Le café du matin
C'est le seul souvenir que tu m'as laissé, le café du matin. Je ne savais pas que de ce café je n'allais plus te voir, je n'allais plus te regarder ni te sentir près de moi. Un matin, à côté de ce café, j'ai lu ta lettre, celle qui ne triche pas, qui dit et ne s'interdit rien, qui prend la parole du cœur et adoucit les peines. Tu l'avais écrite avec le sentiment inachevé d'une relation qui venait de commencer, avec les soucis que tu avais endurés, avec la peine que tu ne pouvais plus retenir et que tu as su coucher sur le papier. Le café du matin m'avait réveillé, car c'est une odeur qui me faisait penser à mon enfance, cette période où j'étais heureux, ou je pouvais croire que tout était possible, ou tout sans exception pouvait se produire. Croire en l'amour, croire aux sentiments nouveaux, croire en une belle relation, celle que l'on rêve, qu'on s'imagine dans les films, celle qui reste dans notre cœur et qui la brise. Le café du matin m'avait soudain fait comprendre que cette relation, je venais de la vivre et je la vivais avec toi, car je t'aime. Tu es parti sans dire au revoir, une pauvre lettre, de pauvres mots, des phrases qui se superposent que je ne voulais pas lire et qui m'attiraient pourtant. Une lettre pour quoi ? Pour qui ? Une lettre pour me faire mal, pour te dégager de tes responsabilités, pour partir sans avoir de regret ni de culpabilité ? Tu as écrit et c'est tout ? Tu n'as que cela à me dire et à m'écrire ? Tu n'as que cela à me prouver, que cela à me cracher à la figure ? Comme du venin qui s'immisce en plein cœur, qui fait mal, qui brise et qui t'empoisonne. Tu as réussi en un instant à me faire croire que la noirceur d'une relation existait, tu m'as convaincu que j'allais être et devenir fermé à l'amour, à jamais, tu m'as donné envie de ne plus croire au café du matin, seule chose qui me faisait du bien et qui me donnait envie de croquer une journée à pleine dent. Alors j'ai pris ce café, je l'ai jeté par la fenêtre comme on jette un sentiment, une rencontre, une complicité. Je l'ai jeté loin pour ne pas qu'il revienne, pour ne pas qu'il me salisse à nouveau, pour ne pas qu'il se distille dans mes veines, dans mon corps, comme tu as pu si bien le faire. J'ai regardé ce matin qui se levait et qui voulait me transmettre un message, j'ai voulu l'écouter, j'ai voulu en apprendre davantage, j'ai voulu simplement découvrir ce que voulait dire ce matin ; et j'ai compris ce message, ce message noir et profond, ce message glacial et triste, il me disait tout simplement de ces mots tout bas, il me disait, Bonjour Tristesse.
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Instants de vie
PoetryLa vie nous offre des instants, des instants de vie. Difficile d'y mettre un mot sur ce que l'on ressent quand on savoure ces moments, ces éclats. Instants de vie est un recueil de nouvelles qui plonge le lecteur dans ses sentiments, dans ses resse...