Chapitre 4 : Alexis

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Oh, Pretty Woman - Roy Orbison. 

Mythique musique du film Pretty Woman, c'est pourtant la femme du chanteur qui lui a directement inspiré cette chanson. Cette dernière lui avait demandé de l'argent pour sortir. Le musicien s'est alors mis à chanter "Pretty Woman don't need no money, pretty Woman walking down the street". Le reste des paroles décrivent un homme qui rencontre une jeune femme dont la beauté le fait immédiatement tomber sous son charme. Il lui exprime alors toute son admiration pour sa beauté et lui demande de rester avec lui tout en lui promettant de la traiter correctement. Avant que sa femme ne fut finalement rentrée de courses, Roy Orbison avait écrit et composé entièrement ce qui deviendra l'une des plus célèbres bandes sons du cinéma hollywoodien ... 

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3ème date de la tournée, nous voilà à Nantes depuis ce matin. Nous sommes sous un peu fatigué mais l'euphorie nous porte à bout de bras depuis le 1er jour. Une ambiance de fête règne, il n'y a pas un trajet que nous passons sans chanter, c'est bon enfant, tout le monde se chamaille, se taquine comme si nous nous étions toujours fréquentés. Des liens familiaux se tissent de jour en jour. Aucun mot de travers à l'encontre de qui que ce soit ne sera toléré. 

Les 4 prochaines dates s'enchaînent, il n'est donc pas question de séjourner à l'hôtel. Ce n'est pas quelque chose qui me dérange, je dirai même que j'apprécie d'avantage cohabiter avec tous dans ce bus qui est devenu notre appartement de collocation ambulant. Jenifer est parfois plus réticente à l'idée de passer ses nuits sur les routes. Thierry le justifie par l'accident qu'elle a eu lors d'une de ses précédentes tournées. Néanmoins elle passe la plupart des trajets avec nous ou nous suit avec le van du reste de l'équipe lorsque son départ se fait en décaler en raison des interviews qu'elle est parfois amenée à faire avant de quitter les villes. 

Il doit être aux alentours de midi, je ne sais pas trop, je n'ai pas envie de regarder mon portable. Cela fait plusieurs minutes que je déambule dans le Zénith pendant que la scène termine d'être mise sur pieds. La multitude d'affiches placardées sur les murs des couloirs me renseignent sur les prochains spectacles de la saison, des autographes de divers artistes tapissent d'autres endroits. Mon regard se pose sur la signature de Matt Pokora que je reconnais instinctivement. Je réalise alors être déjà venu dans cette salle lorsque j'étais le trompettiste de ce dernier juste avant le Covid. C'est marrant, j'avais complètement oublié cet endroit. 

— Ah te voilà ! s'exclame Alexiane en arrivant devant moi son portable comme ventousé à sa main. Tout est prêt pour manger en régie, tu viens ? 

— Super je commençais à avoir faim ! 

— Oui ben justement nous aussi alors grouille ! m'ordonnait-elle en faisant déjà demi-tour. 

— Vous n'étiez pas obligé de m'attendre ... 

— Tout le monde était là, Cindy m'a dit de me lancer à ta recherche, j'ai pas eu le choix gros malin. 

Voilà la parfaite démonstration de la famille que nous étions devenu. Cindy avait ce rôle un peu maternel, bon en clair elle aimait nous mener à la baguette tout comme Thierry et Boom. Thierry était un peu plus en retrait et nous observait toujours comme le réel chef de file. Nous tous étions considérés comme des enfants. Et dans le rôle de la soeur à la fois attentionnée et blasée à d'autres moments, Alexiane était parfaite. 

— Mais qu'est-ce que t'es lent ! s'exaspérait-elle d'un air moqueur. 

J'accélérais le pas et lui attribuait un léger coup d'épaule en arrivant à sa hauteur. 

Alexiane et moi avions évidemment reparlé du soir où j'avais eu des paroles déplacées à son égard. Le lendemain de notre première représentation elle était venue s'assoir à mes côtés sans rien dire. Je n'avais pas osé ouvrir la bouche encore trop gêné par mon comportement. Mais alors qu'elle s'était mise à m'adresser la parole comme si de rien n'était je l'avais coupé en pleine phrase pour lui dire à quel point j'étais désolé et que mon attitude avait été conne. J'étais bourré, je n'avais en réalité aucune intention à son encontre, mais le ras-le-bol de ma vie avait pris le dessus ce soir là. Elle m'avait adressé un sourire compatissant et donné un petit coup d'épaule pour me faire comprendre que tout était oublié. 

Entre nos blessuresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant