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-J'organise l'anniversaire de Clara et le mien ce weekend, tu viens ?
-Évidemment que je viens, je lui réponds sans même réfléchir. La question ne se pose même pas.
-Mais il y aura pleins de gosses, m'avertit Rosie. Clara a invité plusieurs de ses amies, notamment la petite Mary et je ne veux pas que tu passes une mauvaise journée à cause de ça.
-Dis pas de bêtises, je lui dis en la rejoignant dans le salon avec la pochette de croquis que je lui tends. D'ailleurs, tu sais quoi de cette enfant, Mary ?Elle relève la tête vers moi tout en haussant un sourcil, l'air visiblement étonné de ma question.
-Deux mois qu'il y a eu la rentrée scolaire, deux mois que tu gardes mes enfants le jeudi soir, remarque-t-elle. Et ton cœur de pierre à déjà succombé au charme de la petite Mary.
-Arrête tes conneries, je réponds en soufflant comme un bœuf, piquée au vif. C'est juste que...que je suis curieuse, c'est tout. Elle a vraiment l'air intelligente, et très petite, pour être dans la classe de Clara.Depuis deux mois, chaque jeudi je rencontre cette enfant, aussi belle qu'intelligente. Cette petite fille m'étonne, et fait ressortir des choses en moi que je pensais mortes. Je frissonne à cette idée.
-Mary est une enfant à haut potentiel intellectuel, m'apprend-t-elle. Et je suis toujours étonnée de voir que tu arrives si bien à cerner ces enfants aux capacités particulières. Mais, tu sais, Mary n'a rien avoir avec Léon.
Je la sonde, un peu choquée. Mon cœur se met à battre très fort.
Inspire, expire.
Inspire, expire.
Je réprime mes larmes et me lève chercher la cafetière pour me donner contenance. Nous, accro à la caféine ? Pas du tout !
-Mary ne me fait pas penser à Léon, je réussi à lui dire après quelques minutes.
-Je sais, m'assure cette dernière. Léon restera Léon, et Mary est Mary. Mais peut-être, que cette petite peut te réconcilier avec la vie.Je suis reconnaissante, mais je ne suis pas sûre d'en avoir vraiment envie. Ou peut-être que j'ai trop peur pour me l'autoriser. Alors que je m'apprête à répondre à mon amie, quelqu'un déboule dans mon appartement telle une furie, sans toquer, comme si elle était parfaitement chez elle et à sa place.
Ma mère, étirée à quatre épingles, comme toujours, me fait face, comme si sa présence ici était complètement normale et justifiée.
-Un mois et trois jours ! Glapit-elle.
-Je te demande pardon ? Je lui demande, incrédule. Tu sais, on frappe avant d'entrer, c'est chez moi ici.Dans son chignon soigné, son tailleur strict, ma mère, Harriette Perrot paraît avoir dix ans de plus que son âge. J'aimerais pouvoir dire que j'ai de bonnes relations avec elle et mon père, mais ce n'est pas le cas. Étant la dernière d'une famille de trois enfants, j'ai toujours suscité la déception de mes parents. Parce que je ne mène pas la vie comme ils l'avaient décidé pour moi. Parce que j'ai toujours décidé à leur place, et parce que je n'ai pas fait comme Agathe et Adam.
-Cela fait un mois et trois jours que nous n'avons pas de nouvelles de toi ton père et moi ! Tu trouves cela normal ?
-Et toi tu trouves ça normal d'entrer chez moi comme si c'était chez toi ? Je commence à m'énerver tandis que Rosie pose une main sur la mienne pour tenter vainement de me calmer.
-Ne change pas de sujet ! Pince-t-elle les lèvres. Il faut que les choses changent jeune fille. Tu ne peux pas continuer à traîner en jogging délavé toute la journée, à ne rien faire de ta vie !Et voilà, une pique bien sentie, bien placée, juste pour me signifier que je suis sa fille imparfaite et que je gâche ma vie.
-Je ne t'ai rien demandé maman, je lui réponds en serrant la mâchoire. Et je ne fais pas rien de ma vie.
-Parce que tu appelles ça un métier respectable de dessiner toi ? Tu sais, ton père et moi avons déjà beaucoup pris sur nous à l'époque quant à ton choix de carrière très peu lucratif. Et la preuve, tu t'en es mordus les doigts il y a deux ans. Si tu nous avais un peu écouté, rien de tout cela ne serait arrivé et ton père et moi ne serions pas reliés à ceci ! Alors ne fait pas l'erreur de croire qu'aujourd'hui, nous te laisserons le choix. Si tu veux vraiment dessiner, tu n'as qu'à trouver un éditeur. Si jamais ce n'est pas le cas, je t'ai déjà trouvé une place dans l'entreprise d'un bon ami à ton père en tant que comptable.
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Just breath
RomanceJust breath Arthur Desmond est un éditeur littéraire de renommé dans le pays. Il est arrogant, un brun ténébreux, têtu et ne laisse rien ni personne transpercer sa carapace bien épaisse, autant qu'il peut être doux et attentionné. Anna Perrot est...