La Forêt

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La forêt

La forêt marchait devant moi et s'étendait vers un chemin inconnu que j'avais bien entendu envie de connaître et qui s'ouvrait à moi comme pour me donner l'espoir d'un avenir meilleur et radieux. Je regardais ailleurs et tourné vers l'idée seul que je pouvais ressentir la voix de la réussite. J'avais imaginé ce moment depuis longtemps, dans mes pensées, mes rêves, mes envies mais je n'avais eu la force de marcher aussi loin pour atteindre un but, l'objectif d'une vie, la volonté d'une renaissance. J'ai entendu le message des oiseaux et j'ai ressenti cette résonnance dans mon corps, qui me faisait croire que j'étais au bon endroit, au bon moment. J'ai enfin pu lâcher prise et prendre conscience que la vie pouvait être injuste parfois mais qu'elle avait cette force de nous pardonner de nos erreurs, de tout effacer, de nous donner la chance de renaitre. Alors j'ai marché sans savoir où j'allais, j'ai marché parce que je ne voulais plus rester immobile, je voulais rencontrer la nature, ma nature, mon être et mes sens, je voulais en quelque sorte me reconnecter à moi-même, je voulais croire tout simplement en moi. J'ai marché et j'ai pleuré, je voulais évacuer les souffrances d'un passé douloureux, de cette prison que je venais de me fabriquer avec minutie sans vouloir en sortir. J'ai marché et j'ai vu que le sol répondait à mes pas, que le vent répondait à mon souffle et que la nature me donnait cette énergie que je ne connaissais pas et qui me faisait du bien. J'ai accepté avec bonheur et reconnaissance ce don de la nature qui venait de naître, j'allais éclore une nouvelle fois, pour devenir moi, pour devenir une fleur belle et non fanée, j'allais tout simplement prouver au monde que tout était possible, tout était envisageable, tout était une question de volonté et d'énergie, que le temps était un allié et non un ennemi et qu'il fallait qu'on s'apprivoise l'un et l'autre afin d'être tout simplement ami. Ami avec soi, avec moi, avec les autres, avec le monde extérieur mais ami tout simplement. Je marchais et je commençais à esquisser un sourire, un rire même, je riais et je pleurais en même temps, les sensations se mélangeaient, se tourmentaient et dansaient autour de moi, enfin je comprenais un message, enfin j'entendais mes sens et mes émotions, enfin je me connectais avec moi-même avec douceur et bienveillance. La forêt était devenue familière, elle m'accompagnait avec force vers un chemin qui commençait à y dévoiler ses contours. Elle me donnait la main, elle me caressait de son souffle et de ses herbes hautes, elle craquait ses feuilles comme on déchire un passé douloureux et tortueux, elle se permettait même de chanter avec moi, le chant des oiseaux était devenu musicale et apaisant. J'avais enfin compris où j'étais et pourquoi j'y étais. Alors je me suis assis au milieu des feuilles, des herbes, des chants, des arbres, des fleurs et des rivières, je me suis assis et je suis resté silencieux. J'ai apprécié le moment présent, cet instant de vie qui te fais croire que tout est devenu enfin possible, que tout peut se transformer, que tout peut danser autour de soi, que tout peut être accompli quand on croit en nous et en l'autre. J'ai regardé le ciel couvert de ces feuilles qui me transmettait le message de ne jamais laisser tomber, de toujours croire qu'il y a plus grand que nous et que ce plus grand peut nous aider à trouver les réponses aux questions que nous nous posons trop souvent. Je suis resté silencieux, reconnaissant et apaisé. Sans m'en apercevoir la nuit commençait sagement à se poser et la forêt m'inviter à partir et à rentrer chez moi avec cette volonté que j'avais enfin retrouvé. Je suis rentré avec le sourire, avec cette sensation que le monde était subitement devenu différent mais beau. J'avais su comprendre, apprendre et accepter pour voir différemment. Je suis rentré chez moi et tout le monde m'attendait, mes chaises, ma table, mon miroir, ma vaisselle, ils m'attendaient avec le sourire, ils avaient compris eux aussi. Ils avaient saisi cet instant de vie que je venais de ressentir. Et sans prévenir, sans avoir jamais pris la peine d'y penser, j'ai pris mon stylo et cette feuille blanche et j'ai écrit pour me souvenir, pour laisser une trace et surtout pour ne jamais oublier. Ecrire pour dire et non s'interdire, écrire pour rêver et déceler ces moments de vie que nous ne comprenons pas forcément le sens, écrire pour exister. J'ai su que j'avais fini mon récit quand j'ai versé une larme sur ce papier comme pour m'indiquer que tout était terminé, cette larme était la signature du passé, mon sourire était celle du présent et sans pouvoir dire un mot, une feuille venue de cette fenêtre s'est posée sur mon bureau comme pour me prévenir de ne jamais oublier et de me rappeler que la forêt ne sera jamais très loin pour guérir mes cicatrices.

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