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2018

La fille est minuscule. Quel âge a-t-elle ? Je la tire à la lumière pour l'observer attentivement. 14 ans? 13 ans?

Je reste comme un con face à elle. Son expression est suppliante.

"Bien joué Roméo!" S'exclame mon frère, Pio. "J'espère qu'il est pas trop assommé qu'on le cuisine un peu... Tiens ..." Il s'arrête devant la pièce et contemple la fille avec surprise. "Des serflex!? C'est pas ton genre de ligoter les gens avec ça!"

Je ne l'écoute pas et sors un couteau de ma poche.

Elle sursaute quand je fais sortir la lame. 

J'effleure la peau de ses poignets avec et fais céder les câbles en plastique pour liberer ses mains. Elle les ramène contre son coeur et les frotte machinalement.

Merde.

La chair de ses bras est complètement bousillée. Elle est rouge, enflée, on aperçoit du sang par endroit. Mon regard remonte le long de ses bras. Elle est couverte de bleus. A n'en pas douter, sa mâchoire sera bleue du coup qu'il a assène quelques minutes plus tôt. Elle est assise au milieu du lit, mi-ebetee, mi- affolée. Depuis combien de temps dure son calvaire?

Je retire ma veste et la passe sur ses épaules.

"Sois calme et tu pourras quitter cette maison dans quelques minutes, tu as ma parole. Tu sais où il cache son fric?"

Elle fait oui de la tête et se lève.

Je pense que je dois la suivre. On croise mes cousins et mes gars qui hallucinent de l'apparition.
Elle m'entraîne jusqu'à la cuisine et me montre une vieille horloge en plastique dégueulasse.

Je la tourne et vois apparaître une petite porte de coffre fort.

"Il y a mes papiers aussi dedans..." Et elle attend à côté de moi.

"Tu connais le code?"

Elle fait non de la tête..
Elle est la, debout à côté de moi sans oser me regarder. Attendant juste que je lui donne le feu vert pour se barrer. En même temps, mon cousin Gianni se tient dans l'embrasure de la porte alors elle ne risque pas d'aller loin.

"Gianni. Gère ça."

"Il y a les tableaux aussi... Et des sculptures. Et des vases mao." Elle passe de pièce en pièce et montre tout ce qui lui semble digne d'intérêt. C'est complètement délirant.

Une fois qu'on a fait le tour de la maison, on redescend et on croise son"père" attaché à un radiateur, en train de se faire boxer par Pio.

"Sylvia..." Supplie le vieillard. Elle presse les mains contre sa poitrine et ses yeux sont de nouveau plein de larmes.

"Laissez moi partir. C'est tout ce que je demande" dit elle en baissant la tete

"Sylvia !!!"

Elle lui jette un regard noir et je vois une larme dévaler sa joue. Pauvre gosse.

Série: Mafia. Tome 2. LibreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant