Chapitre 11

73 7 25
                                    

La teinte du ciel se faisait de plus en plus menaçante, annonciatrice d'orage. Les nuages gris et noirs semblaient prêts à tomber sur la ville, cachant le soleil et le bleu azur pourtant encore éclatants moins d'une demi-heure plus tôt. Le tonnerre finirait par gronder, incessamment sous peu. La tête appuyée contre le torse de Jungkook, Taehyung n'en faisait pas grand cas. Ses doigts caressaient le visage paisible puis les cheveux soyeux, inlassables de cette ritournelle délicate et apaisante. Le moment était tranquille et Taehyung somnolait presque, serein, sentant avec force la présence de Jungkook dans la pièce. Depuis la veille à son arrivée jusqu'à ce milieu d'après-midi nuageux, Taehyung avait la sensation que son protégé se rapprochait de plus en plus de lui. Peut-être n'était-ce qu'un tour de son esprit esseulé mais il voulait y croire.

« Taehyung, tu devrais rentrer chez toi pour prendre une douche et te changer avant qu'il ne se mette à pleuvoir. »

Taehyung soupira. Cela faisait bien dix minutes que Namjoon essayait de le chasser de la pièce. Depuis que Jimin et Yoongi étaient partis pour aller chercher le petit-ami de Jimin. Une drôle de nouvelle. Taehyung avait l'impression de tout vivre depuis une bulle et tout lui paraissait flou. Jimin ne vivait plus chez ses parents depuis la veille, ayant élu domicile dans l'appartement de Yoongi qui s'était officiellement installé chez Namjoon. Et Jimin était en couple avec un jeune homme de son internat depuis un an sans que personne n'en sache rien. Il semblerait d'ailleurs que Hoseok l'ignorait toujours. Par quel drôle de tour était-il possible que la nouvelle leur soit parvenue avant de parvenir à Hoseok ? Taehyung s'était senti un rien perdu dans tous les aveux faits en si peu de temps. Son esprit fatigué, en manque de sommeil, avait pataugé un moment avant de trier les informations avec retard.

« Taehyung, tu as besoin de repos. Et Jungkook aura besoin de vêtements pour sortir, tu pourrais en profiter pour lui en ramener. »

Se redressant sur sa chaise, les sourcils froncés en une expression mécontente, Taehyung releva la tête vers son ami.

« Je suis très bien ici, j'irai m'en occuper plus tard.

– Ah oui ? Penses-tu sincèrement être capable de le laisser une fois qu'il aura ouvert les yeux ? »

Taehyung entrouvrit les lèvres mais ne put rien répliquer. Évidemment qu'il serait bien incapable de laisser Jungkook seul ici en plein état d'éveil. C'était inconcevable.

« Tu es cruel, Namjoon.

– Au contraire. Prendre soin de toi te fera du bien. Dormir également. On t'a autorisé à dormir ici mais il est clair que tu as passé ta nuit éveillé. Tu auras l'air bien malin quand tu tomberas de sommeil face à Jungkook. »

Une moue boudeuse se peignit sur ses traits mais Taehyung abdiqua dans un soupir. Il se pencha vers le si beau visage de Jungkook et lui posa un doux baiser sur les lèvres.

« Namjoon me chasse mais je te promets de revenir vite. »

Il se pencha davantage pour coller ses lèvres à son oreille.

« Je t'aime, Jungkook. »

Il lui offrit un autre chaste baiser avant de se mettre debout. Ses jambes flageolèrent légèrement, parcourues de petites fourmis malicieuses. Taehyung était resté assis trop longtemps sans bouger. Il fit quelques pas sur place, un peu instable, avant de contourner le lit pour rejoindre Namjoon près de la porte. Son ami s'était éloigné pour le laisser dire au revoir tranquillement.

Taehyung tendit le bras vers la poignée, décidé à partir vite pour revenir vite, quand son prénom fut murmuré par une voix qui lui avait cruellement manqué ces dernières semaines. Un mois et demi qu'elle n'avait plus résonné à ses oreilles. Il tourna la tête vers Namjoon, le cœur battant à toute allure, paniqué à l'idée de devenir fou et excité à la simple possibilité que ce soit la réalité. Son prénom caressa ses tympans à nouveau, comme un appel désespéré, et Taehyung vit bien au visage stupéfait de Namjoon que ce n'était pas un rêve. Alors il retourna vers le lit bien trop vite, chuta brutalement sur le sol quand la tête lui tourna sous la précipitation, se releva sans prendre la peine de s'arrêter sur sa douleur et reprit place sur la chaise qui était la sienne depuis presque deux jours. Il attrapa la main dont les doigts bougèrent faiblement et fixa le visage reprendre vie.

Save me, I'm fineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant