Chapitre 8

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Au cinéma, la scène des zombies qui s’empallent les uns contre les autres sur les vitres en hurlant est toujours accompagnée d’une terrifiante musique à suspence pour effrayer le spectateur. Excluant les rares où seules les images suffisent, comme dans the Walking Dead.
Ici, il ne s’agit pas de créer la peur, de faire monter l’angoisse et le suspence. C’est simplement, et sans autre mot pour le décrire, épouvantable. Ou répugnant. Ou horrifiant. À cet instant, tous les pentalons se colorent à l’entre jambe. Les jambes fléchissent, l’esprit s’envole et le sol se dérobe. On compte les secondes qui nous séparent non pas de la bataille, mais de la mort, des hurlements et de cette fatale réalité incongrue qui tonne aux fenêtres.

— On devrait vraiment s’en aller... hoquète Roxane, en pleine crise de panique.

Quelques secondes de plus et mon cœur lâche, rejoint le sien dans un long et douloureux trépas.

Du coin de l’œil, j’aperçois Marius et Arkan qui dévisagent Lee. Je ravale un grognement frustré : ils attendent que notre ami les entraîne vers la sortie. Contre toute attente, le désigné meneur de notre petit groupe coule un regard dans ma direction :

— Lily, on ne pourra pas emmener tout le monde.

Je fronce les sourcils et réprime un sursaut lorsque les vitres craquent quelques mètres plus loin.

— Explique toi, je grince entre mes dents.

— Le commandant a menti pour qu’on ne s’entretue pas, murmure-t-il, le regard dur. Il reste une voiture. Juste une seule.

J’écarquille les yeux, ébranlée, et mon menton balaye les alentours sans que je ne sache pourquoi. Il n’existe aucune solution à ce problème vers les arbres, les vitres brisées et...

— Ils ont cassé les vitres ! je hurle, aggripant la première épaule venue pour m’en servir de bouclier.

Pris de court et entraîné par mon poids, le bouclier en question titube vers l’arrière :

— LILY ! s’étrangle Arkan.

Tandis que nous percutons le sol, les pieds emmêlés entre chaises et tables, Ryan dresse son corps devant nous, dégaine son arme et pousse la détente. Je perçois les cris de Roxane, mêlés à ceux des autres, qui fusent à travers la piège parmi tous les autres bruits. Éclats de verre brisé, coups de feu, cris de guerres et râles étouffés par des cadavres cavalant dans notre direction.
Mon souffle percute mes côtes, le monde tangue, emportant les battements de mon cœur dans sa chute.

Je pousse un hurlement de terreur, brusquement ramenée à la réalité, lorsque Lee est violemment projeté sur une table à ma gauche. Elle bascule sous le choc et il roule au sol dans un grognement de douleur.

— Lee ! s’étouffe Marius, qui jaillit hors de la masse en furie pour se précipiter vers notre ami.

Je me dévisse la nuque pour m’assurer de son état, tente de me relever pour me précipiter à ses côtés ; mais Arkan m’aggripe le bras, me tire brusquement dans sa direction à l’instant même où un monstre jaillit. Il fait claquer ses dents à mes oreilles, nous arrache des hurlements d’horreur et de peur. C’est seulement lorsque Ryan envoie la gachette de son arme frapper la tempe de la créature que mes poumons m’autorisent à respirer. Mais cette seconde de répis a à peine commencé qu’elle se termine déjà ; d’autres monstres débarquent, grognant d’affreux râles et envoyant leurs bras désarticulés les porter jusqu’aux vivants.

Je me dévisse la nuque à nouveau. Le soulagement me prend le cœur, après la nausée et la peur, lorsque je vois Lee se relever. J’embarque Arkan avec moi, et nous rampons sous la table pour le rejoindre.

Zombee / tome 1 : La Chute /Où les histoires vivent. Découvrez maintenant