— Lussifer !
Le cri perça le brouillard qui l'empêchait de penser et l'hystérie dans la voix de son sul'sul réveilla toute la rage Divine qui s'était accumulée à son insu. S'il était incapable d'agir quelques instants plus tôt, il était maintenant incapable de réfléchir avec logique. Le regard trahi que lui lançait Shaarlot était devenu douloureux. Il ne voulait plus qu'une seule chose, que le sang de ce mâle coule à ses pieds, pouvoir offrir la souffrance de ce kashuk à son sul'sul et la voir se repaître de son désespoir comme le guerrier s'était abreuver du sien.
Son conditionnement prit le dessus. Un coup sec du plat de sa main dans les côtes du soldat sur sa droite l'envoya à terre quelques untzu plus loin. Son coude gauche atterrit dans le ventre d'un autre qui se retrouva au sol plié en deux et, d'une pirouette agile, il éloigna d'un coup de pied le dernier guerrier se tenant entre lui et sa cible. L'enchaînement avait été si rapide que personne ne s'était aperçu de ce qu'il se passait avant que Turük ne pose sa main à plat sur l'armure de Dabrük.
Turük lui-même n'eut pas le temps de réagir à ce qu'il était en train de faire quand une lumière aveuglante s'échappa de la paume de sa main avant de se concentrer en un point sous ses doigts. L'espace d'un instant comme suspendu dans le temps, l'armure de Dabrük s'éclaira de l'intérieur, puis l'amesh perdit sa structure et glissa vers le sol, morceau après morceau, sans vie. Le jugement de la Déesse était sans pitié.
Dans un silence de plombs, le soldat tomba à genoux, le regard vide et la bave aux lèvres, avant de s'effondrer face contre terre.
Le retrait trop soudain des anilashak et la mort de son amesh, alors qu'ils étaient connectés, laisseraient des séquelles irréversibles. Turük doutait que le jeune soldat soit même capable de parler un jour à nouveau, mais il ne ressentit aucun remord, le châtiment était encore trop doux.
Les yeux de Shaarlot, agrandis par l'effroi, le ramenèrent à la réalité et il profita de la stupeur de l'escouade pour attraper son sul'sul. Il la plaça dans son dos avant de reculer de quelques pas, en garde, prêts à se défendre.
— T'sarogg... murmura Asantük.
Ce simple mot suffit à briser le voile abasourdi qui s'était posé sur la scène et le chaos s'empara de tous.
Kitük sorti ses parriuk et mis Turük en joue, suivit par un demi-douzaine de soldats. Il criait un ordre devenu incompréhensible au milieu du tumulte général, tandis que Daë'Umtsë, imitée par cinq de ses camarades, s'interposait entre Turük et le reste de son escouade. Les quelques derniers, perdus quant au parti à prendre, jetaient des coups d'œil nerveux vers leur supérieur, inquiets de ne pas recevoir d'instruction précise.
— Silence !
Asantük n'avait pas levé la voix, mais le calme revint. Tout du moins en apparence. Arme à la main, les membres de l'escouade déchirée se menaçaient les uns les autres.
Tout en se maudissant, Turük réfléchissait à toute vitesse. Malgré un amesh endommagé, il aurait pu s'en sortir, mais avec Shaarlot à protéger et sans aura...
Mais qu'est-ce qu'il lui avait pris, par la Déesse ! Après tous ces mois de solitude forcés de peur qu'on découvre sa queue et son identité... Mettre Dabrük hors d'état de nuire aurait été aussi simple sans sa Rage Divine. Mais la soif de sang de la Déesse l'avait envahi comme elle ne l'avait pas fait depuis le début de son instruction. Il voulait faire souffrir ce kashuk pour avoir seulement pensé à blesser son sul'sul.
Il plongea son regard dans celui d'Asantük pour y chercher une once de salut, mais l'expression fermée du vétéran ne lui apporta rien d'autre que de l'amertume.
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La Rédemption du T'sarogg
AdventureDans un monde mis en ruine par une invasion Alien, Charlotte à quitté un camp de réfugiés dont le chef prenait des allures de dictateur. Elle tente désormais de rejoindre la famille de son père de l'autre côté des montagnes quand elle découvre la t...