Chapitre 6 ~ Un adversaire de taille

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PLAYLIST :
Meg Myers- Desire ( Hucci Remix)

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"J'étais sûr de vous avoir vu avec une coupe de champagne, une à votre entrée et une autre en compagnie de votre connaissance. "

Je posa ma main sur son bras et le suivit. Il est certain qu'il a l'œil. Il me fait très clairement comprendre qu'il m'a dans le viseur depuis le début, avant même que je le sente. De plus, il a très bien cerné que Valeria et moi n'étions pas suffisamment proche pour qu'elle me présente comme sa prétendue amie.

Il lisait entre les lignes, il voyait dans les détails et surtout ne prenait pas compte les paroles seulement les agissements et les actes. Je ne sais pas dans quoi je me suis fourrée mais il allait m'être difficile de m'en sortir. Il fit signe au serveur et commanda du Talisqueur, c'était mon whisky préféré.

J'échappais un sourire.

Au-delà du sens du détail et de son œil acéré, il avait une part d'intuition qui ne lui faisait pas défaut. Je me redressai, me permettant de regarder le haut de son col. Sa chemise était légèrement ouverte, donnant une illusion décontractée, alors qu'il n'était pas du tout détendu. Il savait ce qu'il faisait; tout était minutieusement et parfaitement orchestré.

Remontant le long de sa gorge, je remarquai un grain de beauté à sa droite. À la naissance de sa barbe naissante, ses cheveux étaient légèrement bouclés, retombant sur ses paupières, lui donnant une allure particulière. Cela contrastait avec sa barbe extrêmement soignée. Il avait des incohérences, mais celles-ci étaient choisies.

J'étais face à un homme, et pas n'importe lequel. Il était évident qu'il devait être à la tête d'une firme. La carrure et la présence qu'il avait faisaient de lui un leader. Je vis ses lèvres bouger. Elles étaient légèrement rosées et gonflées, comme s'il les avait posées sur une femme juste avant d'arriver à l'événement. Peut-être que c'était là l'origine de son allure faussement décontractée. Il s'était probablement envoyé en l'air juste avant d'arriver. Il fit un signe au serveur, le remercia et me donna le verre. Il comprit que je le fixais.

"Alors, cela vous plaît ?" Je souris. Si il pense avoir le pouvoir de me décontenancer, il se fourvoie. Je gardais les yeux sur ses lèvres, assumant clairement le fait de le détailler dans les moindres détails. "Oui," dis-je en remontant le regard doucement jusqu'à ses yeux; son regard était plus intense. C'était indéniable qu'il me plaisait. "Le lieu de l'événement est absolument splendide. L'espace est grand et donne une allure majestueuse." Il comprit alors. Son intérêt décupla alors qu'il se penchait près de mon oreille. "Il est certain que je risque de ne jamais me lasser de ce spectacle auquel je fais face." Il n'y avait pas de sous-entendu, contrairement à moi. Il me faisait directement comprendre de quoi et de qui il parlait. Il la jouait franc et direct, rouge et blanc, alors que je décidais de nuancer mon jeu.

Je fis glisser le liquide entre mes lèvres, sentant son regard plonger avec. "Alors vous êtes le genre de femme qui se comporte comme telle, mais qui boit et fume comme un homme. Vous avez une frustration quant à votre position ? Un besoin de vous affirmer ? Quelque chose à revendiquer ?"

Mon visage blêmit aussitôt. Il m'attaquait. Il ne me draguait pas et ne cherchait pas à me séduire.

Je glissai à nouveau le liquide entre mes lèvres. J'hésitais à le lui jeter au visage, mais c'était bien trop prévisible. "Si vous cherchez à me mettre hors de moi pour trouver une faille afin de vous immiscer, vous risquez d'attendre longtemps. Je suis avocate, faire perdre les moyens à la partie adverse pour mener l'affaire, je connais et je maîtrise. " Je gardais les yeux sur les convives, ne lui accordant aucun regard. J'étais énervée, j'avais envie de lui montrer à qui il s'attaquait, mais c'était mon ego qui parlait. J'étais plus maligne, et je devais me tenir au plan. Douce, élégante, tout ce qui n'éveillerait aucun soupçon.

"Intéressant. Alors vous êtes avocate ... quelle est votre spécialisation ?" dit-il.

Je dévie alors le regard afin de le fixer.

"Devinez, si vous êtes aussi sûr de vous. Vous ne devriez pas avoir beaucoup de difficulté à trouver ce qui me fait vibrer." Depuis le début, il affichait un visage confiant, mais là, je fis face à de la surprise. Il se reprit aussitôt. Il était franc et direct, mais j'étais imprévisible. Il se rapprocha, ses lèvres étaient proches des miennes. Son souffle s'immisçait en moi. L'odeur de cognac venait s'imprégner sur ma peau.

"À votre façon de vous tenir, au type de vêtement que vous portez et à la façon dont vous vous exprimez, je pencherai pour le droit social."

Je n'arrivais pas à distinguer si il y avait du dédain.

"Qu'est-ce qui vous fait penser ça ?"

Surtout qu'il avait tort.

"La robe est sublime. Mais elle n'est pas à votre taille, c'est sûr. Vous permettez ?" Je n'ai pas le temps de protester qu'il saisit ma robe avec fermeté. "C'est du sur mesure donc soit vous êtes dans le social parce que vous êtes du genre à sauver la veuve et l'orphelin... soit vous êtes dans le droit des affaires, mais vous n'êtes pas bonne." Je tente de m'extirper mais il me tire brusquement à lui. Un chaleur m'envahit, colère, pouvoir et provocation. "Sinon, vous auriez eu les moyens d'enfiler une robe qui vous cintrerait parfaitement la taille et épouserait merveilleusement vos courbes." Il joignait ses mains à ma taille, réduisant encore un peu plus l'écart entre nos deux corps.

C'en était trop. La proximité me permit de murmurer à son oreille.

"Votre technique d'approche a du succès ? Insulter une femme et la rabaisser, ça vous donne confiance ? Vous êtes le genre d'homme qui cache en réalité un petit garçon en manque d'affirmation et d'assurance ?" Un frisson transparaît sur sa peau hâlée. Oui j'ai du mordant. Je n'arrive pas à retenir ma rage. J'enfonce mes mains dans les siennes pour me retirer de son étreinte.

Mais ce dernier maintient sa position. J'échappe un gémissement de frustration.

"Pourquoi ?"

J'avais les ongles plantés dans sa peau et j'espérais d'ailleurs qu'il en souffrait.

" Pourquoi vous vous sentez autant concernées par ce que je viens de vous dire ? Vous vous braquez alors que vous savez pourtant que tout ce que je dis est faux."

Sauf la robe, il avait raison.

"Non, je ne fais dans le social, connard. Je suis affairiste, et je suis très bonne dans ce que je fais, sinon je n'aurais pas les moyens de vivre à Manhattan."

Il ria. Certaines personnes l'entendirent et dévirent leurs attentions sur nous intriguées.

"Vous mordez, c'est bien ce que je sentais. Mon intuition me trompe rarement." Ses mains sont sanglées autour de mes hanches sans aucun moyen pour moi de m'échapper.

"Je n'ai aucun doute que vous êtes très bonne dans tout ce qui vous fait vibrer." me murmure-t-il, le souffle de ses lèvres frôlant mon cou. "Ce que je me demande, c'est comment se fait-il qu'une femme comme vous se trouve ici dans un village français alors qu'elle vit sur Manhattan?"

Sa prise se relâche d'un coup et un courant d'air froid passe. Il finit son verre d'une traite et pose son masque sur son visage.

"J'ai été ravi de vous rencontrer, je suis certain qu'on va se revoir très bientôt."

J'étais désorientée. Il venait de recueillir des informations sur moi. Beaucoup trop. Il me fit signe de tête et disparut.

Il ne fut que quelques secondes pour que Delgado arrive.

"Alors ?! Ça avait l'air hot ! Cet homme est canon." me confie Valeria.

"Je viens de griller ma couverture."

Son visage devient blême.

"Tu déconnes ?"

ABDIQUEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant