Vampire Académie (Olone Nero t. 1) [TERMINE]

Chapitre 18

Je passe ma langue sur mes crocs, en me préparant mentalement à ce qu'il va m'annoncer. Quand Hélios à quelque chose à me raconter, c'est généralement des révélations à tomber d'une falaise.

-    Hier soir, en sortant de la bibliothèque, j'ai entendu une discussion, souffle mon ami.

Mon rythme cardiaque monte en flèche. Aurait-il entendu la même chose que moi ?

-    Il y avait la Directrice, et justement l'oncle de ton petit-ami Chevaucheur, dont je te parlais. Ruar. Ils parlaient de toi.

Il marque un temps d'arrêt, pour voir ma réaction. Je reste complètement neutre, sans montrer d'émotions.

-    Concrètement, tu serais l'objet d'une prophétie, et ils veulent t'avoir près d'eux. Tu te rends compte de ce que ça signifie ?

Qu'ils veulent m'exterminer, si jamais ils constatent une acquisition nouvelle de pouvoirs additionnels ?

Hélios fronce les sourcils, et je me rends compte que j'ai parlé à voix haute. Génial Olone, continue comme ça. Ne maîtrise surtout pas ta langue, tu as raison.

-    Comment ça, te tuer ? Ils parlaient de te mettre avec les Chevaucheurs, si tu gagnes la prochaine Arène Sanglante. Ils veulent t'avoir près d'eux, en tant qu'alliée et non ennemie, pour pouvoir garder un œil sur toi.

J'essaye de digérer ce qu'il vient de m'annoncer. Les Chevaucheurs ? Mais je n'en suis pas une ! Et attendez, il a bien dit Ruar ? Donc le fameux Duncan qui embrassait la Directrice serait l'oncle de Ryder ?

-    Hélios, le questionné-je, en hésitant, est-ce que Ruar est un prénom ou un nom de famille ?

-    Ruar Duncan. C'est comme ça que s'appelle le conseiller du Roi. C'est de lui dont je te parlais.

Cela expliquerait pourquoi Ryder fait une fixette sur moi.

-    Et Olone, rajoute Hélios, la Directrice voulait clairement te faire tuer. Je ne sais pas ce que l'oncle de Ryder à avoir avec toi, mais il t'a sauvé la mise en argumentant en ta faveur. C'est lui qui l'a persuadé de te garder en vie. Ce n'est pas non plus une bonne chose, car ils comptent utiliser ton mystérieux « don » aux fins de la Couronne, s'il se manifeste d'une quelconque manière.

Je suis à deux doigts de faire une crise cardiaque. Cette information est incroyable. J'ai un billet aller direct pour l'Armée qui m'attends, à ce que je viens d'entendre. Il faut que je gagne impérativement ces Arènes. Il n'y a plus de temps à perdre. Il faut que je m'entraîne, que je surpasse Ryder. Je dois lui trouver une faiblesse, quelque chose, n'importe quoi qui me permettrait de le battre. Il en a forcément une.

Mon excitation palpable n'échappe pas à la vigilance de mon ami, et il me regarde d'un œil circonspect.

-    Très bien. Je vois que tu n'as absolument pas peur de mourir et d'être le centre d'un complot aux proportions monstrueuses.

-    Pas du tout. Si ça me permet d'accéder à la Garde, je suis prête à tout tenter, Hélios, lui expliqué-je.

-    Éclairé moi juste sur un point. Es-tu au courant de quelque chose sur ces pouvoirs multiples, dont je ne sais pas ?

Je me mordille la lèvre inférieure. Est-ce que pour une fois dans ma vie, je peux faire confiance à quelqu'un ? Serait-il probable qu'Hélios soit un espion direct de la Directrice, et la partie manquante de l'échange verbale entre la directrice et l'oncle de Ryder est juste une pure invention de sa part ? Non, il n'est pas comme ça. Je le sens au plus profond de moi-même. Ce type est rempli de bienveillance et de gentillesse.

Je ferme brièvement les yeux, et lui avoue tout d'une traite :

-    Je peux contrôler le Sable et l'Eau.

-    Pardon ? s'écrie-t-il. En es-tu sûre ? As-tu essayé ?

-    Non, je n'ai pas essayé. Mais je le sens, au plus profond de moi. Et puis, il y a un autre truc dont tu n'es pas au courant, dis-je, honteuse.

-    Qu'est ce qui pourrait être pire à ce stade ?

Je dénoue mon chignon, et lui montre mes cheveux. Ses yeux s'écarquillent de stupeur quand il voit les dégâts capillaires.

-    Enfer et damnation ! Quel est ce foutoir ? n'en revient pas Hélios.

Il prend ma crinière dans ses mains, et examine les pointes avec attention. Inspire de l'air, et l'expire longuement. Réfléchis intensément.

-    C'est la preuve directe que tu possèdes les deux pouvoirs. Le corps ne ment jamais. Reste à savoir de quelle manière ils se sont manifestés, et pourquoi seulement maintenant, après seize ans d'existence.

-    Il faudrait qu'on trouve cette fameuse prophétie aussi, dont il est question, ajouté-je.

-    C'est un bon point de départ. Également, il faudrait que...s'arrête Hélios soudainement.

Il me regarde, et ses yeux brulent d'une idée nouvelle.

-    Tes deux parents, se sont bien des Eau ? me questionne-t-il.

-    Je ne vois pas où tu veux en venir.

-    Peut-être que...tu devrais aller les voir, et leur demander ce qu'il se passe. Je pense qu'ils le savent. C'est impossible que deux Eau produisent un vampire comme toi, et de toute façon, même si le mélange intra Caste est prohibé, dans les rares cas où deux vampires différents se reproduisent, c'est toujours un pouvoir qui domine l'autre. Il y a forcément anguille sous roche quelque part, une information qui nous échappe.

-    Tu veux dire qu'il y a baleine sous gravillon, essayé-je d'effectuer une tentative d'humour, afin de détendre le stress qui commence à me gagner.

Parler avec mes parents ? Ma mère ne sait même pas que je suis au courant pour son secret. Comment vais-je amener mon cas sur le tapis, sans lui parler de ce dont je suis au courant ?

Hélios ricane, et soudain revigoré par l'idée d'effectuer de nouvelles recherches, me propose de passer la bibliothèque au peigne fin. J'acquiesce, et me dirige vers le fond. Lui s'occupe de la partie nord.

J'essaye de trouver un livre dont le titre serait en lien avec « plusieurs pouvoirs » ou « mutation », pendant que mon ami cherche quelque chose qui pourrait nous avancer sur la prophétie.

Je passe de rayonnages en rayonnages, en faisant taire mes pensées négatives. Mais l'idée d'en parler à mes parents me terrifie de plus en plus. Et si, à cause de moi, notre famille éclate ? Ce secret pourrait tout briser entre mes parents. Je suis persuadée que mon père n'est au courant de rien.

Je soupire, et me laisse glisser contre les étagères. C'est beaucoup, ce poids sur les épaules. Mais je dois me ressaisir. Je peux le faire.

-    Bingo ! s'écrie Hélios. J'ai trouvé.