Partie 6

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Je m'assis sur le canapé, pour chercher une raison valable à son départ, la tête dans les mains. En relevant la tête, je vis un papier sur la table. Il m'avait laissé un mot ! De son écriture maladroite il m'avait écrit :

« Emilie, arrête de t'inquiéter, je rentre bientôt. J'ai juste un truc à régler. Tu n'auras même pas le temps de dire ouf que je serais déjà là ! Bisous

Le meilleur des Peter »

Visiblement il s'était trompé ! J'étais là, seule dans le salon, à m'inquiéter pour lui sans même savoir où il était. Et j'avais beau répéter « ouf » en boucle il ne revenait pas. Et si Peter avait décidé de tuer le monstre ? Et s'il avait voulu nous défendre, nous protéger tout seul ? Je n'aurais pas dû le laisser dans le salon hier. J'aurais dû le traîner de force dans la chambre, rectification, j'aurais dû le persuader d'aller se coucher. Je n'aurais pas vraiment pu le traîner de force, je l'aurais peut être poussé sur quelques centimètres tout au plus. Mais contrairement à moi, cette chose dehors, semblait avoir assez de force pour prendre le dessus sur Peter. Oh mon Dieu ! Et si Peter était mort ? Et si cette bête l'avait attaqué sans qu'il ne puisse se défendre ? Et si elle l'avait lacéré avec ses griffes ? Je ne veux pas, je ne veux pas, je ne peux pas. Qu'est ce que je ferais sans lui ?

Peut-être est-il en ce moment même en train d'agoniser. Je tremble, je suis en train de faire une crise de panique. Je repense à la phrase que j'ai lue hier dans mon roman. La toute dernière phrase, prononcée par l'héroïne qui venait de perdre l'amour de sa vie : « Parfois, les personnes qu'on aimerait voir vivre avec nous notre histoire ne restent finalement qu'un chapitre... ». Je ne veux pas perdre Peter, je ne veux pas qu'il ne reste qu'un chapitre. Je veux qu'il vive mon histoire jusqu'à la fin. C'est trop tôt pour le perdre, bien trop tôt. Je pleure, je ne le sens pas mais je vois les larmes couler et tacher le papier. Je voudrais sortir, courir et le trouver mais la peur me paralyse. J'ai l'impression d'être comme au premier jour de la catastrophe, incapable de faire le moindre geste, le moindre mouvement. Je me hais. Je hais l'univers tout entier de tout me prendre, de prendre toutes les choses que j'aime du jour au lendemain sans prévenir. Je hais Peter de vouloir être si protecteur avec nous, de ne pas m'avoir prévenu ou de ne pas m'avoir demandé de venir l'aider.

Soudain, j'entendis un énorme bruit dans l'escalier. Je sursautai et sortit de ma torpeur. Un rat ne pouvait pas faire un tel boucan. Ça ne pouvait être que lui ! Je courus vers la porte et m'arrêta net la main sur la poignée. Peut-être était-ce le monstre ? Il avait tué Peter et venait finir le travail. Non, je devenais paranoïaque. Le bruit recommença une deuxième fois et j'entendis quelqu'un jurer. Peter ! Les monstres ne jurent pas pour autant que je sache. J'ouvris la porte en fracas et le soulagement me fit perdre l'équilibre. Peter était là, devant moi, en train de se battre avec le caddie oublié d'hier. Il l'avait traîné dans les escaliers et avait du mal à la ramener à l'appartement. Possiblement parce que celui-ci était rempli, devait peser une tonne et que nous étions au septième étage. Il était en nage. Il se tourna vers moi, le caddie derrière lui, un sourire penaud sur le visage et me dit :
- Salut ma belle, bien dormi ?

Je restai muette. J'hésitais entre le prendre dans mes bras où bien lui crier dessus. Les deux étaient tentants. Mais heureusement, il n'était visiblement pas parti chasser le monstre...

- Oui bon d'accord j'ai mis un peu plus de temps que prévu mais je pensais pas passer toute la nuit dehors ! Je pensais vraiment rentrer pour dormir.

- Attends, quoi ?! Tu es dehors depuis hier soir !!!

- Heu oui, enfin non. Si c'est oui tu vas me frapper ?

- Mais enfin Peter qu'est ce qu'il t'est passé par la tête ? Tu es devenu fou ?

- Je, je voulais juste nous débarrasser de cette chose...

- Tu aurais pu m'en parler, me prévenir ! Tu aurais pu te faire tuer Peter, tu aurais pu mourir et nous t'aurions perdu et je me serais haï pour le restant de mes jours de t'avoir laissé dans ce stupide salon. Plus jamais tu ne te couches après moi, tu m'entends ? Plus jamais !

- Emilie, calme-toi, pas besoin d'insulter le salon. Je vais bien, je suis en vie et cette chose ne nous embêtera plus.

- Encore heureux que tu ailles bien ! Tu me l'aurais payé sinon.

- Tu as entendu ce que j'ai dit ?

- Que tu es en vie oui, dis-je en m'asseyant dans le canapé.

- Non sur le fait que je me suis occupé du monstre.

- Tu l'as tué ?

- Je pense bien oui. Hier soir j'avais que ça en tête, ça m'obsédait. Puis je me suis souvenu que mon voisin, Carl, avait un fusil. Je suis parti le chercher, j'ai pris des casseroles et je suis descendu.

- Des casseroles ?
Il s'installa à côté de moi, fier de lui.

- Et oui tu m'as bien entendu ! Fallait bien un moyen de l'attirer.

- Ingénieux.

- Je sais, je sais. Et c'est pas tout ! Je me suis d'abord éloigné le plus possible des immeubles. Pour ne pas qu'ils viennent par ici j'ai pris mon vélo et j'ai tambouriné la casserole une fois à bonne distance. Au début j'ai cru que je me fatiguais pour rien qu'il ne viendrait pas. J'étais sur un carrefour, en plein milieu pour tout voir, tu comprends ? et là, qu'est-ce que je vois ?

- Le monstre ? répondis-je en soufflant.

- Bingo ! Il était là à chercher d'où venait le bruit cet idiot. Alors j'ai pris mon fusil, je l'ai visé et PAF j'ai tiré ! Bon, j'ai dû m'y reprendre à plusieurs fois avant de le toucher mais sa tête à exploser, comme une pastèque !

- Beurk épargne moi les détails s'il te plaît Peter ça va me faire gerber.

- Il s'est écroulé, il y avait des bouts de cervelles partout par terre et...

- Peter !

- Bon, bon d'accord j'arrête, me dit-il un grand sourire aux lèvres.

- Pourquoi tu n'es pas rentré après ça ?

- Je voulais d'abord m'assurer qu'il n'y en avait pas d'autres. Du coup, j'ai fait le tour de la ville avec mes casseroles comme appât mais rien n'a bougé. Le problème c'est qu'entre temps je m'étais perdu. Alors j'ai préféré dormir dans un appart avant de retrouver mon chemin à la lumière du jour.

- Puis tu as été chercher le caddie.

- Attends, tu spoiles tout !

- Je spoile pas Peter... Je te rappelle que tu es rentré avec le caddie en question.

- Oui je sais mais j'aime raconter une histoire de A à Z sans qu'on m'interrompe. Alors j'en étais où ? Ah oui la lumière du jour. Bref, il a fait jour, je suis sorti, j'ai suivi les panneaux direction le supermarché, j'ai récupéré le caddie, je suis rentré à l'appart et me voilà !

Je le pris dans mes bras et lui dit :

- C'est fini je ne sors plus les mercredis. Et toi, ne me fais plus jamais ça ! Je t'interdis formellement de ne rester qu'un chapitre !

- Quoi ?

- Nan rien, laisse tomber je me comprends...Je t'aime Peter.

- Moi aussi Emilie, moi aussi.

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(Voilà, j'espère que ça vous a plu ! Merci d'avoir lu jusqu'ici 😘)

La catastrophe Où les histoires vivent. Découvrez maintenant