Le Coeur d'Eden | Tome 2

7 | Un Garçon Pur

Eden, huit ans

Le lendemain, comme promis, Crystal est venue me chercher pour que nous puissions passer la journée ensemble. Généralement, c'était ce que faisaient les enfants du village : s'amuser tout au long de la journée, surtout durant cette période estivale. Dès qu'il commençait à faire trop froid pour sortir, nous passions nos jours à la maison, tandis que nos parents nous apprenaient les bases de la magie. Je n'en savais rien, mais probablement que de temps en temps, les amis se retrouvaient au sein de leur maison pour continuer à s'amuser ensemble.

Quoiqu'il en soit, ce jour-là, le soleil brillait aussi fort que le sourire de mon amie et son enthousiasme semblait contagieux.

— J'espère que tu n'as pas oublié qu'on devait jouer ensemble aujourd'hui, me taquina-t-elle.

— Non.

Dans ma tête, ma réponse était plutôt du genre : comment aurais-je pu oublier alors que je n'ai pas réussi à dormir de la nuit, tellement je paniquais ? Cette journée s'annonçait à la fois excitante et angoissante.

J'enfilai mes chaussures et lançai un dernier regard à ma maman qui nous observait avec un large sourire. Et je pense que c'est à ce moment-là, entouré de ma maman et de cette petite fille qui souriait, que je me suis senti heureux pour la première fois. Le soutien de ma mère me rassurait, et la perspective de passer du temps avec Crystal faisait battre mon cœur plus fort.

— À plus tard, maman !

Je lui souris. Pas seulement avec les lèvres, mais aussi avec les yeux. C'est ce qui défini un vrai sourire heureux, je le savais désormais.

— Faites attention à vous, les enfants. Et surtout, amusez-vous bien ! Nous souhaita-t-elle.

Nous nous éloignions enfin de la maison lorsque j'observais du coin de l'œil mon amie qui marchait à mes côtés. Même le simple fait de marcher côte à côte était suffisant pour provoquer un resserrement dans ma poitrine. Elle était mignonne. Sa robe légère dansait au rythme de ses pas, tout comme l'ondulation de ses cheveux. Le sourire aux lèvres, elle chantonnait en profitant de la douce brise qui nous accueillait. Sa joie de vivre était vraiment contagieuse, et je me détendais peu à peu en sa compagnie.

— Crystal !

Nos pas s'arrêtèrent simultanément lorsque nous avons entendu son nom. C'était le même groupe d'enfants. J'étais pourtant sûr que dans ce village, pas si petit que ça tout de même, il existait d'autres enfants et d'autres groupes d'amis. Mais le peu de fois où je sortais de la maison, c'est toujours sur eux que je tombais. Peut-être que je n'avais pas de chance ?

Ils étaient toujours au même endroit, à quelques mètres de nous, comme s'ils ne bougeaient jamais d'ici.

— On est sur le point de jouer au loup magique, viens jouer avec nous ! Ajouta celui qui l'avait appelée.

Elle me regarda et sembla hésiter. Anxieux à l'idée de me faire abandonner, je détournai le regard, qui se balada maladroitement au sol.

— Allons-y, Eden, me proposa-t-elle finalement.

— Je... N'ai pas vraiment... Envie.

— Ce sont eux qui t'ont appelé « le garçon bizarre ». Je veux leur montrer que tu n'es pas bizarre du tout.

— Je...

La panique commença à me faire suer et j'avais l'impression d'étouffer. Cependant, elle m'attrapa par le poignet.

— Fais-moi confiance, Eden.

Fais-moi confiance, trois mots qui voulaient dire : je te jure d'être là pour toi, de te protéger, de prendre soin de toi, et que tant que je serais là, personne ne pourra te blesser.