22 | Première fois sur un balais

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On dirait bien que vous ne pouvez plus rien faire sans nous, taquina Serafina. À chaque souci, vous frappez à notre porte.

Effectivement, une fois de plus, nous avions trouvé refuge chez la sorcière Isidore pour qu'elle nous prête ses potions de téléportation. Avec une gentillesse infinie, elle nous les donna.

En tant que sorciers de la Maison du Plexus Solaire, nous aurions pu concocter ces potions sur place ou simplement les demander à la Princesse. Cependant, la sorcière Isidore, en plus des potions, nous prodiguait toujours de précieux conseils. De plus, c'était toujours un plaisir de venir les voir, elle et Serafina.

Je suis désolée de vous importuner autant, Isidore, lui dis-je. La prochaine fois, je m'engage à vous rémunérer pour toutes les potions que vous nous avez confiées jusqu'à maintenant.

M'enfin, ce n'est pas comme si vous vous amusiez avec mes potions, me répondit-elle. Vous allez sauver le monde de cette pourriture de Reine, pardi !

Lorsque son regard croisa celui d'Eden, elle fronça les sourcils.

Qui est-il ? demanda-t-elle.

Euh, c'est Eden. Vous savez, le Prince des Maléfiques, enfin, je vous avais dit qu'il était innocent et que...

Elle ne m'écouta pas. Les mains dans le dos, avec une posture légèrement cambrée par le temps et la vieillesse, elle s'avança vers lui et scruta son visage dans les moindres détails. Il semblait tout aussi étonné et gêné que nous et ne savait pas où poser son regard.

De qui es-tu l'enfant ? demanda-t-elle enfin.

Moi ? Sembla-t-il pris au dépourvu. Euh... Je suis le fils de Cindery et Alaric Darkmore.

Quel est le nom de jeune fille de ta mère ?

Nous étions aussi perdus qu'Eden et ne comprenions rien à la situation. Malgré son âge, Isidore avait une prestance si élevée que personne n'osa l'interroger.

Je ne sais plus trop, à vrai dire.

Cindery Borgis ? demanda Isidore.

Ça me dit quelque chose, en effet, confirma Eden, appréhendant la réaction de la sorcière.

Celle-ci prit un long soupir et sourit. Elle posa sa main sur la joue d'Eden et le caressa tendrement, telle l'affection d'une grand-mère envers son petit-fils.

Bon sang, tu ressembles tellement à ta mère.

Les yeux d'Eden devinrent ronds, comme les nôtres d'ailleurs. Nous nous préparions à tout, sauf à cela.

Vous connaissez ma mère ?

Oh, et comment !

Isidore recula avec précaution, ménageant ses membres endoloris par le poids des années. Elle se dirigea vers une vieille commode en bois, émettant des gémissements de douleur qui semblaient résonner à travers les échos du temps. Avec délicatesse, elle s'abaissa et ouvrit le tiroir le plus bas, un grincement léger se mêlant aux soupirs de la commode ancienne. Elle fouilla pendant quelques instants, explorant les souvenirs soigneusement conservés dans ce recoin du passé, et enfin, elle en tira une photo.

Ta mère était une femme pleine d'ambition. Son unique dessein dans la vie était de devenir une sorcière guérisseuse, animée par la volonté de soulager les maux de ce monde. Ses patients étaient la flamme qui lui insufflait la vie.

Le récit d'Isidore sur la mère d'Eden nous laissait sans voix tandis qu'elle s'approchait doucement.

Malheureusement, à cause de la nature de sa pierre, elle n'a jamais pu atteindre son objectif de maîtriser pleinement les pouvoirs guérisseurs. Elle a alors décidé de suivre mes enseignements, s'engageant avec ardeur dans l'art de concocter les potions guérisseuses les plus puissantes. Durant cette année-là, elle s'est démarquée comme l'élève la plus assidue et sérieuse de ma classe. Son rêve ultime était de rejoindre l'équipe médicale de la Maison du clan de la Racine et de pouvoir prendre soin de son village bien-aimé.

Le Coeur d'Eden | Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant