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2019

"Romeo! Les batesti veulent venir voir les armes demain, ils veulent que tu sois là"

"Rappelle-les. Soit c'est sans moi, soit c'est un autre jour. Mon père a envoyé Giulia en stage linguistique en Angleterre et elle a foutu la merde là bas. Je dois y aller avec mon père pour la récupérer"

"Qu'est ce qu'elle a fait encore?"

"Elle a eclaté un tabouret sur la tête d'un type"

Gianni reste quoit en me regardant.

"Elle a fait quoi?"

"Elle a éclaté un tabouret sur..."

"Non mais j'ai bien compris mais qu'est ce qui lui est encore passé par la tête?"

Je hausse les épaules. C'est Giulia. Ce n'est pas sa première incartade. Elle est rarement sans la surveillance de mon père, de Pio ou de la mienne car elle vrille assez vite. Néanmoins, elle reste la chouchoute toutes catégories confondues de ma famille qui lui pardonne absolument tout.

Mon père sort de la villa au même instant et nous fait un signe. Il a obtenu sa garde officiellement un an plus tôt, à coups de pot de vin et doit donc être présent pour la récupérer. Moi je suis présent pour lui mettre la pression, parce qu'autant elle adore mon père et se jette à son cou à tout bout de champs, autant elle me craint comme la peste. Je suis le seul capable de la cadrer un temps soit peu.

"Tu viens?" Me fait il.

"Allons chercher ta créature démoniaque !" Je réponds et il lève les yeux au ciel. Je ne sais pas ce qu'il a, avec elle, mais c'est vraiment viscéral leur passion commune.

Mon père et moi travaillons dans l'avion qui nous emmène à Londres, vérifiant nos comptes et nos investissements.

Un taxi nous attend pour nous emmener au commissariat central où elle nous attend.

On nous amène dans un bureau où elle nous attend. Enfin nous attendre ...

Elle fixe l'officier de police, le regard noir. Ça fait deux mois que je ne l'avais pas vue, et je suis choqué de la redécouvrir.
Ses longs cheveux blonds balayent ses reins, denudés car elle porte un crop top blanc taché de sang, tendu sur une poitrine rebondie, un short en jean qui moule une paire de fesses parfaites et des baskets blanches, elles aussi tachées.

Elle lui répond avec insolence et le fixe l'air mauvais. Quand mon père pousse la porte, son comportement change radicalement. Elle redevient une fillette et se jette à son cou en pleurnichant.

"Zio! (Tonton!) Sors moi de là ! Je n'ai fait que me défendre!!"

"Raconte moi tout mon petit!"

Elle regarde par dessus son épaule et m'aperçoit. Elle grimace puis vient se pelotonner contre mon père, même si elle est retenue par des menottes.

"Retirez lui ça" je fais en désignant les bracelets métalliques.

"C'est une mesure de sécurité car.."

"Je ne veux rien savoir, c'est une mineure, et pas une meurtrière"

"C'est qu'elle a attaqué des officiers qui..."

Elle fait les yeux doux à mon père pendant tout ce temps. Quel phénomène !

"Elle n'attaquera plus personne. Maintenant détachez là. Giulia. Assise."

Elle suit mon ordre et tend les bras pour être détachée. L'officier s'exécute. Mon père s'assoit à côté d'elle.

"Bien. Qu'as tu fait?" Je dis en posant les mains sur ses épaules, derrière elle.

"Je suis allée me promener avec mes copines du centre de formation au bord de la Tamise. Il y avait une sorte de guinguette. Ô zio, c'était charmant, tu aurais adoré le cadre!" Dit elle en offrant un sourire enjôleur à mon père. Je presse son épaule et elle se tasse sur sa chaise.

"Et ensuite?"

"Il y avait un groupe de garçons... Ils sont venus discuter avec nous, mais ils ont compris qu'on était étrangère et ils s'amusaient à nous parler gentiment et nous insulter en même temps... Mais tu sais zio, avec l'excellent précepteur que tu m'as payé moi je comprenais tout!" Ajouta-t-elle en battant des cils.

"Tu es tellement brillante mon trésor"

Elle enroule son bras autour du sien et pose sa tête sur son épaule. Et voilà, c'est comme ça qu'elle échappe à toutes ses punitions... Elle l'a enroulé autour de son petit doigt.

"Ensuite?" Je dis, en pressant de nouveau son épaule.

"Un garçon a emmené danser mon amie même si je l'ai prévenue qu'il n'était pas correct. Je suis restée dans mon coin, je le promets! Mais ils sont venus vers moi et ils étaient insistants! J'ai été gentille jusque là ! Je le promets ! Et puis... Et puis..."

Je sens qu'elle se contracte. Il est là, le trop plein qui l'a fait vriller. Je le sens. Et je me doute de ce qu'il s'est passé. Un geste de trop, un geste non consenti sans aucun doute...

"Il m'a mis la main aux fesses!"

"Je n'ai jamais vu une gamine de cette taille mettre un gamin de dix-huit ans et d'un mètre quatre-vingt dans un état pareil! Elle l'a massacré à coups de tabouret!" Commente l'officier de police.

"Dans quel état est-il?"

"Hospitalisé. Des fractures, des plaies, un oeil abimé"

"Bene" répond mon père, en lui faisant un clin d'oeil et un air de soulagement passe sur son visage. Évidemment.

"Bien. L'affaire est entendue. Agression sexuelle sur une mineure de moins de seize ans qui s'est defendue, que fait-on encore là?"

"Les parents du gosse veulent porter plainte"

Mon père part d'un grand éclat de rire.

"Leurs noms?"

"Je ne peux pas vous dire car..."

"Je vais régler l'affaire moi même" je préviens le flic "filez moi leurs noms et adresses et je m'occupe du reste"

"Secret de l'instruction monsieur"

"Monsieur et madame Cameron. 117 Bakerstreet, Londres. Il est à l'hôpital central, au service des traumas" répond Giulia, un sourire triomphant sur le visage. Je vois qu'elle a fouiné pendant qu'elle était attachée à sa chaise...

"Bene Giulia. Papa, reste donc avec le petit monstre. Je passerai vous récupérer dans quelques instants"

"Monsieur, vous ne pouvez pas...'' mais j'ai déjà claqué la porte. Ça va être un massacre.

Série: Mafia. Tome 2. LibreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant