Vincent

20 1 0
                                    

Le lendemain matin, je regarde Ella. Elle est emmitouflée dans la couette. J'ai à peine fermé l'œil. Je n'ai pas arrêté de penser à ce que j'avais fait. Je me lève sans faire de bruit, m'habille et descends dans la cuisine. Je me prépare un café et réfléchis à nouveau.

Ella a raison. Il faut que je me fasse aider. Je ne peux pas rester comme ça. Et je ne veux surtout pas que cela se reproduise. J'appelle mon ancien chef pour lui demander si je pouvais avoir un suivi psychologique, mais en dehors de l'établissement. De le voir dans un endroit neutre connu de personne. Il accepte et m'annonce en plus qu'un de mes anciens collègues, John, a pris lui aussi sa retraite. Et que si on le veut, on peut s'appeler et en parler tous les deux. Bien sûr, tout ça le plus discrètement possible. J'ose aussi lui demander si j'avais l'autorisation d'en parler avec Ella. Je lui explique ce que j'avais fait et donc qu'elle avait le droit d'en savoir un peu plus. Il ne parle plus, laisse un long moment sans rien dire puis m'informe que j'avais l'autorisation de lui en parler, mais seulement dans les grandes lignes. Pas question de donner des détails, que ce soit des noms, des dates ou des lieux. Je le remercie aussitôt ensuite, je raccroche. Cela m'ôte un énorme poids. Je vais pouvoir en parler avec elle, comme elle me l'avait demandé.

Je déjeune, la tête dans mes pensées lorsque j'entends du bruit à l'étage. Ella est en train de se lever. Je lui prépare son café. Je sais qu'elle est totalement endormie et qu'il lui faut sa dose de café. Je la vois descendre les escaliers. Elle porte un de mes survêtements, qui est bien trop grand pour elle, ainsi qu'un foulard. Pourquoi un foulard ? Elle doit avoir des marques de mon geste d'hier soir. Elle s'approche, m'embrasse et prend la direction de la cheminée avec son café.

- Tu n'as pas allumé la cheminée ? Dit-elle accroupie devant celle-ci en la préparant pour l'allumer.

Heu... Non, j'ai oublié... Pourquoi ce foulard ? Dis-je.

Parce qu'il fait super froid. Dit-elle en grattant l'allumette et en allumant la cheminée.

Ella... Retire ce foulard. Dis-je un peu froidement.

Tu es fou, il fait trop froid. Dit-elle.

Ella... Retire ce putain de foulard ! Dis-je en criant.

Elle sursaute. Je lui ai fait peur. Elle refuse et accélère le pas en direction des escaliers. Arrivée à mi-chemin de ceux-ci, je l'attrape par la main, l'arrête et la retourne pour qu'elle me fasse face. Elle sursaute à nouveau.

- Je suis désolé. Mais s'il te plaît Ella, retire ce foulard. Dis-je plus calmement.

Elle ne bouge pas et m'évite du regard. Je lui ôte doucement le foulard et vois les marques d'horreurs que je lui ai faites.

- Oh putain Ella... Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Dis-je en passant la main dans mes cheveux.

Elle ne me répond toujours pas même si je vois qu'elle voudrait me dire quelque chose. Mais à mon avis, elle ne sait pas quoi dire et évite toujours mon regard. Je suis totalement bouleversé et énervé. Je n'arrête pas de bouger jusqu'à ce que je mette un coup de poing dans le mur de la montée d'escalier.

- Non ! Crie-t-elle. Arrête de faire ça. Dit-elle en me prenant les mains. Arrête de te faire du mal.

- Mais Ella, t'as vu ton coup ? Et c'est moi qui ai fait ça.

- Ne dis pas ça. Ce n'est pas ta faute. C'est la faute de toutes tes missions qui t'ont perturbé.

On s'assoit sur les marches. Elle, tenant toujours mes mains.

- Tu pourras dire tout ce que tu veux, mais ce sont mes mains qui étaient sur ton coup... Dis-je.

On en a parlé hier, je pensais que c'était réglé. Dit-elle.

Ça l'était jusqu'à ce que je voie ton cou.

- C'est pour ça que je l'avais caché. Je ne voulais pas que tu le voies dès le réveil.

- Tu comptais me le cacher combien de temps ?

- Au moins pendant quelques heures, le temps qu'on en reparle un peu. As-tu réfléchi un peu à ce qu'on s'est dit hier ?

- Oui... J'ai appelé mon ancien chef et il a accepté que je vois un psychologue dans un endroit neutre. Il m'a aussi dit qu'un de mes collègues avait pris sa retraite et que je pouvais en parler avec lui.

- C'est génial ! Ça te fera du bien d'en parler avec des gens qui ont connu tout ça.

- Et... Je leur ai demandé si je pouvais en parler avec toi.

- Et ?

- Ils ont accepté. J'ai le droit d'en parler avec toi, mais pas en entrant dans les détails. Juste les grandes lignes.

- D'accord. D'accord. Dit-elle un peu perdue. OK... On en parlera quand tu te sentiras prêt.

- Je te remercie.

- Hé... Je t'aime. Dit-elle en mettant sa main sur ma joue et en me fixant du regard.

Je sais... Moi aussi, je t'aime.

Puis, elle vient déposer un baiser sur mes lèvres. J'aime quand elle m'embrasse, mais mes yeux n'arrivent pas à quitter son cou. Elle soulève mon visage et m'embrasse à nouveau. Ses lèvres ne quittent pas les miennes jusqu'à ce que nos bouches s'entrouvrent et que ma langue cherche la sienne. Nos baisers sont de plus en plus fougueux. Je l'attrape et la place sur mes cuisses. Ses mains glacées viennent se coller sous mon sweat-shirt et les miennes sous le sien. Je ne sais pour quelle raison, mais à chaque fois qu'elle m'embrasse comme ça, ça m'excite et je n'ai qu'une envie, lui faire l'amour.

Nos langues se cherchent encore plus. Une main sous son sweat-shirt et l'autre derrière sa nuque. Nos baisers sont totalement ardents, lorsqu'on est interrompu. J'entends parler.

- Heu... Désolé... Je crois qu'on n'aurait pas dû rentrer. Dit Grégoire.

Ella et moi, nous nous regardons avec beaucoup de frustration et rions en même temps. Nous descendons les escaliers pour aller les voir.

- On est désolé. Mais on a frappé et sonné. Vous n'avez pas dû nous entendre et on peut comprendre pourquoi. Dit Grégoire éclatant de rire. En temps normal, je ne serais pas rentré, mais Carine voulait déposer ces catalogues de mariage pour Ella.

- Je te remercie, c'est vrai que l'on n'a pas beaucoup de temps pour préparer tout ça. Dit Ella.

Qu'as-tu au cou ? Dit Carine à Ella.

Un grand blanc s'installe. Comment leur expliquer ces marques que je lui ai faites. Je regarde Grégoire, qui me regarde avec un regard questionneur et accusateur. À peine ai-je ouvert la bouche, qu'Ella commence à parler.

- Je sais à quoi tu penses Grégoire, mais tu peux oublier ça tout de suite. Ce n'est pas du tout ce que tu crois. S'exclame Ella.

Décidément, ce petit bout de femme m'étonnera toujours.

- Venez, on va s'installer, prendre un café et on va tout vous expliquer.

Je ne sais pas ce qu'elle a dans la tête et j'aurais bien aimé le savoir avant de se lancer dans des explications. Pendant qu'Ella est à la cuisine avec Grégoire, je vais remettre du bois dans le feu. Il fait vraiment pas chaud dans la maison et l'ambiance ne fait que refroidir encore plus la pièce.

Amour difficileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant