Chapitre un

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1.

Présent


J'entends Antonio pouffer de rire quand il m'aperçoit à travers le miroir de ma chambre.

-Ils aiment vraiment sexualiser les filles dans ton lycée.

Je ne réponds pas à sa remarque puis tente au mieux d'enlever les plies de ma jupe trop courte.

J'observe mon état dans le miroir.

Une jupe bleue marine, une chemise blanche, légèrement ouverte pour qu'on puisse y observer mon pendentif doré. Puis mes grandes chaussettes ainsi que mes mocassins noirs.

-T'es lunettes. Me dit mon frère, toujours dans mon dos.

Je hais mon visage avec ses foutues lunettes. Je sais qu'elles me vont bien, mais je passe pour une pute. Et j'en ai marre qu'on pense que je ressemble à Mia Khalifa simplement parce que j'ai des putains de lunettes sur le nez.

Toutes les filles dans mon lycée qui ont des problèmes de vus portent des lentilles correctrices. Elles trouvent que les lunettes font ringard et que c'est une honte d'en porter.

La main de mon frère entre dans mon champ de vision, il me les tend.

Cette image me rappelle de trop mauvais souvenirs.

Je les saisis avec fermeté puis les places sur mon nez.
Elles sont grandes, elles s'accordent parfaitement à mon visage fin. Elles ont un dégradé marron et beige, elles me font penser aux couleurs de l'automne. Apparemment ça va bien avec ma personnalité.

Ce sont les paroles de mon frère.

Moi je n'en sais rien.

Enfaite je n'en ai surtout rien à foutre.

Sa main passe délicatement sur mon crâne alors qu'il me sourit à travers le miroir.
-Aller, tu vas être en retard pour ta rentrée. Dégage crevette.

Je souris face à son sarcasme puis saisit mon sac à main vintage noir ainsi que mon casque JBL de la même couleur avant de quitter ma chambre.

Je patiente à mon arrêt de bus alors que le léger vent frais se faufile entre mes jambes fines.

Aujourd'hui, en ce cinq septembres il fait plutôt beau, le soleil se lève et le ciel est rose. Et j'adore ça, mais je ne l'exprime pas.

Je sors de mes pensées quand j'entends un moteur ralentir au loin.

Le bus.

Lorsqu'il s'arrête et ouvre ses portes, je monte calmement en tenant fermement mon sac tout en disant bonjour au chauffeur.

Je l'aime bien ce chauffeur, ça fait deux ans qu'il emmène les élèves du lycée Francesco Durante jusque leur établissement et son sourire l'accompagne toujours.

Je prends place côté fenêtre, j'ai bien de la chance car c'est les dernières places disponibles. Et je sais que la prochaine personne à monter sera ma meilleure amie, Loriana. Elle habite quelques quartiers plus loin et prend la même ligne de bus que moi.

Nous n'avons jamais eu la chance d'être dans la même classe car elle est d'une année plus jeune que moi.
Alors elle entame sa quatrième année de lycée et moi ma dernière, donc la cinquième.
Et je ne sais pas si je me sens enthousiaste à ça.

La plupart des élèves de mon lycée le sont, car ils n'en peuvent plus de voir toujours les mêmes têtes. A part quand il est question de repérer les plus jeunes qui entrent au lycée. Ça, ça les captives grandement.

Cherry AngelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant