Chapitre 6

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Il y eut un lourd moment de flottement. Les deux garçons se regardèrent dans l'incompréhension : Mina ne comprenant pas ce que faisait Pierre à fouiller en cachette dans les nombreux dossiers de l'hôpital et Pierre ahuri de le voir Mina ici et d'être découvert ainsi. Pierre se releva, passa sa main dans ses cheveux blonds ne sachant quoi dire pour se justifier, gêné de la situation. Puis en une fraction de seconde sa gène disparue et il entra dans une colère noire. Il s'approcha rapidement de Mina et l'agrippa par les épaules.

- Tu m'as suivi ou quoi ? T'es malade ? Pourquoi tu me suis comme ça ? Pierre n'arrêtait pas d'hurler et Mina ne pouvait en placer une.

Les larmes montèrent rapidement aux yeux de Mina, il se sentait ridicule. Même si Pierre n'avait rien à faire ici, il se sentait coupable de l'avoir suivi en cachette. Il regardait son ami lui crier dessus et le secouer de rage sans oser dire quelque chose ou se défendre. Pierre était terrifiant et il était dans un tel état que Mina ne le reconnaissait pas. Ses yeux lui sortaient de la tête et avaient viré complètement au noir. Mina connaissait bien ce regard, qui l'avait tant de fois tétanisé. C'est ainsi que le regardait sa mère lorsqu'elle vrillait et finissait par lui faire du mal. Alors comme pris d'un élan de courage Mina se défendit. Il poussa violemment Pierre qui n'avait cessé de le secouer et de lui agripper douloureusement les épaules. Mina avait de la force, il était plus grand et plus fort que Pierre. Alors ce fut efficace. Pierre qui semblait quelques secondes hors de lui, repris conscience de la situation, et tomba à terre se sentant honteux d'avoir fait du mal à son ami.

- Je suis désolé je ne voulais pas... Je ne comprends pas... Pourquoi tu es venu ici.. Murmurait Pierre en se frottant les yeux comme pour se réveiller.

- Ton comportement était trop bizarre Pierre je devais savoir ce que tu faisais, j'étais inquiet pour toi... Je tiens à toi tu sais, je ne voulais pas te piéger.

Il y eut de nouveau un lourd silence, puis alerté par du bruit à l'extérieur du petit bureau dans lequel ils se trouvaient, les deux jeunes se regardèrent paniqués. Quelqu'un arrivait, il fallait qu'ils trouvent un moyen de se cacher ou de sortir d'ici le plus rapidement possible. Le bureau était petit, et tous les papiers sur le sol alerteraient de quelque chose d'anormal si quelqu'un venait à arriver. Pierre se jeta en premier sur les dossiers tentant de les ranger du mieux qu'il pouvait, et gardant quelques papiers dans ses poches. Mina s'accroupit quand à lui dans un coin du bureau derrière l'une des bibliothèques où se trouvaient tous les dossiers que Pierre avait lu. Les voix se rapprochaient, et rapidement semblèrent venir de derrière la petite porte du bureau. Pierre rejoignit Mina dans le coin derrière la bibliothèque et éteignit son flash de téléphone : il faisait désormais complètement noir dans la pièce. Les deux garçons côte à cote ne bougeaient plus du tout. Ils n'osaient murmurer quoi que ce soit et attendaient que les voix s'éloignent afin de pouvoir sortir le plus discrètement possible de leur nouvelle prison. Les voix ne cessaient pas, on pouvait entendre une aide soignante parler bruyamment à son collègue. La conversation semblait durer des heures, Mina proche de Pierre était gêné mais son ami ne pouvait le voir. Même si l'angoisse d'être repéré était insupportable, Il aimait être près de Pierre et aurait voulu que le moment ne s'arrête jamais.

Mais tout à coup la porte s'ouvrit bruyamment, Pierre mis alors sa main sur la bouche de Mina de peur qu'il ne dise quelque chose en sursautant. La femme comme obnubilé par son récit ne remarqua pas les quelques papiers oubliés sur le sol carrelé, pris un classeur dans un des tiroirs puis ressorti presque aussitôt. Les deux amis soufflèrent en même temps, soulagés de ne pas avoir été repérés. Ils n'attendirent pas trop longtemps. Les voix s'éloignèrent et ils se levèrent rapidement pour sortir de cette minuscule pièce oppressante.

En sortant de la pièce, les deux jeunes restaient sur le qui vive. Les aides soignants n'étaient pas loin, ils avançaient presque en courant lorsque Pierre s'immobilisa sec devant l'une des chambres : Mélina était là. Allongée, une aide soignante semblait lui faire doucement sa toilette, passant délicatement un gant sur son visage et ses yeux clos. Mina restait bouche bée, ne sachant quoi faire, apeuré mais content de pouvoir revoir vaguement son amie qui lui manquait tant. L'aide soignante releva la tête inerte de Mélina pour nettoyer son cou, et en particulier l'arrière de celui-ci. Positionnée comme en diagonale dans la pièce, les deux amis virent directement le signe gravé sur le cou de Mélina : les yeux de Pierre s'illuminèrent, il avait enfin son indice, sa première piste à suivre.

THE HUNTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant