- Tu es certaine qu'on devrait aller à ce dîner, Alice ?
La nuit était déjà tombée sur Londres, plongeant la ville dans une obscurité glaciale, balayée par les vents de l'hiver approchant. À la lueur des chandeliers, Lily était assise sur son lit, alors que sa soeur terminait de se préparer. Cette dernière lâcha un soupir bruyant avant de répondre en finissant de se coiffer:
- Oui, nous ne pouvons pas refuser l'invitation de Sir Richard, ce serait incorrect. Elle esquissa un sourire taquin. D'ordinaire, c'est toi qui me fait des leçons de politesse !
- Maman n'approuverait sans doute pas que nous y allions sans chaperons...
- Maman est encore coincée au siècle dernier, avec ses principes démodés. Répliqua son ainée avec une moue suffisante. Et puis il est hors de question que nous emmenions la cousine Adélaïde ! Elle passerait son temps à parler de ses stupides poupées.
- Alice !
- Voyons, Lily, il faut que tu cesses de te comporter comme une petite fille ! Ce sera l'occasion de rencontrer du beau monde, et je suis certaine que l'on va beaucoup s'amuser.
Constatant qu'elle serait incapable de résonner sa soeur, Lily abandonna, jouant nerveusement avec ses gants en répondant d'un ton las:
- Si tu le dis...
Après avoir convaincu la cousine Adélaïde qu'elles allaient dîner chez une amie des Northampton, leur hôtesse les laissant partir sans discuter, bien trop occupée à coiffer ses compagnes de porcelaine, elles montèrent dans une voiture qui les mena au quartier de South Kensington, où elles descendirent devant une grande maison à la façade en pierres blanches, illuminée par de nombreuses lueurs.
Accueillies par un valet qui les conduisit à travers le hall immense de la demeure, les sœurs Northampton échangèrent un bref regard, partageant leur stupéfaction face à l'écrasante splendeur des lieux: tout comme son bureau, le manoir de Sir Wolfbann resplendissait, non seulement par sa taille et ses matériaux coûteux, mais surtout par les nombreuses œuvres d'art provenant des quatre coins du monde: c'était aussi impressionnant qu'intimidant, songea Lily. Comme si le monde entier appartenait au magnat de l'information.
Elles arrivèrent finalement dans un salon et le valet les annonça d'une voix claire:
- Lady Alice Northampton, et Lady Lily Northampton !
- Ah, bienvenue miladys !
Sir Richard s'approcha, un fin sourire aux lèvres. Lily remarqua que quatre autres invités, trois hommes et une femme, étaient déjà présents, observant avec intérêt les nouvelles venues et chuchotant entre eux. Après les avoir saluées par un baisemain, Sir Richard les fit approcher du centre la pièce, faisant les présentations:
- Ces charmantes demoiselles sont les filles du Comte Northampton. Et voici Sir Kenshire, le Colonel Doholovan, Mr. Chatelier et Signora Donatelli !
Restant auprès de sa soeur, Lily salua timidement les invités, dont certains noms ne lui étaient pas inconnus - celui de la femme en particulier -. Ce fut d'ailleurs elle qui engagea la conversation, alors que Sir Richard entraina Alice vers les autres invités pour discuter.
- Le comté Northampton... venez-vous du Weshire ?
- Du Somerset, Signora. La corrigea poliment la petite brune.
- Oh, pardonnez ma bévue, je ne suis arrivée que récemment en Angleterre. S'excusa avec un sourire sincère la dame, dont l'accent prononcé laissant deviner sans peine ses origines italiennes.
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Notre Devoir
Historical Fiction« La muse endormie », 1918, peintre inconnu. Un tableau exposé au Metropolitain Museum of Art, à New York, entouré de mystères. Des mystères que Mary Galloway compte bien résoudre, alors qu'elle doit affronter ses propres peurs et doutes. Dans sa q...