Je m'appelle Clea. J'ai 40 ans au moment où j'écris. Je suis née le 21 mars 1983 à Châteauroux. Je suis fille unique et ai été élevée par ma mère seule.
J'ai vécu une enfance simple, à l'époque où tous ces réseaux et contenus digitaux n'existaient pas.
Internet est arrivé quand j'avais une quinzaine d'année, comme le téléphone portable, qui ne servait alors qu'à téléphoner.
J'ai eu des amourettes mais qu'à partir du lycée. Avant, j'étais trop garçon manqué. Mais à trop donner ma confiance, j'ai souvent été blessée, comme beaucoup.
J'ai rencontré ce garçon alors que j'étais tout juste majeure. On est resté 5 ans ensemble. Je l'ai suivi du nord au sud de la France, pensant que c'était mon grand Amour... mais non.
En juin 2006, il m'a quitté. Il m'a trompé et quitté. J'ai été dévastée. Je me suis retrouvée seule dans une ville qui ne me plaisait pas, et dans un petit appartement où je ne me sentais pas chez moi.
Pour soigner mon chagrin, j'ai adopté un chat. Eclypse. Mais ça n'a pas suffit.
Quand j'ai compris que c'était réellement fini, je suis remontée à Tours avec mon chat, mes anti-anxiolytiques et mes somnifères.
Je me suis retrouvée dans un appartement infesté de cafards que j'avais du mal à payer avec le peu de chômage que je touchais.
J'ai donc cherché un travail : conseillère téléphonique chez Orange Compte Bloqué.
Je me levais le matin avec Virgin Radio, passais la journée à me faire engueuler et insulter au téléphone par des cassos, et mes soirées à essayer de combattre mes envies de suicide tout en regardant le vide sous mon balcon du 6ème étage qui m'attirait un peu plus chaque jour.
C'était ça ma vie maintenant? Il y a quelques mois encore je filais le parfait amour avec l'homme de ma vie au soleil, des projets plein la tête, et maintenant j'avais peur de toucher l'interrupteur pour allumer la lumière à cause des cafards qui grouillaient partout dans l'appartement?
Quelques ronrons d'Eclypse et médicaments plus tard, je sombrais dans un profond sommeil sans rêves jusqu'au lendemain.
Et ce matin là, sur Virgin, le réveil matin chanta un refrain que je ne connaissais pas.
Et ce matin là, j'ai souris en entendant cette mélodie.
Et ce matin là, je me suis levée avec un sentiment d'apaisement comme jamais je n'avais ressenti.
La journée s'est pourtant passée comme la précédente.
Mais le lendemain matin, la même musique a retenti au réveil.
J'étais heureuse de l'entendre, comme la voie douce et rassurante d'un être cher qui vous réveille tendrement le matin.
Les jours ont suivi et toujours cette chanson au réveil, toujours.
J'avais l'impression d'être dans ce film, où chaque matin recommence la même journée sauf que mes journées étaient toutes différentes, même si elles commençaient toutes de la même façon.
Et tous les matins j'étais bien le temps de cette chanson, puis, une fois terminée, je commençais à ressentir un manque, de plus en plus important au fil des jours, et avais envie de la réécouter encore et encore.
Je la fredonnais, j'y pensais tout le temps. La voix et la mélodie m'obsédaient.
Je suis allée chercher sur internet en marquant phonétiquement les mots que j'entendais, mais rien. Je n'arrivais pas à trouver cette chanson pour la mettre dans mon baladeur MP3 afin de m'enivrer d'elle au quotidien dès que j'en ressentais le besoin.
Un jour que j'appelais ma cousine pour avoir des nouvelles, je l'ai questionnée pour savoir si elle connaissait cette chanson, en lui fredonnant l'air.
"Ah mais oui, c'est à la mode c'est Tokio Hotel!"
ENFIN j'avais un nom!!!! Tokio Hotel...
Et moi, donc, de lui demander : "Mais c'est qui cette fille qui chante? Sa voix me transporte, c'est dingue!"
"Quelle fille??? C'est un garçon qui chante! Il est jeune mais c'est un garçon! Et c'est des Allemands couz!"
J'en revenais pas. Il fallait que j'en sache plus.
Une fois rentrée chez moi je me suis jetée sur l'ordinateur et ai commencé à taper ces mots "Tokyo Hotel" dans la barre de recherche.
Google s'est empressé de me corriger sur l'orthographe et de me sortir une multitude d'articles sur ce groupe peu commun de 4 jeunes Allemands, encore mineurs à l'époque, qui déplaçaient les foules.
Je vois alors que des concerts arrivent. Nous sommes en octobre et déjà plus une place pour les dates de Paris et Lyon les 26 et 28 novembre prochains. Même en revente, rien.
Alors il ne me reste plus qu'à lire les skyblogs pour en apprendre plus sur eux, acheter des magasines et trainer sur la page Orange.
En quelques semaines, j'ai réduit mes médicaments de façon considérables, tout appris sur leur enfance et retapisser les murs de ma chambre en poster de Tokio Hotel.
A 23 ans, j'avais l'impression d'avoir enfin une passion, de vivre pour moi, de renaître.
J'avais enfin trouvé ma raison d'être.
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Tome 1 : Ma Raison d'Etre
DiversosEn 2006, après une séparation difficile qui m'a mené à une dépression, j'ai entendu cette chanson. Sans comprendre vraiment comment c'était possible, chaque jour un peu plus elle me sortait du brouillard dans lequel je m'enfonçais depuis des mois. ...