Néo-Terre, l'amour brisé

Prologue

Ce récit est celui de la mélancolie né des espérances trahies, contant la fin de la vieille terre qui s'ouvrit en deux par la Hache de la désolation et donna naissance à la nouvelle terre, contenue dans son noyau, sortie de ses plaies pour constituer un monde ni meilleur ni pire. Différent. Il racontera également l'amour anéanti de deux âmes sœurs à cause de ce drame géant. Il racontera également l'avenir de la Néo-Terre. Son origine et son destin. Voici les deux pôles de ce récit aussi splendide qu'affreux. Chacun des deux pôles aura son protagoniste, se ressemblant comme des frères - ou plutôt...comme un grand-père et son petit-fils. Mais est-ce le cas ? Sont-ils vraiment liés ainsi ? Lisez ! Vous saurez. Vous saurez l'histoire de l'ancien et la destinée de l'actuel. La Terre était un monde autrefois paisible, désormais pénible, autrefois beau, désormais laid. Passé d'harmonieux à désharmonieux. Les ruines sont nombreuses. Votre serviteur, Hérodo, vivant en l'an 2161 se servira de souvenirs vieux de cinquante ans pour la scène principale, et du carnet laissé par le garçon maudit auquel une partie du récit sera dédié. Ce chapitre-ci communiquera les lamentations de ce - pauvre - jeune homme. C'est un tout petit récit, semblable à l'un de ces psaumes du vieux monde que récitaient ces croyants heureux et meurtris d'un ancien Dieu dont on a perdu la foi et le culte il y a de cela longtemps, bien longtemps, il y a un peu moins de cent trente cinq ans. C'est un poème, moins religieux qu'amoureux, transpirant d'un désespoir religieux, comme celui du prophète antique - dont la majorité des gens ignorent tout désormais - Jérémie, et d'une détresse tout aussi religieuse, comme celle du prophète-roi David, lui aussi perdu dans le temps.

Vous comprendrez, tremblants, au fil du récit, petit à petit la portée et la signification réelle de ces jérémiades que vous lirez très bientôt à la suite de ces lignes, et qui était ce jeune homme qui pleurait ainsi contre un mur. Conjurant un quelconque Dieu de les délivrer, lui et ceux qu'il aimait, de la damnation qui les frappait. Ce sont probablement les dernières lignes tracées de sa main fiévreuse et défaillante.

«Je n'ai pas toujours été parfait dans la foi... j'ai douté, énormément de fois, Seigneur, mon seul secours dans ce moment plus horrible que toute ma vie entière remplie de malheurs... mais Seigneur... sauve nous, délivre la au moins du malheur qui s'abat sur nous...sauve ma seule joie, mon seul bonheur, la seule chose qui m'importe: cette fille qui fut pour moi comme un soleil insolant, ravivant mon cœur meurtri de mille blessures mortelles. Sauve la et je t'offre mon être en sacrifice !Sauve la et je meurs... je sais que tu es un Dieu jaloux, mon Dieu, et qu'elle a pris dans mon cœur la place qui te revenait, toi mon Créateur, mais... sauve la malgré tout, et elle te rendra toute cette gratitude pour toi. Je suis impie d'écrire une telle prière profane... je suis infâme. Que ma mort sauve les autres ! Mes ennemis avaient raison: plus de salut possible pour lui auprès de Dieu !... je vais rayer ce que j'ai écrit là, car... si...tu sauves ma tendre, ce ne serait pas de mon fait, mais entièrement celui de ta Bonté, et car c'était ton dessein dès le départ, avec ou sans moi qui ne vaut rien, je suis le plus infâme qui soit. Dieu !Détruis moi, mais ne détruis pas ce monde car il m'a tant haï qu'il en est innocent à tes yeux ! Il est même sacré. Maudis moi mais ne maudis pas ce qui est cher à mes yeux, car elle se repentira de mes péchés, elle si pure...» Un si déchirant poème, à la frontière entre le psaume et le poème profane et sensuel, qu'il raya, puis réécrivit pour au final en déchirer la page et la mettre dans une certaine capsule avec un téléphone et un cahier, ainsi qu'une photo. Pourquoi fit-il ça ? Le temps seul vous le dira. Rendez vous 85 ans plus tard, dans le monde à moitié sauvegardé par Dieu, à moitié anéanti à jamais.