Chapitre 2

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Plusieurs jours s'écoulèrent depuis le drame : « La nuit de l'horreur » comme l'appelait Julia. Leur amie n'avait pas encore ouvert les yeux de nouveau. Elle restait dans le coma, lourdement endormie grâce aux médicaments qu'on lui administrait. Les médecins, attendant que les blessures se soignent progressivement la gardaient branchée à toutes ces machines de peur que son coeur ne lâche.

Julia lui rendait souvent visite, racontant à haute voix sa journée, espérant secrètement la qu'elle ouvre les yeux à ce moment là et qu'elle réponde à tous les potins qu'elle pouvait venir lui partager. Mais chaque fois elle repartait seule de cette chambre morose, sans avoir réellement échangé, sans avoir pu parler à sa meilleure amie. Heureusement l'hôpital n'était pas très loin de chez eux : Julia venait à pied après les cours, puis rentrait rapidement évitant la nuit qui tombait de plus en plus tôt. La nuit la terrorisait désormais, les lacérations sur le corps de Mélina étaient si profondes et son état était tel, qu'elle ne comprenait pas ce qui avait pu causer cela. Et rien que de penser à la chose qui aurait pu lui faire ces marques la faisait frissonner de peur et de dégout. Alors chaque jour elle se dépêchait de rentrer, n'hésitant pas parfois à courir pour échapper au noir de la nuit, et toute la dangerosité qu'elle pourrait renfermer.

Ce soir là les garçons avaient préparé un petit repas et Mélina se joignit à eux en rentrant de l'hôpital.

- Alors ? Rien de nouveau ? Elle est encore branchée à toutes ces machines ? Demanda Mina avec insistance.

Il n'avait pas osé aller à l'hôpital, les hôpitaux le terrorisait plus que tout. Alors chaque soir, s'impatientant d'avoir enfin des bonnes nouvelles de son amie, il posait sa question. Et chaque soir ou presque, dépitée, Julia répondait encore une fois que Mélina n'avait pas bougé, ou parlé. Avec tout ces évènements, l'ambiance à la coloc avait un temps soit peu changé. Bien sur les trois amis continuaient de rire de temps en temps, mais quelque chose s'était ternie dans leur regard. Ils étaient tous inquiets et effrayés sans pouvoir véritablement réussir à le cacher.

- Qu'est ce que tu veux que je te dise ! Répondait Julia. Elle n'a toujours rien dit, j'ai essayé de la faire rire, mais son état n'est même pas stable, comment veux tu qu'elle soit en état de me répondre ? C'est déprimant.

- Ne t'inquiètes pas je suis sur qu'elle finira par se réveiller, c'est une combattante, après tout ce qu'elle a vécu je suis sure qu'elle sera de retour parmi nous bientôt ! Répondit calmement Pierre.

En réalité c'est Pierre qui réussissait à mettre le plus de distance entre lui et toute cette histoire. Enfin, à sa manière disons. Il se sentait en danger, mais peut être pas autant que les autres. Disons que la curiosité avait remplacée assez rapidement cette peur qui tétanisait ces amis. Voyant rapidement qu'il réussissait à mettre plus de distance par rapport à tout ça il essayait tant bien que mal de rassurer tout le monde, mais sentait bien que ces paroles étaient insuffisantes.

Lui ce qui l'intéressait, c'était toute l'enquête qu'il y avait autour de cette nuit d'horreur. Cette obsession avait commencé dès l'attaque. À la vue de tout ce sang et ces blessures, Pierre avait été comme obnubilé par toute cette scène. Et l'envie d'en savoir plus ne quittait pas ces pensées. C'était au delà de savoir ce qui avait pu causer la douleur de Mélina, Pierre était avide de détails, et cette curiosité morbide n'allait pas cesser de croitre. Une enquête avait débutée le jour même où Mélina fut conduite à l'hôpital et Ils avaient tous les trois été interrogés par les forces de l'ordre le lendemain du drame. Ce qu'en avait déduit Pierre c'était que les enquêteurs étaient aussi paumés qu'eux, ne sachant rien de plus ou de moins que le groupe d'amis. Du moins le premier jour après l'attaque.

C'est par la suite que les informations ont commencées à se multiplier et rendre l'enquête de plus en plus incompréhensible. Cela a commencé le jour où le corps de Mélina fut inspecté en détails lors de la première opération. Les chirurgiens étaient subjugués. Jamais ils n'avaient vu tant de blessures diverses sur un même corps, ou rarement du moins. Ils devaient l'opérer pour de multiples fractures pour commencer. L'humérus de son bras gauche ainsi que sa clavicule furent brisés à plusieurs endroits. Ses doigts étaient cassés et lacérés.

- Elle a du essayer de se protéger avec sa main ! Surtout la main droite, regardez, on peut même apercevoir qu'il manque un bout de son index!  S'écria un des chirurgiens orthopédistes présent pour l'opération.

L'inspection continuait de plus belle. En désinfectant les plaies de Mélina, le docteur Brotteaux pouvait observer plusieurs lacérations autour des fractures ouvertes au niveau des genoux et du coude droit. Mais il ne comprenait pas ce qui avait pu causer cela. Ces blessures peu communes semblaient avoir été faites par un animal. À certains endroit Melina n'avait plus que l'os, toute la chair avait disparue tant la violence des coups fut importante. Le sang avait coagulé et séché sur tout le corps de la jeune fille, la lymphe avait même déjà essayé de commencer à faire son travail pour réparer les plaies : en vain. Tout cela rendait le nettoyage périlleux. Il s'agissait d'un miracle si la jeune fille vivait encore se disait le médecin. Un vrai carnage. Pendant l'examination du corps les chirurgiens ne virent pas tout de suite un élément particulier qui se trouvait à l'arrière de son cou. Une sorte de sigle, ressemblant à une rune formée de quatre branches avait été gravée sur Mélina. Quelqu'un ou quelque chose avait voulu marquer son territoire sur le corps de la jeune fille, mais les médecins n'en savaient pas plus.

Une fois les multiples opérations terminées les os furent reliés par des vis et des plaques en titane. Les médecins avaient fait leur maximum pour soigner la jeune fille, les plaies les plus importantes étaient recousues, un travail minutieux avait été effectué au niveau des os et des organes eux aussi gravement touchés. L'estomac perforé fut rebouché soigneusement après que l'abdomen fut nettoyé, puis un rein défaillant lui fut ôté. D'un point de vue physique seul le temps pourrait faire des miracles. C'est ce que disaient les médecins ainsi que les parents de Mélina. Habitant en campagne ils avaient fait tout le trajet jusqu'à la ville pour voir leur fille. Ils avaient loué un petit appartement et attendaient en priant le rétablissement de leur fille. En effet les parents de Mélina étaient très croyants, remettant leur destin entre les mains de Dieu à chaque drame et même dans la vie quotidienne. Habitude que détestait et critiquait vivement Mélina. Ainsi impuissants ils restaient des heures au chevet de leur fille, récitant des versets de la Bible et espérant comme chacun un réveil doux et sans douleur. En vain.

THE HUNTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant