Save me, I'm fine

Chapitre 2

Les rayons du soleil embrassaient la pièce avec timidité. Les nuages gris, sombres et épais, les empêchaient de répandre leur lueur éclatante. La pluie s'était tu au cours de la nuit et avait laissé derrière elle une quantité phénoménale d'humidité dans l'air. Jungkook roula sur le lit et poussa un long soupir. Une information importante cherchait à s'allumer dans son esprit encore lové dans le sommeil. Les choses n'étaient pas ce qu'elles devaient être. L'oreiller avait une odeur masculine agréable qui ne lui était pas familière. Le matelas confortable était bien trop large pour être le sien. Les draps si doux n'étaient clairement pas ceux qui l'enveloppaient habituellement le soir. Et une jolie voix grave et lointaine titillait ses tympans.

Jungkook ouvrit brusquement les yeux et fut ébloui par la blancheur de l'endroit. Les meubles, les draps, les murs, le sol, tout était d'une blancheur trop vive pour sa vue au réveil. Il plissa les paupières, le cœur battant bien trop fort contre ses côtes, et souleva la couverture d'une main tremblante. Un immense soulagement le submergea en réalisant qu'il portait encore ses vêtements de la veille. Même ses chaussettes ne lui avaient pas été retirées. Il imaginait assez mal un pervers rhabiller sa victime et la laisser dormir dans son lit après ses méfaits. Soupirant, il referma les yeux, roula à nouveau et enfonça son visage dans l'oreiller. Comment était-il arrivé là ?

Jungkook se souvenait parfaitement de Kim Taehyung, de son charisme, de sa beauté et de son sourire en coin. Retracer son image dans son esprit provoqua le même courant chaud que la veille, à leur rencontre. Il ramena ses genoux vers son torse en se remémorant leurs discussions, leur rapprochement, sa faiblesse face à cet homme si entêtant. Leurs baisers lui revinrent également à l'esprit et il se mordit les lèvres. Il ne parvenait pas à déceler le vrai du faux dans les intentions de Kim Taehyung et c'était fichtrement perturbant. La sincérité se teintait de malice et n'en devenait que plus floue. Jungkook n'aimait pas l'idée de n'être qu'un jeu et il ne savait pas s'il pouvait réellement se fier aux paroles d'un homme qui l'avait finalement mis dans son lit. De manière littérale, certes, mais ça n'en restait pas moins une promesse brisée.

Contrarié par cette conclusion, Jungkook se redressa en s'étirant et bâilla longuement. Il se passa les mains sur le visage puis dans les cheveux et se demanda ce qu'il se passerait s'il partait sans rien dire. La suite de Kim Taehyung était immense et la voix provenait de derrière une cloison coulissante. La sortie devait s'y trouvait aussi. Jungkook soupira, se frotta les yeux et ne sut que faire. Comment réagirait-il en posant à nouveau ses yeux sur le magnifique inconnu avec qui il avait passé la nuit ? Pensée ainsi, la situation lui sembla particulièrement embarrassante. Pourtant, après avoir savouré des nouilles, bu du thé, dégusté divers desserts et discuté de choses et d'autres, la nuit s'était écoulée à toute vitesse autour d'eux. Ils avaient bel et bien passé la nuit ensemble. Jungkook ne parvenait cependant pas à redessiner correctement les derniers événements. Était-il monté de lui-même jusque là ? Taehyung l'avait-il manipulé malgré sa promesse ? Le prénom seul et cette idée le firent frissonner.

Agacé de son indécision face aux différentes hypothèses et de sa contrariété à l'idée que Kim Taehyung puisse avoir menti, Jungkook se leva dans l'intention de s'éclipser. Malheureusement, il ne put faire qu'un pas avant que la cloison ne coulisse. Il se lécha les lèvres et ne put s'empêcher d'admirer la silhouette fine et élancée, digne des plus beaux mannequins. Vêtu d'un pantalon sobre et d'une chemise fleurie, l'homme d'affaires de la veille avait laissé place à un jeune homme prêt à faire un tour en ville. Le sourire en coin lui sembla d'autant plus séduisant, bien que toujours malicieux.

« Bonjour Jungkook. As-tu bien dormi ? J'ai bien cru à un moment donné que tu ne te réveillerais pas du week-end. »

Jungkook cilla et admira ses chaussettes pour ne pas se noyer dans de trop nombreux doutes et dans des envies qui ne lui étaient pas familières.