Jour 5

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Réveil de bonne heure, je n'ai pas très bien dormi.

Je me suis douché, maquillé, habillé avant qu'il soit 8h. C'est très rare quand il m'arrive de faire ça.

C'est la première fois depuis longtemps que je me maquille par envie et non par "obligation". Ce que j'appelle obligation, c'est la dernière fois que je suis allé à l'école, pour paraître moins triste, moins fatiguée. Et sinon encore avant ça, c'était à Noël, avec une envie mélangée à une obligation parce que "c'est la fête".

Passons, j'ai fini mes ongles. Je me sens belle, je me sens moi. Et putain ! Que ça fait du bien de prendre soin de soi.

Je travaille sur mon carnet de références, je suis presque prête pour mon oral qui a lieu lundi. Je ne suis pas très stressée, et j'en suis reconnaissante aux médicaments de faire leurs effets. Ce week-end, je le sens bien, je veux me chouchouter.

Dans l'après midi je m'installe dans le salon pour travailler un peu, je me mets toujours à l'écart ici, soit je suis trop bizarre soit pas assez. C'est du mépris de ma part de nommer les groupes ici, mais bon, j'ai le droit de penser ce que je veux. Donc, ici dans l'unité psychiatrique ou je vis en ce moment, il y a 4 sortes de groupe. 

Les gens lambda, dont je pense en faire partie. Discret, parle et bouge correctement. On ne croirait pas vraiment qu'ils ont un problème ou encore ce qu'ils font là.

Les vieux, on ne sait pas si ils sont là parce qu'ils sont vieux et séniles ou parce qu'ils ont un problème, ou bien encore pour certains on se demande vraiment si ce n'est pas parce qu'il n'y pas de place en EHPAD.

Les déranger du ciboulot, ceux-la tu ne peux même pas parler avec eux. A tel point qu'ils ne te comprenne pas quand tu leur parle, ou que toi-même tu ne comprennes pas. En faite, c'est carrément un autre dialecte ici.

Et enfin, j'ai nommée les cassos. Eux, ils sont là souvent à cause d'addictions. Sans jugement de ma part, on est tous ici pour quelque chose. Mais eux ils sont méprisants avec le personnel soignant, font exprès de faire chier tout le monde parce que ça leur fait plaisir. C'est pour ça que je les appelle ainsi.

Enfin bref, on a tous un petit truc en plus de toute façon. Mais bizarrement j'ai l'impression que je n'arrive pas à me mêler aux autres, ce n'est sûrement pas le lieu le plus adapté de toute façon pour créer des liens. Mais ne serait-ce que parler à quelqu'un d'autre qu'à des infirmiers qui font simplement leur travail. Ce serait sympa.

Pendant que je travaillais dans le salon, le petit papy qui m'avait appelé princesse a fait sans mentir plus de 20 fois le tour de la pièce en tournant en rond. Il m'a pas mal déconcentrée, je dois avouer. Donc je suis partie me balader dans le parc de l'hôpital.

Je suis donc sorti en direction de la cafétéria, bon quand je suis arrivée j'étais hyper déçu parce que c'était simplement des distributeurs automatiques. Je me suis pris un Coca Cherry ma boisson favorite quand il n'y a pas de limonade et un Kinder Bueno. Un monsieur bizarre était là, quand je dis bizarre oui, c'est un hôpital psychiatrique on se sait. Mais là il était hyper flippant, il voulait à tout prix deux euros et avait plein de morve qui coulait de son nez. Il y a même une goutte qui a failli tomber sur mon Kinder Bueno. Beurk !

Je suis ensuite rentrée pour continuer cette routine infernale. L'infirmier de nuit est passé vérifier si ma fenêtre était bien fermée, il a vu en passant que je jouais à The Binding of Isaac. Quand j'ai été prendre mes médicaments au coucher, on en a parlé un peu, c'était sympa.

Petite verveine et au dodo.

PS: Vous saviez que dire petite devant tout, c'est typiquement français ? Bisou

Le Monstre bleu qui mange les âmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant