Chapitre 2 : Rouge sang et trous noirs

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Chapitre 2 : Rouge sang et trous noirs

Sur les quais, Mad Dog avait été comme les autres, arrogant et menteur, prêt à tout. Il avait attaché le petit garçon de six ans avec une corde et l'avait suspendu à près de dix mètres du sol. Le gosse, épouvanté, n'essayait même pas de se débattre ou de retenir ses larmes. Et puis, tout en riant sous cape, Mad Dog avait coupé la corde, forçant Kaori à se jeter en avant pour rattraper le petit. Ainsi, elle s'était placée directement dans la ligne de mire du complice de Mad Dog. Car oui, ce salop avait un allié.

— À toi de jouer ! avait crié Mad Dog.

Il avait bien ajouté un surnom mais Kaori l'avait oublié. Ça devait être un pseudonyme insipide et anodin, un Chacal, une Hyène enragée ou tout autre animal fourbe. Et tout s'était ensuite passé très vite.

Le complice avait fait feu. Ryo l'avait neutralisé... mais trop tard. Il avait perdu du temps en s'élançant dans la direction de Kaori pour la heurter de plein fouet et la projeter au sol. Si la jeune femme et le gosse étaient hors d'atteinte, si le Complice était neutralisé, il n'en était pas de même du Chien Fou qui en avait profité pour ajuster son tir. Ryo avait été à une portée raisonnable pour un tireur expérimenté ; ce qu'il était. Et il avait réussi ... Il avait réussi à frôler la tempe du grand City Hunter. Ryo avait été stoppé net, heurté de plein fouet par la douleur et la surprise.

Mad Dog était sur le point de laisser exploser sa joie quand Ryo avait tiré, l'atteignant à la main. L'ennemi avait d'abord hurlé mais avait ensuite continué à jubiler : saisissant simplement une autre arme de sa main valide. Il allait armer le chien, Ryo, dans la ligne de mire... À ce moment, Mick avait surgi de nulle part et lui avait réglé son compte grâce à un lancer de poignard d'une redoutable précision. Et le sourire fou du Chien avait été fixé pour l'éternité d'une lame entre les deux yeux.

Mais, pendant ce temps, Ryo était tombé, comme au ralenti, les yeux tournés vers Kaori, encore surpris d'avoir été aussi facilement touché. Tétanisée, agrippée au petit garçon évanoui, la jeune femme s'était entendue hurler le nom de son partenaire. Elle l'avait regardé glisser en arrière, impuissante. Alors qu'elle pensait qu'il allait se redresser, comme à son habitude, pour reprendre son équilibre, soudain, elle avait vu les yeux de Ryo se révulser et il avait continué à s'effondrer, encore et encore, tel un pantin vide et inerte. Avec horreur, Kaori avait entendu un bruit sourd qui avait résonné dans tout l'entrepôt : la tête de Ryo venait de heurter une caisse en métal sans que personne ait pu faire quoique ce soit.

Comment ça a pu arriver ?

Les mains de Kaori caressèrent le visage de l'homme qu'elle aimait tant et elles se couvrirent de sang. Un sang rouge foncé, poisseux, collant et chaud. Écœurant. Elle se défit de sa veste et la passa sous la tête de Ryo, n'osant cependant pas trop appuyer. On lui l'avait toujours dit de ne pas bouger un blessé au crâne et là... Déjà qu'elle et Mick l'avaient un peu malmené en le chargeant à l'arrière de la voiture...

Et si ? Et s'ils avaient fait le mauvais choix ?

Non, ils n'auraient pas pu le laisser dans cet entrepôt et appeler les secours, au risque de devoir expliquer leur présence sur le port au milieu de la nuit, avec des armes à feu, un blessé et deux cadavres. Non... Ils avaient fait ce qu'il fallait mais...

Pourvu que ...

Elle préféra ne pas aller au bout de cette pensée et, immédiatement, les mots revinrent percuter sa conscience : comment ça a pu arriver ? Comment passer de l'instant où il lui avait dit ces mots qu'elle attendait depuis si longtemps à... à... à ça ?

Pour la première fois, elle réalisa qu'avec tous les risques qu'il prenait, elle serait peut-être un jour amenée à vivre sans lui. Elle supplia à voix basse, joignant à nouveau ses mains autour des doigts de Ryo dans une prière murmurée pour lui seul :

Ramène-moi ! (version 2.0)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant