Three Dreams [TERMINÉ]

Chapitre 6 : Confidences & Organisation

— Ah, j'en peux vraiment plus, heureusement que c'est bientôt les vacances.
— Même pas deux mois de lycée et on est déjà au bord du born-out.
  Notre trio habituellement si joyeux était lessivé. De la fumée semblait sortir de leur crâne, leurs neurones en surchauffe après ce cours de physique-chimie.
— Je comprendrais jamais la physique de toute façon, se lamenta Kyara.
— Pas besoin de comprendre, t'apprends les formules et c'est bon, répondit Maja, la seule qui semblait à son aise dans la matière. C'est comme les maths !
— Oui, mais moi j'ai besoin de comprendre pour pouvoir l'utiliser ta formule. Sinon j'y arrive pas.
— Arrêtons de parler de ça, vous voulez ? Je m'ennuie, il y a pas de drama dans ce lycée...
— Va voir Ella, ça va en créer, se moqua gentiment la métisse.
— Moi, j'ai pas du drama, mais j'ai quand même des potins à raconter. Qui me concerne, glissa-t-elle malicieusement.
— Qu'est-ce que tu nous racontes là ? s'étonnèrent ses amies. Il y a des rumeurs sur toi ? continua Maja.
— Mais non, vous inquiétez pas ! C'est un peu long à raconter, donc, elle regarda l'heure sur son téléphone, c'est parfait niveau timing ! Une chance qu'on ait pas cours ! Venez, on va dehors, on sera plus tranquille.
  Les trois filles sortirent et se mirent à l'une des quelques tables qui fleurissaient la cours. Il y avait un léger vent, mais qui n'était pas froid, juste assez pour réguler la température encore assez haute pour ce mois d'octobre.

— Bon alors, raconte-nous tout.
— Vous savez, au début de l'année je suis allée dans une nouvelle bibliothèque, j'y suis même retournée depuis et je vous en ai parlé. Ses amies hochèrent la tête. Et bah, ce jour là, j'ai rencontré un gars. Attendez, je vous raconte : j'étais dans un coin où il y avait personne, et j'ai vu un livre qui avait l'air cool, je voulais absolument le lire ! J'ai essayé de l'attraper mais j'étais trop petite du coup j'ai demandé à quelqu'un qui est apparu de nulle part. Bon, avec ma timidité c'était pas gagné mais j'ai réussi. On a même un peu discuté lecture, donc j'étais contente.
— Il était comment ?
— Laisse-moi finir, souria Kyara avec un petit rire. Je répondrais après. Donc, je disais. Ce gars je l'ai revu. Et vous savez où ? Au lycée.
— Non, jure ?
— Pour de vrai ???
— C'est le gars de l'autre fois ? demanda Maja.
— Oui, exactement. Bonne mémoire pour une fois, ria-t-elle.
— Il ressemble à quoi du coup ? Je sais pas de qui vous parlez là, annonça Cresia.
— Il est tout ce qui est de plus basique, mais je sais pas pourquoi, je le trouve... Elle laissa passer un silence, comme si elle réfléchissait. Magnifique. Il a la peau de ceux qui passent l'été au soleil sur la plage ou dans les vagues, les yeux d'une clarté étonnante, comme du verre scintillant façonné par le soleil lui-même, des cheveux qui semblent doux et qui ont une teinte unique, entre le blond sable et le châtain.
— Et tu oses dire qu'il est basique ? À ce stade c'est un dieu le gars, ria Cresia.
— C'est mon impression quand je le vois.
— Après, la beauté c'est subjectif, ajouta Maja.
— Oui, fin bref. On revient à mon histoire s'il vous plaît. Donc ce jour-là, j'ai appris son nom. Il s'appelle Maël. J'ai cherché sur insta et je l'ai trouvé ! Du coup je me suis abonnée parce que le compte est en publique. Et puis en cherchant plus d'infos sur internet, j'ai vu que Maël ça voulait dire "prince" en breton, et vous savez quoi ? Bah c'est totalement logique parce qu'il est breton.
— Tu fais partie du FBI ?
— Dinguerie, comment t'as trouvé ça ?
— Oh, c'est pas bien compliqué, et puis, c'est pas grand chose vous savez... Mais bref, voilà. J'ai appris qu'il faisait trampoline au lycée, et il est en terminale. Et d'autres trucs.
— Du genre ?
— C'est pas important. Bon à ce stade, vous avez peut-être déjà compris... Mais bon. Vous savez, le soir, j'aime bien me créer des scénarios avec des persos fictifs ? Hochement de tête de la part de ses amies. Ça fait un moment que j'y arrive plus. Il y a d'autres trucs, mais j'arrive pas à expliquer mon ressenti. Tout ça pour dire... Je crois que, pour la première fois, je suis amoureuse, finit-elle, la tête cachée derriere son sac, les joues toutes rouges.
— Wow mais c'est trop bien !!! s'exclama Maja. Je suis super heureuse pour toi ! Tu vas voir, c'est incroyable !
— Sois pas gênée, c'est normal !
— Le soucis, c'est qu'il est en couple...
— Ah ça c'est la merde. Comment tu vas faire ?
— Comment ça, comment je vais faire ? Je vais rien faire du tout ! Je vais pas briser son couple, c'est hyper méchant.
— Hmm... Oui je vois ce que tu veux dire.
  Elles restèrent silencieuses un instant, puis les questions reprirent. Les amies de Kyara voulaient tout savoir !

  L'adolescente était chez elle. Elle était à côté de la porte de la cuisine, où ses parents se trouvaient. Elle était anxieuse, elle prévoyait de discuter avec ses parents des dernières nouvelles.
— Bon, j'y vais, je vais être en retard sinon, entendit-elle de l'autre côté de la porte.
  Elle se précipita dans la pièce.
— A... Attends papa s'il te plaît, ça sera rapide promis.
  Il souffla, visiblement mécontent, mais se rassit.
— Tu as intérêt à faire vite, grommela-t-il.
  Elle hocha la tête.
— Vous vous souvenez que j'ai donné ma candidature, avec votre accord, pour faire un séjour d'échange aux Etats Unis ? Un non de sa mère survint tandis que son père confirma. Bon... Euh... Du coup, j'ai eu la réponse, continua-t-elle. Je peux partir faire le deuxième semestre dès la fin des fêtes de fin d'année.
— C'est très bien que tu puisses y aller dès que tu le peux, ça aurait été chiant si tu avait dû attendre la rentrée de septembre prochain. Bon, j'y vais, bonne soirée.
  Kyara resta debout, à côté de sa mère, qui ne dit rien. Les deux étaient dans leurs pensées. La jeune fille respirait déjà plus calmement. Elle avait l'accord de son père ! C'était une bonne nouvelle.
— Tu es sûre... de ce que tu fais ?
  Elle se retourna. Elle avait presque oubliée sa mère.
— Je sais pas, dit-elle en s'asseyant. Sa mère avait l'air ailleurs. Pourquoi tu dis ça ? Tu étais d'accord au début.
— Au début... Au début, on est souvent d'accord parce que ce n'est pas concret. Mais si tu as la possibilité d'y aller parce que tu as fais toutes les démarches, alors c'est désormais concret. Et je dois avouer que je n'ai pas très envie que tu partes.
— Dans tout les cas, il y a bien un jour où je ne serais plus là. Je ne vais pas vivre indéfiniment dans cet appartement, fit-elle, avec un regard compatissant. Elle comprenait très bien ce que pouvais ressentir sa mère. En tant qu'ainée de sa fratrie, il sera difficile pour ses parents de la voir partir, parce qu'elle est la première.
— C'est pas pour tout de suite, t'inquiètes pas, reprit-elle en souriant. En attendant... Elle hésita. Était-ce le bon moment pour en parler ?
— Oui ? l'encouragea sa mère.
— On pourrait peut-être... Avoir un voyage... Que... Que toutes les deux ? Un tête à tête mère-fille ?
  Sa mère parut légèrement surprise. Elle prenait rarement du temps pour elle, se consacrant principalement à son travail. Et elle n'avait pas eu de moment avec sa famille depuis très longtemps. Elle n'arrivait même pas à se souvenir de la dernière fois.
— Eh bien... Pourquoi pas ? Ça pourrait être sympa, et ça me ferait du bien. Tu as une destination en tête ?
— Euh... J'ai pensé à la Corée du Sud, qui est plutôt jolie en automne, répondit-elle, un peu stressée.
— Ça fait loin ça. Elle réfléchit un instant. Si tu t'occupes de tout, je pense que ça serait possible.
  La brune failli sauter de joie tellement elle était heureuse ! La partie la plus dure pour pouvoir passer son audition venait d'être validée. Elle se précipita au coup de sa mère à grand renfort de merci. Quand enfin elle la lâcha, elle se rendit compte d'un problème : il lui restait peu de temps avant de pouvoir se présenter à l'agence.
— Hmm... On pourrait partir quand ?
— Le moins cher que tu trouves.
— Même si c'est pendant ces vacances ou en période de cours ?
— Je sais très bien que jamais tu ne sécherais les cours juste pour un voyage, tu aimes trop la gym. Et si c'est pendant ces vacances, c'est pas grave on s'organisera.
— D'accord, fit Kyara avec un sourire.
  Petit à petit, tout se mettait en place pour qu'elle puisse réussir ses rêves.

  Je sais que j'en suis capable. Tout se met en place pour que mes rêves se réalisent.