Chapitre 14

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Dans le parc, tout semblait aller pour le mieux. Matthieu lisait tranquillement son livre relié de la collection de Victor Hugo, intitulé Quatre-vingt treize. Une œuvre que Matthieu avait eu comme cadeau de Noël par un de ses cousins à l'époque où il travaillait encore en France. L'histoire est tellement captivante qu'il était difficile pour le jeune père de lâcher son livre et regarder de temps en temps sa fille jouer et gambader dans le parc à s'imaginer toutes sortes d'aventures qui lui faisait tourner la tête.

C'est là que Valentine alors qu'elle semblait se divertir en réalisant une sorte de puzzle avec de cailloux que des enfants dans le bac à sable qui s'amusaient entre eux voyait cette petite fille à l'allure étrange fixer son tas de cailloux plutôt que les enfants qui l'observait de loin. L'une des enfants alla donc à sa rencontre:

- Bonjour. Tu es nouvelle ici ? Demanda la fille aux cheveux roux.

- Oui, je m'appelle Valentine. J'ai 7 ans. Répondit la fille Kanner.

- Tu es bien habillée. Complimenta la rousse.

- Merci. J'adore paraître adulte. Cela me fait oublier que je suis petite. Expliqua Valentine.

- Au fait, je m'appelle Nina. Enchantée Valentine. Fit la fillette.

- De même. Répondit Valentine plus concentrée sur son tas de cailloux que sur la fille en face d'elle.

- Eh, Nina ? Pourquoi tu lui parles ? Tu ne vois pas qu'elle est bizarre ? Interpella un garçon qui s'appelait Maxime.

- Pourquoi dis-tu cela ? Demanda Nina.

- Elle est étrange avec sa façon de parler, sa façon de s'habiller. Elle est pas normale cette fille. Répondit Maxime.

- Moi je la trouve très mature et intelligente au contraire. Défendit Nina.

Valentine releva alors la tête. C'était la première fois qu'un enfant la défendait en public sur son Kanner. Matthieu qui avait aussi entendu ce qu'il s'était passé, arrêta sa lecture et alla à la rencontre de l'enfant qui avait défendu sa fille avec pour seul objectif de la remercier:

- Bonjour. Excuse-moi de te déranger, je m'appelle Matthieu, je suis le père de Valentine.

- Bonjour monsieur, je m'appelle Nina.

- Merci d'avoir défendu Valentine. Ce n'est pas toujours facile pour elle. Elle a un trouble qui lui empêche de faire certaine chose mais dans l'ensemble, elle se comporte comme une petite fille de 7 ans. Expliqua Matthieu.

- De quoi souffre Valentine ? Demanda Nina curieuse.

- Tu promet de ne pas te moquer ? Demanda Valentine.

- Bien sûr. Sourit Nina.

- Voilà, Valentine souffre du syndrome de Kanner, elle a la mentalité d'un bébé de 2 ans et des poussières et donc je te laisse deviner ce qu'elle fait au quotidien. Je ne voudrais pas attirer les regards de certaines personnes. Prévint Matthieu.

- Oui, je vois. Ne vous inquiétez pas. Valentine est vraiment une fille sympa malgré son handicap. Rassura Nina.

- Nina. Pourquoi parles-tu à cet inconnu ? Tu vois bien qu'il est louche. Arriva la mère de Nina.

- Veuillez m'excuser madame. Je suis le père de Valentine que voici. Présenta Matthieu.

- La maman n'a pas pu venir ? Demanda la mère de Nina.

- La mère de Valentine est morte en lui donnant naissance. Répondit Matthieu.

- Je suis désolée. Mais je ne veux plus que vous ou votre fille approchez la mienne. J'ai entendu de quoi souffrait votre enfant. Et je ne veux pas qu'un bébé qui porte des couches et boit au biberon devienne amie avec ma fille. Termina la mère de Nina qui quitta Matthieu et Valentine.

A l'entente de cela, Matthieu et Valentine venait d'assister à une humiliation à laquelle aucun des deux ne s'attendaient. Par la suite, les copains de Nina de tout à l'heure, ayant entendu que Valentine portait des couches et buvait au biberon, s'étaient mis à se moquer de cette dernière en la traitant de tout les noms possibles et inimaginables:

- Elle porte une couche, ce n'est qu'un bébé ! Fit un enfant.

- Retourne à la crèche. Fit un autre.

Très vite, des bruits couraient dans le parc, pointant du doigt Matthieu en particulier qui donnait le mauvais exemple pour éduquer sa fille Valentine. Mais il aurait beau expliquer que Valentine avait ces besoins spécifiques pour son handicap, les personnes qui n'étaient pas initiées à ce trouble voyait cela plutôt comme un caprice de l'enfant qui refusait de grandir et de se prendre en main. Puis venait les regards inquisiteurs, les messes-basses, ceux qui les dévisageaient, bref, ce n'était pas le moment de s'attarder dans le parc.

Matthieu voyait bien que Valentine, même si elle ne pleurait pas, se sentait mal à l'aise et déprimée de ce qu'elle venait de subir. Pire encore, elle avait fait pipi dans sa couche, et elle avait fuit, Valentine était toute mouillée. Elle avait besoin d'être changée rapidement. Mais pas dans le parc. Matthieu n'attendit pas plus longtemps, il s'élança dans la rue avec sa fille dans les bras et disparu des regards des parents neurotypiques qui jugeaient l'incompétence de Matthieu en tant que père.

De retour à l'appartement, Matthieu changea sa fille et lui enleva ses vêtements qu'il mit au sale. Mais alors qu'il s'apprêta à sortir de nouvelles affaires pour Valentine, cette dernière intervint et dit:

- Papa, je ne veux pas de vêtement. Je suis un bébé. Je veux juste ma couche et mon doudou pour l'instant.

- Bon très bien. Je te laisse juste en couche pour l'instant. Tu as bien mérité un petit caprice après ce qu'il s'est passé tout à l'heure, mais cette nuit, tu mettra ta grenouillère et tu dormiras avec moi.

- D'accord papa. Fit Valentine.

C'est alors que Valentine resta dans le salon vêtue uniquement de sa couche comme seul vêtement, en compagnie de son doudou. par la suite, son père lui apporta un biberon de lait qu'elle sirota devant la télé. Matthieu avait l'air de se sentir impuissant. Mais bientôt, il fallait qu'il se reprenne en main pour que Valentine puisse agir comme une grande les prochains jours. Parviendra-t-il à le réaliser ? Matthieu voulait en être persuadé.

Le Combat d'un PèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant