Lucëa

Chapitre 10 - Vers la cible

Les oreilles de Lucëa sifflaient, saturant du son de l'explosion. Elle n'entendait plus que les voix étouffées du groupe qui l'entourait et le fracas des débris métalliques qui finissaient de s'effondrer.

L'Inquisitrice se pencha vers elle et l'orpheline dut se concentrer pour comprendre ce qu'elle disait :

- Lucëa, appelait-elle, Lucëa tu m'entends ?

L'orpheline hocha la tête et entreprit de se relever. Là où se dressait l'imposante conduite quelques instants plus tôt, il ne restait plus qu'un trou béant plongé dans les fumées et l'obscurité. Elle ne distinguait même pas l'autre côté.

- C'était du beau boulot petite ! s'exclama Dassius depuis son couvert, Par le Trône ! Tu nous as dégoté un endroit parfait pour un beau feu d'artifice !

Lucëa croisa le regard de l'Inquisitrice qui lui fit un sourire complice. L'orpheline mit un moment à comprendre qu'on la félicitait, mais déjà l'Inquisitrice reprenait les rênes de l'opération.

- Dassius, Fautoll. État de situation.

- Quelques égratignures Inquisitrice, répondit le mécanicien, mais le matos a tenu le coup.

- Prêt à vous suivre au fond de la Gueule Vorace patronne ! répondit farouchement Dassius.

- Soeur Seonid ? demanda Meredith.

- Nous sommes entières, répondit la soeur supérieure, Soeur Anaïs s'occupe de soeur Abeus, un laser l'a touchée sous la plaque d'épaule.

En entendant le nom de la soeur hospitalière, Lucëa s'inquiéta soudain pour elle. Elle ne s'était concentrée que sur sa mission et sur sa survie sans réellement prendre conscience des individus qui la suivaient. Elle chercha du regard soeur Anaïs et l'aperçut accroupie près de soeur Abeus, concentrée, ses bras articulés s'activant sur le bras de sa patiente. Ses châles blancs tombant par-dessus son armure étaient salis par la fusillade, mais elle n'avait pas l'air blessée.

- Ne vous en faites pas Inquisitrice, déclara Abeus, même avec un bras en moins mon bolter continuera de purger les hérétiques sans faillir.

- J'ai colmaté la brèche et refermé la plaie, finit par dire Anaïs, Loué soit l'Empereur ce n'est qu'une blessure superficielle. Vous êtes parée au combat ma soeur.

L'Inquisitrice approuva puis se tourna vers Lucëa.

- Soeur Anaïs, appela-t-elle, assurez-vous que notre chérubin soit en bonne santé. Dassius, partez en éclaireur, je veux savoir si une menace avance sur nous.

En un instant le groupe s'organisa, les sœurs se déployèrent en amont tandis que le garde disparaissait dans les longs tunnels qui s'étendaient au devant.

Sœur Anais s'approcha de l'orpheline et commença à l'examiner. Se faisant elle chantait à voix basse, sa voix mélodieuse apaisait Lucëa, bien qu'elle ne comprit aucune parole.

- Tu es en parfaite santé, conclut-elle finalement, Tu es véritablement une petite dure cuire comme le disait Dassius.

Le sourire chaleureux qu'elle adressa à l'orpheline secoua son cœur. Comment une personne aussi gentille qu'elle se retrouvait au milieu des combats ? Ce n'était pas juste ! Alors que l'hospitalière se relevait, Lucëa la retint par l'un de ses châles.

- Et ... et vous ? dit-elle la voix tremblante, Vous allez bien ?

D'abord surprise, sœur Anais lui fit un doux sourire avant de répondre :

- Je vais bien, rassure-toi. Je sais me défendre et mes sœurs ne me laisseront jamais sans protection.

Lucëa en fut soulagée, mais baissa les yeux, soudainement gênée en soutenant son regard. Elle n'avait plus l'habitude de ce genre d'interaction.