Chapitre 8

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Le soir tombait, le père et la fille se mettaient à table. Matthieu avait tout préparé dans les moindres détails, rien n'avaient été laissé au hasard. Depuis qu'il était devenu papa à seulement 21 ans, et qu'il avait vu des reportages dénonçant les scandales sanitaires des années 2000 à 2015, Matthieu avait fait le choix de ne plus consommer de produits ultra transformés comme les céréales du petit déjeuner, les produits surgelés, très peu de produits industriels, il achetait des fruits et légumes frais de saison, achetait sa viande, son fromage, et sa charcuterie dans les commerces de proximité et non pas dans des emballages sous-vide. Il craignait par dessus tout que sa fille déjà diminué soit intoxiquée par une bactérie pire encore décéder dans d'horribles souffrances.

Pour le repas du vendredi soir: Pâtes à la carbonara avec du pécorino. Dans la version de Matthieu, n'étant pas doué pour séparer le jaune du blanc d'oeuf, il avait remplacé celui-ci par de la crème liquide, une honte à l'Italie certes, mais dans un souci de dextérité, il n'avait pas vraiment le choix. Pour le reste, il s'en tenait à la recette originale tel que le pécorino et non pas le parmesan, de la Pancetta italienne et la touche personnelle de notre ingénieur: la Pancetta était fait revenir dans de l'huile de truffes blanches avec de l'ail donnant ainsi un goût moins salé au plat, chose que Valentine aimait bien pour son palais sensible et son régime alimentaire plutôt strict.

En théorie, Valentine ne faisait pas de régime végétarien, végan, sans lactose ou sans gluten. Elle ne prenait pas non plus de compléments alimentaires car son père était contre ces choses-là. Non, quand on parlait du régime alimentaire de la petite fille de 7 ans, c'était qu'elle était difficile en matière d'aliments, certains légumes et fruits étaient détestés, la façon de cuisiner avait son importance, par exemple des légumes cuits à la vapeur n'avaient pas le même goût que des légumes cuits à l'eau, ou encore les variétés de produits choisi, entre autre, un produit d'une marque en particulier ne se valait pas pour le même produit d'une autre marque. Il fallait donc que ce soit une marque en particulier et pas une autre, sinon on pouvait s'attendre à ce que la petite Valentine recrache tout.

- C'est à ton goût, Valentine ? Demanda Matthieu voyant sa fille manger avec appétit.

- C'est délicieux. C'est quoi la viande ? Questionna Valentine curieuse entre deux bouchées.

- De la Pancetta. Répondit son père.

- Connaît pas. Lui dit Valentine.

- Mange proprement et prend ton temps Valentine. Ce n'est pas un concours de vitesse. Tu vas avoir mal à l'estomac si tu avales tout d'un seul coup. Rappela Matthieu.

- Désolée, papa. Ralenti Valentine.

Matthieu se mit également à manger son assiette. Très vite, le silence régna dans la salle à manger. Le père comme la fille n'avaient jamais été très bavard à table, plus concentré sur leurs assiette que pour parler à quelqu'un pour meubler la conversation. Cela s'expliquait aussi au fait que lorsque Édith la grand-mère de Valentine voyait cette dernière soit chez elle, soit chez son beau-fils, elle avait inculquée à tous les deux de rester silencieux à table sauf si on adressait la parole, du moins pour les enfants. Mais Matthieu était adulte depuis longtemps, il avait donc le droit de parler si on pouvait le dire ainsi.

Même si Édith aurait aimé que Valentine n'ait pas le syndrome de Kanner, qu'elle puisse aller à l'école comme toute les filles de son âge, qu'elle soit propre et qu'elle ne se comporte pas comme un bébé de 2 ans et des poussières, elle ne pouvait pas rejeter le seul enfant que sa fille disparue avait donné la vie. Elle voyait en quelque sorte, Valentine comme la version enfantine de sa fille et malgré son air sévère, elle aimait profondément sa petite-fille. Il était également fier de son beau-fils qui prenait soin d'elle au quotidien malgré son handicap invisible qui parfois était jugée négativement par la société en général.

La nuit bien entamée, les étoiles alignées dans le ciel, Matthieu changea une dernière fois la couche de Valentine avant de se mettre au lit. De nouveau propre en bas de son corps, Valentine fit un gros câlin à son père qu'elle ne voulait pas quitter d'une semelle. Comprenant qu'elle ne s'endormirait pas sans la présence de son père, et sachant qu'il avait déjà prit son traitement quotidien dont quelques médicaments pour dormir, Matthieu dit à sa fille:

- Bon très bien. On va dormir maintenant. Je me met en pyjama et on part au pays des songes tout les deux.

- Merci papa. Répondit Valentine somnolant.

Matthieu retira son costume trois pièces et saisi une couche taille adulte de sa réserve pour l'enfiler. Une fois dedans, il se mit en pyjama, tira les couverture, installa sa fille, suivit de lui-même, pour enfin s'endormir l'un contre l'autre. La nuit était paisible. Dans le ciel pas un nuage, on voyait clairement les étoiles qui veillait sur ces deux-là, signe que le lendemain, il fera beau. Pendant la nuit, Valentine serra son doudou lapin Bunny tandis que Matthieu en fit de même pour le sien phoque. En effet, depuis quelques années, il avait conservé à l'âge adulte le doudou de son enfance, un phoque à l'origine blanc devenu gris avec le temps qui lui servait parfois d'objet anti-stress dans certaines situations et ne se privait pas à dormir avec de temps en temps quand il en estimait le besoin. Mis à part cela, Matthieu était un adulte tout ce qu'il y avait de plus normal et ce qu'il faisait dans sa vie privée ne faisait de mal à personne, pas même sa fille qu'elle appréciait son père tel un complexe d'œdipe. Quoiqu'il en soit, le sommeil paradoxal du père et de la fille était plus fort que les cauchemars qu'ils étaient susceptibles de faire et globalement, ils passaient une très bonne nuit.

Le Combat d'un PèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant