Chapitre 6 - C'est amère Cindy ?

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CINDY

"Eh bien tout commence à notre 15e visite dans notre flux temporel..."

Cette rengaine devenait lassante et assez pesante, Enzo nous déposait toujours chez nous en commençant par Yowan et finissant par moi. Il me lance toujours ce même regard comme actuellement. C'est un mélange entre de la fatigue et de la peine. Surement à mon égard.

Ma maison n'est autre qu'une maisonnette qui se caractérisait plutôt par un petit préfabriqué. Le jardin mériterait bien un coup de tondeuse, la devanture devrait être retapée et je ne parle même pas du porche qui se fait envahir par les mauvaises herbes et la boue. Le tout est une triste représentation de l'état de ma famille.

Ma situation familiale en surface est connue de tous dans cette ville. Une mère souffrant de démence, un père mort et un frère en prison et moi la délinquante. Un bien beau tableau me direz vous. Ma famille ne se compose que de nous trois aujourd'hui, enfin plutôt nous deux si on peut encore dire ça.

Depuis la mort de mon père, ma mère n'est que l'ombre d'elle-même. A chaque fois que je passe devant sa chambre j'entend des pleurs et le nom de mon frère qu'elle implore, surement de ne pas achever mon père. Je ne sais pas, je ne comprends jamais ce qu'elle dit la plupart du temps elle est bourrée et pleure. Le mauvais combo.

Quant à mon frère, aucune nouvelle de lui, je n'ai pas non plus chercher à le contacter. Tout est de sa faute s' il n'avait pas tué mon père ma famille ne serait pas ce qu'elle est. Et peut-être que je ne serais pas ce que je suis. Une fille errante qui est première de sa classe mais dont personne n'est au courant, qui à pour projet d'être haut juge, mais qui d'apparence semble sécher les cours, la "Bad girl" originel comme on pourrait vous dire, qui ne sourit jamais et se trouve à chaque fête en compagnie de Enzo.

Depuis ces 14 fois ou on me dépose devant chez moi je fuis ma maison, je fuis mes responsabilité, je fuis la vérité qui m'attend. Je ne sais pas à quelle horrible réponse m'attendre. Le doute, la crainte, la colère et la honte se mélangent et me tordent l'estomac à chaque fois que la voiture m'abandonne dans mon allée.

Comme les 14 dernières fois, je souffle tout l'oxygène de mes poumons et m'apprête peut-être à me rendre dans un café pour réviser et apprendre mon code civil et autre, ou bien travailler sur des voitures au garage de ma famille. Il m'arrive d'aller me dépenser en salle de sport pour apprendre différents types de sports ou me poser à l'animalerie au milieu des chiots. Mais cette 15e fois quelque chose en moi avait changé.

Je ne sais pas par quelle force mais j'en est eu marre. Marre de quoi ? Un peu de tout, de voir les autres se démener et avoir le courage de chercher et affronter de plein front leur passé. Mais surtout j'ai cette nette impression que peut être on m'a mené en bateau depuis le début.

Mon frère entame sa 5e et dernière année de prison quand j'y pense, il est censé sortir le 18 mars. Je me demande finalement si maman ne pleure pas plutôt la perte de son fils. J'ai ce sentiment bizarre. Vous savez ce sentiment qui nous dit "Eh tu te trompes, ta perception est biaisée".

Je décide donc après avoir vider mes poumons de tout l'air possible pour me donner de la force, de franchir le pas de ma porte.

Dès mon immersion, un sentiment nauséeux m'a pris. Forcément rien n'a changé, le même désordre jonche le sol miteux. Des boîtes de céréales mélangées à des chaussettes, un liquide inconnu immerge une partie du sol et plein d'autres choses, recouvrent le moindre centimètre carré de parquet. Comme lors de ce fameux jour fatidique, je nettoie la maison et répare tout ce qui a à réparer. Mais cette fois-ci avec plus d'intérêt, d'un dynamisme olympien, la maisonnette était devenue toute coquette, et mériterait de passer dans une de ces émissions de rénovation.

J'exagère à peine.

"Cindy j'ai faim, ramène moi de quoi me faire un minimum vivre !" Quel miracle de ma part de l'avoir comprise. D'un mécanisme habituel, je me suis mise à lui faire un déjeuner. Mais avec une tout autre volonté, après presque cinq ans, je passe enfin la porte de la chambre de ma mère. Je la redécouvre avec horreur d'une forme cadavérique. Son teint pratiquement gris, ses cheveux difficilement décrivables avec un short et un tee-shirt d'une couleur douteuse.

Tétanisée, je l'observe étalé comme une loque sur son lit, remplie de mouchoirs accumulés sur son matelas et le sol qui doivent dater depuis des années. Les volets sont à semi ouvert et laisse tout juste un filet de lumière éclairer ce qu'on pourrait appeler sa chambre.

"Dépêche Cindy j'ai faim, j'ai faim..., j'ai faim" en criant sans s'arrêter de sa voix enrouée et se défoulant sur son sommier comme une enfant faisant son caprice. Je l'observe toujours à cette même place toujours autant choquée.

Du peu que je m'en souvienne, ma mère était une femme forte, d'une sagesse inégalée à la belle chevelure noir remplie de grosse boucle. Habillée toujours de façon soignée et sophistiquée malgré un manque d'argent, pour investir dans des vêtements de marque. Elle dégageait d'un naturel et d'une certaine prestance qui inspirait le respect et la tranquillité.

Comment !

Comment à t-elle pu finir dans un tel état ?

Je lui tends son plateau de nourriture sur lequel elle se jette tel Gollum sur son précieux. Alors en rassemblant tout mon courage, par je ne sais quelle force mentale, je me munie de plusieurs sacs poubelle et produits ménagers et me lance dans ce chantier. Dix-sept heure sonne très vite et le parquet de la chambre vient juste de sécher. Ma mère endormi et son plateau débarrasser. C'est avec une certaine crainte que je fouille la chambre fraîchement rangée et nettoyée.

Mise à par des albums photos, des bijoux, dossiers, factures et médicaments rien de particulier. Mais en cherchant dans le fond du tiroir de sa commode, je tombe sur un téléphone caché dans un double fond.

Je le branche au chargeur que je trouve dans ma chambre et après bien trente minutes d'attente dans le stresse, je l'allume facilement et rentre tout aussi simplement.

En allant instinctivement dans la galerie, le choc est si violent que pour la première fois en cinq année d'intériorisation, mes larmes coulent seules sans s'arrêter. 

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19 JOURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant