Vampire Académie (Olone Nero t. 1) [TERMINE]

Chapitre 13

  Après deux ou trois bières additionnelles, nous décidons de rentrer à l'Académie. Les cours commencent tôt, et j'ai décidé de me lever deux heures plus tôt que d'habitude, afin de reprendre mes entraînements. Je n'ai toujours pas digéré l'humiliation que j'ai subie dans l'arène, de la part de Ryder. Je ne pense vraiment pas qu'il me laissera gagner une seconde fois, et je suis presque sûre qu'il va participer aux Arènes Sanglantes.

  Nous passons la grande porte de l'entrée. Avant de nous séparer, Hélios me propose de passer avec lui à la bibliothèque, mais je décline car il est beaucoup trop tard. Il ne me reste que quatre heures de sommeil, et mon corps est presque au stade de décomposition.

  Je marche en direction de  mon dortoir, mais une intuition soudaine me pousse à faire demi-tour, et à gagner la bibliothèque. Le besoin se fait très fort, et je presse le pas. Tellement fort que je me mets presque à courir.

  J'arrive à une intersection, et entend des voix sortir d'une des portes du couloir, à moitié entrebâillée. Ce n'est pas dans mon habitude d'écouter, mais quelque chose me pousse à m'arrêter et étendre mon ouïe. Une femme et un homme se disputent, et il me semble que je reconnais la voix féminine.

- Duncan, elle va devenir beaucoup trop forte. Nous ne pouvons pas nous permettre ça.

- Rachel, écoute moi.

  J'entends des bruits étouffés de baisers, et hausse les sourcils. Ce n'est clairement pas une discussion à laquelle j'ai envie d'assister. Je m'apprête à tourner les talons, quand je comprends tout à coup qu'ils parlent de moi. Mon cœur commence à battre très vite, et ma respiration se bloque dans ma gorge.

- Elle va bientôt développer d'autres pouvoirs. Eau, puis Sable, puis de nouveau Eau ? C'est sur que c'est elle. Il faut l'éliminer, chuchote la voix féminine. Ne nous pouvons pas nous permettre de la garder, elle va devenir beaucoup trop dangereuse.

- Sommes-nous sûrs que c'est elle, et que ces autres pouvoirs vont se développer ? La prophétie parle d'une classe quatre, possédant de multiples pouvoirs.

- Je ne me trompe jamais. Et en plus, elle a le fourreau magique. Tout concorde.

- Rachel. Comment comptes-tu justifier auprès de l'entièreté des élèves sa disparition ? Je propose que l'on lui laisse du temps, pour voir si ses autres pouvoirs se développent. Elle n'a même pas réussi à produire un seul grain de sable, tu l'as vu par toi même. À aucun moment cet être inférieur va débloquer les pouvoirs restants. Je n'y crois pas une seule seconde, rétorque la voix masculine.

   J'entends des pas résonner au loin, se dirigeant droit vers ma position. Je me dépêche de sortir de mon coin, et de partir à toute vitesse. Je ne peux m'empêcher de jeter un coup d'œil rapide, pour confirmer ma nette intuition. Et en effet, elle ne trompe pas. C'est bien la Directrice, reconnaissable entre milles à sa crinières blanches, qui se trouve dans les bras d'un certain homme de très grande élégance, que je n'ai jamais vu à l'Académie. Un long manteau couvre son corps entier, mais je le devine être Chevaucheur, de part ses cheveux noirs et un tatouage dépassant de l'ourlet de son vêtement, ornant son cou puissant.

  Les pas se rapprochent de plus en plus, et j'essaye d'ouvrir les portes unes une par unes, dans l'espoir d'en trouver une déverrouillée. Bingo ! Je m'introduis précipitamment dans la salle, ferme la porte derrière moi et m'adosse dessus en soufflant.

  Mais qu'est ce que je viens d'entendre ? Je n'ai pas compris un traître mot de ce qu'ils ont dit. Mais en réfléchissant rapidement, la conclusion suivante parvient très rapidement à mon esprit : si je montre que j'ai plus de pouvoirs, je suis morte. C'est aussi simple que ça. Personne, je dis bien personne, ne doit en aucun cas savoir que j'ai également senti du Sable pendant le combat.

  Je me concentre quelques instants, et tente de ressentir l'endroit au plus profond de moi, dans une zone reculée au fond de mon cerveau, là où j'ai pris l'habitude de sentir l'Eau depuis que je suis née. Ils sont bien là. L'Eau, mais aussi le Sable. Il y a même quelques choses en plus, que je ne parviens pas à identifier.

  Je me laisse glisser au sol. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive. Comment est-ce que je peux posséder un pouvoir d'une autre caste différente ? Et quelle est cette prophétie dont il est question ?

   Hors de question que j'en parle à Hélios. Je lui fais confiance, et c'est mon ami. Mais c'est ma vie qui est en jeu. Pour peu qu'il existe une Caste inconnue sur le campus capable de retirer des souvenirs d'un cerveau, et il est cuit. Non, je ne veux pas le mettre dans le pétrin par ma faute.

  Il faut que j'apprenne à maîtriser ce Sable en cachette. Pour ne pas en sortir par inadvertance, le jour où je péterai un plomb pendant un combat où quelque chose dans ce genre là. J'ai la fâcheuse tendance à ne pas réussir à me contrôler, apparement, quant il est question de coup de pieds et de poings.

  Je me rends compte que je n'ai même pas fait attention à l'endroit dans lequel j'ai atterri. C'est une salle de classe classique, avec un tableau à craie tout à fait banal. Je vois des livres entreposés au fond, sur une étagère. J'en saisis un, par pure curiosité. Il est intitulé « Suprématie des Chevaucheurs ». Je le jette, comme si je m'étais brûlée avec.

  Ces Chevaucheurs commencent vraiment à me taper sur le système, à se croire au-dessus de tout le monde. Certes, ils peuvent voler à dos de leur Créature, et plein d'autres choses, je pense, carrément géniales. Non que je sois jalouse. Mais c'est vrai que j'aurais bien aimé naître Chevaucheuse. Ne pas avoir autant de problèmes, avec supplément accès automatique à l'Armée. Incroyable.

  Un bâillement, suivi d'un autre, me secouent le corps en entier. Je décide de regagner mon dortoir, et pour de vrai, cette fois-ci. Je sors de la pièce, en prenant le soin de refermer doucement la porte, sans la faire grincer. Et alors que je me retourne, je vois mon second cauchemar apparaître devant mes yeux.

- Qu'est ce que tu fous ici ? m'aboie dessus Ryder.