27 | Désolée

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Le hall de la Maison des Maléfiques n'avait rien à envier à celui de la Maison du Plexus Solaire. C'était presque une réplique, un écho sinistre de l'endroit où j'avais trouvé tant de réconfort et de camaraderie. Pourtant, dans cette version obscure, dépourvue de réceptionnistes accueillantes, les murs ternes et sombres semblaient témoigner d'un mal profond.

Prudemment, je me suis dirigée vers le grand escalier, suffisamment large pour permettre à une dizaine de personnes de passer simultanément. Alors que je descendais, une pensée hantait mon esprit : ces lieux étaient totalement vides, mais tout de même, je m'imposais la discrétion afin de ne pas risquer d'attirer l'attention avant d'avoir trouvé ce que je cherchais.

Une fois en bas des marches, les cachots se sont présentés à moi, familiers et oppressants. J'ai longé les murs à la recherche d'un autre escalier, espérant qu'il mènerait au plus profond de cette demeure maléfique. Cependant, la Maison des Maléfiques, dénuée de ses occupants habituels, paraissait presque plus effrayante que lorsque ses murs résonnaient de présences sinistres.

Au plus profond, m'avait informé Eden. S'il y avait un accès évident, un escalier ou un ascenseur, il m'en aurait informée.

Au plus profond, là, sous mes pieds. Malheureusement, le temps me manquait pour dénicher l'entrée secrète de la Reine. Dans un accès de frustration, j'ai serré le poing et donné un coup violent au sol. Les blocs de pierre se sont brisés, tombant dans un étage inférieur avec mon corps qui suivi le même chemin.

Évitant habilement les gros blocs, j'ai atterri dans un couloir obscur, très légèrement éclairé, du sous-sol. Une simple intersection plus loin, une autre derrière moi.

La Reine aimait manifestement désorienter ses visiteurs. Mais je n'allais pas me laisser perdre dans ce labyrinthe. Fermant les yeux, je me suis concentrée sur les auras qui m'entouraient. À ma grande surprise, une seule se détachait des autres.

Avec une détermination renouvelée, j'ai couru dans cette direction, prenant des virages dans le dédale de couloirs. Rapidement, j'ai trouvé ce que je cherchais. Rune, assise par terre, adossée au mur, son sang formant une macabre toile autour d'elle. Sa tête était inclinée et malgré ses cheveux roses qui retombaient sur son visage, je pouvais percevoir ses yeux fermés.

Rune !

Je l'ai appelée à plusieurs reprises tandis que je courais vers elle. Son corps était froid, mais son essence de vie vacillante était toujours perceptible.

Je me mis immédiatement à soigner sa plaie au ventre, alors qu'elle ouvrit lentement les yeux. Un soupir de soulagement m'échappa. À ce moment précis, la Rune qui m'avait trahie ne m'importait pas. Tout ce que je voyais, c'était mon amie qui m'avait accueillie et écoutée avec sagesse, qui avait partagé avec moi le fardeau des frères Knotley.

Ne me soigne pas, balbutia-t-elle faiblement.

Je l'ignorai et continuai.

Arrête, répéta-t-elle.

Que t'est-il arrivé ?

Elle repoussa la main qui la soignait.

J'ai perdu trop de sang, continua-t-elle. Ton pouvoir ne servira qu'à refermer ma plaie, pas à remplacer mon sang.

Au fond de moi, je savais qu'elle avait raison. Et cela me brisa le cœur. Moi qui était pourtant si fière de mon pouvoir de guérison, voilà qu'en fait, il était inefficace dans ce contexte.

Elle pointa faiblement du doigt le bout du couloir.

Économise ton énergie, Violet est par là, souffla-t-elle.

Le Coeur d'Eden | Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant