Three Dreams [TERMINÉ]

Chapitre 12 : Choix

  Le week-end passa, et la jeune fille se rendit à ses activités comme d'habitude. Mais l'étincelle qu'Océane avait vu dans ses yeux la veille avait disparu. Il n'y avait plus d'étincelle du tout. Quand on lui demandait ce qu'elle avait, elle disait qu'elle se sentait pas bien, qu'elle était peut-être malade. Elle prévint ses coachs de sa qualification, et ils se réjouirent sincèrement pour elle. La gymnaste, elle, n'eût qu'un petit sourire.

  Du week-end, elle ne parla à personne, et resta dans son lit la plupart du temps, dans un état de déprime constant. Elle ne se reconnaissait pas. Elle qui était toujours confiante, souriante, optimiste, la voilà au fond. Mais aussi, elle déteste les choix, elle ne sait pas en faire. Celui du moment était le plus dur de tous. D'un côté, elle avait l'opportunité de travailler avec de grandes gymnastes, d'aller au bout de ce qu'elle entreprenait depuis si longtemps et peut-être, si elle en avait la chance, de participer aux J.O. De l'autre, c'était recommencer les efforts depuis le début, mais elle avait la chance d'être acceptée dans l'un des milieux les plus difficiles d'accès, et peut-être la chance de débuter en tant qu'idol. Et enfin, il y a le rêve américain. Elle rêvait d'aller aux États-Unis depuis si longtemps, et aimerais tant être cheerleader ! Le choix semble simple pourtant. Ce n'est qu'en apparence. Dans la tête de Kyara, tout se mélangeait. Les migraines devenaient récurrentes à force, son esprit est toujours en ébullition.

  La vie ne lui a jamais tant sourit, pourtant elle est au plus bas. Que faire ?

  Le lundi, ses amies furent stupéfaites de la voir si fatiguée. On aurait dit qu'elle ne dormais plus.
— T'es sûre que ça va ? lui demanda Maja, vraiment inquiète pour elle.
— Ouais, t'inquiètes, répondit la concernée avec un geste de la main.
  Ses deux amies échangèrent un regard emplie d'inquiétude. Malheureusement, tant qu'elle ne leur parlait pas, elles ne pouvaient rien faire. Elles la suivirent et démarrèrent leur journée de cours en silence.
  Toute la matinée, les professeurs eurent des réactions différentes en voyant Kyara. Certains s'inquiétaient, d'autres la réprimandaient fortement si elle piquait du nez ou s'ils remarquaient qu'elle avait l'esprit ailleurs. D'autres n'en firent tout simplement pas cas.
  Plus tard, dans les couloirs, comme la jeune fille ne regardait pas où elle allait, ses amies la tirèrent d'un coup sec pour lui éviter un poteau.
— Pourquoi il est là lui aussi, râla-t-elle immédiatement.
— Tu pourrais dire merci quand même, s'agaça la métisse.
— Merci, marmonna-t-elle en retour.
  Le comportement de leur amie n'était pas normal. Il était rare de la voir dans un tel état.

  L'après-midi, c'était pire. À la barre, Kyara n'arrivait même pas à faire sa traditionnelle bascule. Elle se laissait pendre, tête baissée, après une quinzaine d'essais.
— Kyara, qu'est-ce que tu fais ?
  La jeune fille releva la tête et remarqua sa prof.
— Pourquoi t'es pas encore en haut ? Grimpe.
  Elle se leva doucement, lasse, et monta à l'appui.
— Bah non, fait une bascule.
  Elle redescendit de la barre, puis se lança, mais avec trop peu d'énergie. Elle ne réussit pas.
— Qu'est-ce qui t'arrive ? Donne toi à fond ! On dirait que tu te rends pas compte que, même sélectionnée, il faut que tu continues tes efforts ! Ne te repose pas sur tes lauriers. Ce n'est pas digne de toi.
  Honteuse, Kyara baissa la tête. Elle avait les larmes aux yeux de se faire réprimander comme ça. Elle allait mal, était-ce un crime ?
— Pardon, je crois que je me sens pas très bien... Je dois être fatiguée aussi...
  Elle partit s'asseoir plus loin, et attendit la fin du cours sur le conseil de Madame Kuddae. Il n'y avait aucun intérêt à travailler, elle risquait plus de se faire mal qu'autre chose. Maja regardait la scène de loin.
  Ella vint la voir une fois que tout le monde était partis.
— Qu'est-ce que t'as ? T'as été sélectionnée, tu devrais être contente.
  La jeune fille ne répondit rien. Pourquoi Ella venait lui parler ?
— Tu pourrais répondre, je fais l'effort de venir te voir.
— Désolée...
— Ça sert à rien d'être désolée, faut te ressaisir ma vieille. Moi, la Kyara que je connais, elle est pas comme ça. Elle a toujours un sourire agaçant, elle travaille aussi dur que moi et elle persévère quand elle arrive pas à quelque chose. Je sais pas c'est quoi ton problème, mais relève toi ! En plus, t'as été sélectionnée, donc faut travailler encore plus pour être au niveau et être la fierté du pays. Tu vas me dire que tout ton travail se résume à un abandon à la fin ? T'as pas été sélectionnée pour rien. Montre au moins que tu mérites ta réussite.
— Merci... dit Kyara après un silence.
— Me remercie pas. Je fais ce que j'ai à faire. J'ai pas d'adversaire sinon.
— Tu fais vraiment ça pour ça ?
— Non. Je le fais parce qu'on sera ensemble dans l'équipe de France. Autant s'entraider.
  Ella disparut.