Cette fois, il la tenait.
Trois putains de jours qu'il la pourchassait et cette garce arrivait toujours à lui filer entre les doigts. Elle avait même réussi à lui faire une entaille au bras qui allait s'infecter s'il ne rentrait pas fissa au Refuge pour la faire soigner.
Dès son arrivée, il avait vite compris qu'elle allait leur apporter tout un tas d'emmerdes, avec cette foutue manie qu'elle avait d'agiter son p'tit cul un peu partout et de faire la sainte-ni-touche.
Il la regarda s'engager dans le défilé, confiant. Elle n'avait pas le temps de contourner la falaise, elle était bien obligée de longer le cours de la petite rivière. Il attendit quelques instants avant de sortir à découvert pour la suivre.
Personne ne l'avait écouté. Pas même Hugo. Il voulait se la garder pour lui. Luc ricana. Ça n'avait pas marché. À la première occasion, la petite pute s'était enfuie au milieu de la nuit. Maintenant, seule dans les montagnes, tout le monde allait la croire morte. Ils auront pas tout à fait tort, mais d'abord il comptait bien s'amuser un peu.
Il pouvait entendre la respiration courte de sa proie quelques mètres plus loin. Oh... le doux bruit...
— Bah alors, poupée ? dit-il d'une voix doucereuse. Tu cours plus ?
Ah ça, elle l'avait fait suer ! S'il y a bien une chose qu'il devait à l'invasion de ses pourritures de sans-visages, c'est qu'ils avaient réveillé son goût pour la chasse !
Il avait toujours détesté ça. Forcé de suivre son connard de géniteur à chaque battue. Tout ce qu'il voyait c'était une bande d'ivrognes dégueulasses courir après des sangliers apprivoisés pour le plaisir de les regarder crever.
Un gémissement de désarroi lui parvint d'un peu plus loin dans le défilé et lui tira un nouveau soupir de satisfaction.
Pister les survivants, ça, c'était quelque chose ! Là, il y avait du challenge, de l'excitation. Réussir à les mener droit à leur perte, jouer avec leur envie de s'en sortir. Il pouvait presque voir l'espoir s'évaporer de leurs yeux à son arrivée.
Rien que pour ça, il enviait les sans-visages, pouvoir tirer les humains comme des lapins, en toute impunité. Lui, il avait des comptes à rendre s'il ne voulait pas se retrouver tout seul, sous prétexte que tuer d'autres humains c'était mal. Hugo était un connard, mais il aimait faire croire aux autres qu'il avait une morale.
— T'es coincée princesse, clama-t-il joyeusement en avançant tranquillement, il avait tout le temps du monde. T'inquiète pas, va ! Toi et moi, on va bien s'amuser tous les deux. Même que si t'es bien gentille tu pourrais aimer ça, qui sait ?
Il l'entendit essayer d'escalader la falaise et il se délecta du bruit de sa chute. Il connaissait parfaitement la région, il l'avait assez parcouru enfant, avec son père qui l'emmenait à la chasse. Et quand il voulait lui échapper, dans les pires moments...
Elle avait repris sa course et il rit. Elle pouvait bien continuer que ça ne changerait rien, c'était un cul-de-sac, la rivière passait sous terre à cet endroit et le défilé s'arrêtait sur une paroi abrupte.
Un cri de rage résonna. Elle avait atteint le bout du chemin. D'un instant à l'autre elle allait pleurer et supplier. Parfois, ils suppliaient leur mère. Parfois, leur Dieu. Souvent, ils le suppliaient lui.
Seulement, les pleurs mettaient du temps à arriver... En vrai, les supplications aussi.
— Putain ! jura-t-il avant d'accélérer le pas.
Tout son instinct lui gueulait de courir ou il allait la perdre. Mais cette connasse lui avait déjà fait plusieurs sales tours. Elle pouvait très bien s'être cachée quelque part et lui tomber dessus s'il ne faisait pas attention. Le cœur battant et la rage au ventre, il porta son fusil à l'épaule et avança plus rapidement, toujours sur ses gardes.
Un virage après l'autre, scrutant chaque creux de la roche, chaque buisson, il finit par débouler au cul-de-sac. Il n'y avait personne !
Il laissa échapper un rugissement de rage.
Après un rapide coup d'œil autour, il ne vit aucun endroit où elle aurait pu se planquer. Un morceau de la paroi s'était bien effondré légèrement, créant un petit éboulis, mais restait quand même trop abrupt pour qu'une gourdasse dans son genre arrive à l'escalader.
— C'est pas fini ! hurla-t-il à s'en écorcher la gorge. Je vais te retrouver et tu vas morfler ! Fini le gentil Luc, tu vas souffrir, ma pauvre !
Elle ne pouvait pas être bien loin, elle l'avait forcément entendu.
Il fallait qu'il parte avant que la piste ne refroidisse trop.
Il fit demi-tour pour se trouver nez à nez avec un sans-visage.
— Merde, souffla-t-il.
Les nervures rouge-carmin de sa combinaison pulsaient lentement et Luc put voir le reflet de son propre visage dans la visière lisse et opaque du casque de cet enfoiré. Il n'y lut que de la terreur.
Qu'est-ce qu'il foutait là ?
Le vrombissement d'une lame énergétique se fit entendre, une douleur vive et brulante s'empara de sa gorge. Il regarda avec horreur le reflet de la gerbe de sang qui s'échappait de sa gorge tandis que l'air ne parvenait plus à ses poumons. Le monde bascula autour de lui alors que le sans-visage l'accompagnait dans sa chute, se délectant très certainement de sa souffrance. Puis, tout devint noir.
VOUS LISEZ
La Rédemption du T'sarogg
AdventureDans un monde mis en ruine par une invasion Alien, Charlotte à quitté un camp de réfugiés dont le chef prenait des allures de dictateur. Elle tente désormais de rejoindre la famille de son père de l'autre côté des montagnes quand elle découvre la t...