4 - Fuite

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Il la réveilla un peu avant le lever du soleil.

La nuit avait été courte, mais elle se sentait étonnamment reposée. Sans un mot, elle avait rangé ses affaires et ils étaient descendus. Après avoir surveillé les environs par les carreaux de l'entrée, elle était sortie prudemment et se mit à couvert derrière la haie du jardin.

Avant de sortir à découvert, elle jeta un œil de l'autre côté de la rue. Certainement que le groupe de Thomas aurait laissé des hommes en arrière. Ils ne devaient pas se faire repérer.

Un mouvement à une fenêtre du bâtiment en face la mit en alerte. Elle se retourna pour l'indiquer à Lucifer, mais ne trouva personne. Surprise, son regard se reporta sur l'immeuble et elle vit l'alien traverser la route d'une traite.

Cet abruti allait se faire remarquer !

— Hé ! Psst ! essaya-t-elle d'attirer son attention.

Il ne l'entendit pas. Elle leva un bras pour lui faire un geste avant d'apercevoir, trop tard, trois gars apparaître à l'autre bout de la rue. Mais quelle conne !

Elle se jeta sous la haie en priant pour qu'ils ne l'aient pas repérée.

— Hé ! Là-bas ! hurla un des hommes.

Merde...


Turük venait tout juste de briser la fermeture de porte de l'habitation dans laquelle se terraient les deux sentinelles, quand il entendit un cri d'alerte d'une voix trop grave pour être celle de son sul'sul. Il se retourna juste à temps pour la voir se jeter derrière les feuillages. Mais qu'est-ce qu'elle faisait ?

L'humain qui avait crié n'était pas encore dans son champ de vision, caché par l'angle de la rue. Il devait faire vite. Qu'est-ce qu'il n'aurait pas donné pour pouvoir les abattre à distance ! Il regretta un peu l'arme qu'il avait abandonnée la veille, mais sans munitions elle était un poids mort. Ses parriuk lui manquaient...

Il ferma sa visière pour pressuriser sa combinaison et s'engouffra dans le bâtiment avant de grimper l'escalier en quelques enjambées. Le doux bruit de ses shrii'tak qui s'activaient déclencha son amesh qui lui injecta sa dose d'adrénaline, développant ses sens. Son ouïe, plus fine, percevait maintenant les battements de cœur des deux hommes à l'intérieur et le souffle laborieux de l'un d'entre eux. Le fait qu'un humain puisse survivre en temps de guerre avec des poumons en si mauvais état le dépassait...

Il défonça la porte. Il profita de la surprise de ses cibles pour parcourir les quelques pas qui les séparaient de lui et glissa sa lame sous le menton du premier garde, tout en enfonçant l'autre dans le torse de son collègue. Il prit le temps nécessaire pour les accompagner dans la mort en récitant le kalahek matuk, même ces imbéciles méritaient de connaître la grâce de sa Déesse. Son devoir terminé, il se précipita à la fenêtre.

La femelle humaine avait fui. Les hommes qui la poursuivaient passaient tout juste sous sa position. Il se laissa tomber dans leur dos, l'amesh encaissant la plupart de la pression à l'atterrissage. Eux non plus ne verraient pas la mort arriver...


Charlotte courrait à toutes jambes, le souffle court, zigzagant d'une ruelle à l'autre, maudissant l'alien autant qu'elle-même. Comme si ce soldat venu de l'espace n'était pas capable de s'occuper de sa propre survie !

La ville grouillait de patrouilles et toutes convergeaient vers elle. Leurs voix qui s'invectiver à travers le quartier, gueulant sa position à qui serait le plus proche, la pressait d'avancer. Un point de côté lui transperçait les côtes, mais elle ne pouvait s'arrêter pour le soulager.

La Rédemption du T'saroggOù les histoires vivent. Découvrez maintenant