Chapitre 4

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La journée de Pierre lui semblait avoir durer des jours. Lui qui était si près du but et de la fin de son master qui l'avait toujours passionné, il n'avait qu'une envie chaque jour : rentrer chez lui se changer les idées. Enfin se changer les idées semble une expression inadaptée pour décrire les nouveaux passe temps de Pierre. Son intérêt pour les crimes avait clairement croît ces derniers temps. Lui qui se contentait habituellement d'écouter les histoires de crimes commis, ou de lire des livres à ce sujet, il voulait désormais en savoir plus. Il étudiait en long et en large la personnalité de ses tueurs « préférés », tout l'aspect psychologique le passionnait encore plus qu'avant. Ce qui avait également changé était cette fascination pour le morbide, Pierre cherchait sans cesse de nouvelles photos de scène de crimes, toutes plus sanglantes et détaillées. Cela tournait à l'obsession, il passait ses nuits sur internet à regarder toutes ces horreurs en les transposant sur ce qui était arrivée à Mélina. Pourtant il ne voyait rien de similaire à l'attaque que son amie avait pu vivre. Toutes ces affreuses images qu'il consommait restaient ancrées dans son esprit, et torturaient son sommeil. Pierre ne dormait quasiment plus, et quand il s'assoupissait enfin, les limbes avaient remplacé ces doux rêves d'autrefois. L'anxiété qui semblait ne pas atteindre Pierre quelques jours auparavant, faisait maintenant partie intégrale de sa vie, impossible de s'en débarrasser.

Un matin Pierre qui n'avait pas dormi de la nuit s'était mis en tête d'aller faire un tour à l'hôpital, mais cette fois-ci il voulait en savoir plus sur ce qui s'était produit. Les médecins en savaient surement davantage qu'eux. Il en était persuadé. C'est alors qu'aux aurores Pierre se préparait, déterminé à fouiller, à s'infiltrer, à trouver des réponses. L'obsession d'en savoir plus le faisait ressembler à un illuminé. Les cernes s'étaient creusées sur son visage déjà très pâle et marqué habituellement. Ses yeux injectés de sang à cause de la fatigue lui donnait une mine affreuse mais cela ne semblait pas le préoccuper une seule seconde. Ce n'était pas le cas de Mina qui rapidement s'était rendu compte de l'état de son ami, c'est d'ailleurs pour cela qu'il s'était mis d'accord avec Julia pour ne pas parler de leur rêve commun. Il craignait qu'il ne parte encore plus en vrille et s'inquiétait profondément pour lui. Mina avait essayé à plusieurs reprises de communiquer avec Pierre pour en savoir plus sur ce qu'il vivait intérieurement, mais il s'était renfermé sur lui même. Lui qui était très blagueur et bavard à depuis toujours, il ne disait plus un mot, ne parlait plus du tout de lui. Alors ce matin là quand Pierre décida très tôt de se rendre à l'hôpital Mina qui l'entendit se préparer dans la salle de bain, n'hésita pas une seconde à le suivre discrètement. Il ne savait pas vraiment ce qu'allait faire son ami, mais la situation lui paraissait trop louche pour ne pas agir. Il savait très bien que son ami ne dormait plus, et soupçonnait clairement une phase maniaque ou un délire psychotique naissant. Malheureusement Mina en connaissait un rayon sur les sujets psychiatriques, malgré lui, grâce ou à cause de ces parents. Et de voir son ami mal tourner lui faisait extrêmement peur.

C'est ainsi qu'il le suivit d'un pas léger dans la rue, il se tenait à une dizaine de mètres de lui, stressé de se faire repérer car les rues étaient complètement vide à cette heure ci. Le froid de la nuit réveillait violemment le visage encore endormi de Mina qui tentait de le couvrir avec son écharpe tricoté en laine. Pierre arriva rapidement devant l'hôpital, à ce moment là Mina se sentit un peu gêné, peut-être que son ami voulait simplement voir Mélina, et puis... C'était l'hôpital. Mina était terrorisé par les hôpitaux. En réalité il y avait passé beaucoup trop de temps ces dernières années. Ces deux parents y faisaient des allers et venus régulièrement, leur passé de toxicomanes et tous leurs problèmes psychiatriques avaient créé deux véritables bombes à retardement qui quand elles explosaient brisaient tout sur leur passage. C'est ainsi que Mina se retrouvait parfois à appeler les secours. C'était arrivé pour la première fois du haut de ses huit ans. C'était une période plus que compliqué pour Mina et ses parents. Ils vivaient dans un studio miteux, n'avait plus de quoi manger, et surtout n'avait plus de quoi consommer. Les dernières traces et bouteilles furent consommées plusieurs jours avant cet incident et les tensions à l'appartement s'accentuaient chaque jour. Cet après midi là, tandis que le père de Mina travaillait, sa mère se mit soudain à avoir de lourdes hallucinations devant son fils. Mina fut terrifié. Plantée dans un coin de la pièce accroupie elle semblait complètement désorientée, la femme hurlait, pleurait en s'arrachant les cheveux et Mina n'eut pas le choix que de décrocher le téléphone et d'appeler en urgence les secours. Elle fit ce que l'on nomme : un « délirium trémens ». Après ce jour les séjours à l'hôpital furent nombreux, jusqu'au dernier deux ans auparavant quand le drame entre ces deux parents eu lieu.

C'est alors que se retrouver devant l'hôpital où son amie Mélina se trouvait le terrifiait plus que tout. Mina voyait Pierre s'avancer vers l'entrée du bâtiment mais restait tétanisé. Pourtant il sentait que quelque chose clochait, pourquoi son ami voudrait voir Mélina aussi tôt dans la journée ? Quand tout le monde dort encore et que le soleil ne s'est pas encore levé ? Mina posa rapidement le pour et le contre dans sa tête afin de savoir s'il devait suivre Pierre puis dans un élan soudain il se dirigea lui aussi vers l'entrée du grand hôpital. 

THE HUNTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant