Néo-Terre, l'amour brisé

À toi, ma bien aimée

Le soir, vers 17 heures, Violet fut envoyé par Rouge dans le quartier de la Forge. Le chef révolutionnaire voulait qu'il accomplisse une simple mission: rendre le carnet, qu'il a lu en entier, à Philos. Pourquoi missionner son bras droit pour quelque chose d'aussi futile ? Car cet acte était plutôt important en réalité, Violet devait convaincre Philos de s'associer à Rouge, et lui remettre le carnet pouvait le permettre. En sortant du haut bâtiment où Rouge était réfugié et qui était son cinquantième repaire, Violet croisa Sam qui allait entrer pour un entretien avec leur maître commun. Sam s'amusait à faire virevolter un couteau suisse autour de sa main, la lame frôlant sa peau à diverses reprises. Le bras droit de Rouge était dégoûté par cet homme qui aimait le danger et la douleur, mais il devait composer avec lui car il était le numéro 4 de l'Armée Sainte de la Nouvelle Révolution. Sam sourit en voyant l'homme mystérieux qui ne sortait jamais complètement masqué.

-Bien le bonjour, le masqué !  Beau temps, hein ? Quand il fera très chaud, tu mettras encore tous ces vêtements ?  Le ton mordant de Sam donnait envie à Violet de tuer Sam en l'étranglant. Mais s'il le faisait, Rouge le punirait. Sam s'avérait être un chouchou du chef. Il décida de lui répondre sur un ton similaire, initiant un jeu qui se jouait souvent quand les deux se parlaient, c'est à dire quasiment jamais car ils s'évitaient. Enfin, c'était le second de Rouge qui évitait le  blanc-bec qu'était le garçon au teint blafard. 

-Bonjour le cadavre... n'oublie pas, Rouge n'apprécie que ton efficacité. Si je lui ramène un jeune homme avec plus de force que toi, je pourrais te tuer en un rien de temps ! 

-Mais ça n'arrivera pas...je suis le M - E - I - L -L - E - U - RRRR ! C'est ainsi, mon très cher supérieur ! Alors, si tu me tues, Monsieur R. te... comment on dit, déjà ?... 

-Il me mutilera... 

-Exaaact ! Alors... dommaaaage !   Quand Sam avança pour être à deux pas de la porte, Violet lui prononça des mots glaçants.

-Je ne t'appréciais déjà pas avant... mais depuis que tu as mis à mort ton ancien père spirituel, je ne peux plus ne plus souhaiter de tout mon être de t'éviscérer.   Il partit sur ces mots que le jeune mercenaire oublia dans la seconde, insouciant comme il était.  En marchant dans les rues de la sphère intermédiaire des néo-quartiers, grandes et modestes, le sous-chef réfléchissait profondément. Est-ce que Philos pouvait réellement apporter à Rouge la victoire dans sa lutte ? Et est-ce que son influence serait forcément positive ? Après tout il savait que Rouge et Philos... non. Il devait rester concentré sur la mission que lui donnait son maître, sans opposer aucune contestation. Rouge savait ce qu'il faisait. Alors qu'il réfléchissait dans l'intérêt de son maître, de l'être qu'il révérait, qu'il aimait plus que tout, il arriva dans la sphère où vivait le jeune homme athlétique. Et également là où vivait la nouvelle cible du Chef...Borgne. Mais il ne devait rien faire pour lui, le courroux divin allait lui tomber dessus plus tard, ce n'était pas encore le moment. S'avançant dans le quartier de la Forge, il tourna à gauche de chez Borgne, traversa une large ruelle et continua tout droit. Philos vivait dans une petite maison bleue, plutôt agréable à regarder. Arrivé devant, Violet toqua à la porte d'un seul geste sec. La porte s'ouvrit seulement quelques secondes plus tard, dévoilant un Philos en sueur et torse nu. En observant ses pectoraux bien dessinés et son visage mignon dégoulinant de sueur, l'émissaire se sentit défaillir. Sous son masque, Violet rougissait terriblement. Après tout il était...  

En le voyant perdre de l'assurance, Philos se mit à rire. 

-Eh bien ? Que vous arrive-t-il ?

-Tu...peux me...tutoyer, Philos. Tutoie moi. S'il te plaît, après tout toi et Maître Rouge... 

-Hm ? 

-Ce n'est pas bien important ! Si je suis là...    L'homme franchit sans permission le pallier et entra dans la demeure, refermant la porte derrière lui.