mon visage qui devient blême.
« Oh non stresse pas ! Je plaisante ! » me pousse faiblement Valéria.
Elle se relève, s'étire puis se retourne vers moi : « Bon tu fais quoi on y va ? »
« Où ? »
« Bah voyons, il te faut une tenue pour rencontrer et faire face à ce mercenaire à qui tu dois de l'argent. »
Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer.
« Bon on va éviter la touche trop sexy car après il serait capable de te demander un paiement en nature... »
« Arrête ! »
Elle n'arrive plus à s'arrêter de rire qu'au final je la suis.
« Salut Elisa ! Tu peux me sortir deux tenues d'affaires, oui celles que je porte habituellement quand je dois faire face à des clients légèrement trop en confiance. »
Je la regarde sans comprendre.
« Je t'ai dit que le talon d'Achille des hommes ce sont les femmes, qu'importe qu'il soit ton créancier, ton professeur ou ton facteur. »
« Mais tu es complètement malade ? »
J'attrape la tenue bleu marine, jupe qui s'arrête au genou, avec un blazer courte cintré avec épaulettes. Je les enfile et la main de Valérie se glisse à travers les rideaux.
« Enfile ça ! » Un body en dentelle noire, avec des motifs en forme de fleurs au centre du ventre et qui remonte jusqu'à ma poitrine.
« NON ! On a dit qu'il fallait pas qu'il me demande des faveurs sexuelles tu joues à quoi là ? »
« Arrête de faire ta prude, tu dois le convaincre d'accepter qu'il n'ait pas besoin de ton argent tout de suite et qu'il faut qu'il attende quoi ? Dix ans ? Autant qu'il soit focalisé sur ce que tu portes en dessous de ton blazer et qu'il te signe tout ce que tu veux, bien trop obnubilé par l'échancrure de ton blazer bleue marine. »
C'est évident, cette fille est complètement folle. Mais sa capacité à tout mettre sur le ton de la rigolade et son hilarité me donnent envie de jouer. J'ai l'impression de revivre, comme si la fille hautement conditionnée qui a dû troquer sa féminité pour une véritable masculinité était en train de reprendre du terrain. La froideur forcée et l'assurance écrasante avec lesquelles je me suis faite un nom à New York sont en train de s'étioler pour quelque chose de nouveau sur les terres de Provence. Je crois que j'adore ça.
Je sors de la cabine, appuyée sur des talons noirs vernis, et je fais face à Elisa et Valéria.
« Oh putain. »
« La chenille devient un magnifique pap illon ... » dit Elisa, la vendeuse.
« Ce que tu veux dire, c'est que ma copine est incroyablement séduisante, et pourtant elle ne révèle absolument rien. Tu te rends compte que tout te va à la perfection », dit Valéria de façon extravagante.
« Allons-y pour du champagne ! » Elisa sort une bouteille de son stock.
« Je comprends pourquoi vous vous entendez si bien, Valéria et toi... » dis-je en face de la coupe remplie de bulles.
« Oh, mais tu n'as encore rien vu », dit alors Valéria sur le ton de la rigolade en frôlant le bras d'Elisa.
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ABDIQUE
RomanceAlexis Ménessi est un homme d'envergure. On ne croise pas ce genre d'homme dans n'importe quel coin de rue. Il aime le travail, les femmes, et le vin. PDG de l'entreprise familiale Ménessi, ce dernier dirige d'une main de maître une filiale spéciali...