Evan

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Suite du dernier chapitre !
Tw : Mention de suicide 

La salle d'attente était presque vide, silencieuse, Evan entendait seulement son coeur tambouriner dans sa poitrine et les sanglots étouffés de Mona, la mère d'Ivy. Les regards de pitié de la dame d'accueil faisait enrager Evan, il ne voulait qu'une chose, qu'on vienne lui expliquer ce que signifiaient les allers-retours du personnel soignant et que quelqu'un se décide enfin à le laisser aller voir sa petite-amie. 
Cette soirée là, Evan avait été appelé vers minuit par la mère d'Ivy en panique, elle lui avait expliqué assez rapidement la situation et l'avait prié de la rejoindre d'urgence chez elle pour l'aider. En rentrant du travail, elle avait retrouvé Ivy dans son lit, dans un premier temps elle avait pensé que sa fille dormait mais la respiration irrégulière qu'elle avait l'avait alerté. Finalement, elle avait remarqué les boites de médicaments près du lit de la jeune femme mais surtout une lettre assez alarmante sur son état mental et les raisons de son geste. 

-Madame Perkins ! appela un infirmier 
-O...Oui ? articula-t-elle entre deux sanglots 
-Veuillez me suivre. 

Evan aida Mona à se lever puis l'accompagna, l'infirmier leur fit traverser un dédale de couloir puis les fit entrer dans un petit bureau assez peu meublé, l'endroit était oppressant et l'air grave de l'infirmier aida Evan a comprendre. Il savait déjà ce qui allait arriver, quelle phrase allait être prononcée, il l'avait déjà expérimenté...Il voulait simplement s'accrocher à un espoir, aussi infime soit il...Il en avait besoin...

-Je vous conseille de vous asseoir. dit l'infirmier en faisant de même 

Mona se tourna vers Evan, l'air apeuré, elle chercha un soutien dans son regard mais il ne pouvait rien faire, rien changer alors il se contenta de l'aider à s'asseoir en lui adressant le sourire le plus sincère qu'il pouvait puis fit de même sans lâcher la main de Mona, qu'il avait prit quelques minutes plus tôt. Elle aussi se doutait, elle savait très bien ce qui allait se passer, elle avait entendu ses mots pour son grand-père, sa grand-mère puis ses parents...mais jamais elle ne s'était imaginé qu'elle les entendrait pour sa fille, non, cela aurait dû être l'inverse. 

-Madame Perkins. dit difficilement l'infirmier 
-Dites moi. 
-Votre fille, Ivy Perkins...Nous a quitté aujourd'hui à 4h09. Mes sincères condoléances, nous avons fait au mieux pour l'aider. 

Evan sentit la main de Mona quitter la sienne pour s'effondrer près de son corps, elle s'était évanouie. L'infirmier ne perdit pas de temps pour réagir et fit appeler ses collègues, en à peine deux minutes Mona était entourée de cinq personnes qui l'emmenèrent ailleurs, sûr un brancard. Evan fut laissé seul. Il se laissa tomber sur la chaise qu'il avait quitté plus tôt et fondit en larmes. Il s'en voulait du plus profond de son être, il s'en voulait de ne pas avoir remarqué la détresse d'Ivy, d'avoir penser que ce n'était que passager, il s'en voulait de ne pas l'avoir raccompagnée chez elle, de ne pas l'avoir suivie quand elle a anormalement insisté pour qu'il reste avec elle. Il se sentait coupable. Tellement coupable. Un lourd poids venait de s'ajouter à sa conscience. Un sentiment horrible lui tordait l'estomac. Sa respiration était coupé. L'air était irrespirable. 
Le soleil commençait à se lever, c'était injuste, pourquoi le sien s'était éteint ? Comment allait-il rire alors qu'il pleurait son amour perdu ? Comment allait-il faire ses adieux alors qu'il voulait à tout prix qu'elle reste ? Comment allait-il annoncer sa mort alors qu'il ne s'y était pas encore fait ?  Comment allait-il vivre alors qu'il voulait déjà la rejoindre ? 

-Excusez-moi ? 
-Oui ? répondit Evan
-Madame Perkins s'est réveillé, elle va bien mais ne désire pas de compagnie, elle me fait vous dire que vous pouvez dormir chez elle ce soir, dans la chambre de sa fille. Voici les clés. Elle m'a aussi demandé de vous donner cette lettre. 
-Merci... 

L'infirmier lui fit un sourire triste puis l'invita à sortir, pendant qu'il marchait, Evan ouvrit la feuille qui avait été plié en quatre. Dessus se trouvait une écriture informe, brouillonne, bien loin de l'écriture fine et soignée d'Ivy. Il poussa un long soupir, les mains tremblantes et entama sa lecture.

À Evan,
Si tu lis cette lettre c'est que j'ai perdu le peu de courage qu'il me restait. Je ne peux plus, je ne tiens plus. Evan je t'aime, comme je n'ai jamais aimé, mais ta seule présence ne suffit plus, je ne tiens plus. Clara et Mathéo vont avoir ce qu'il voulait...

Evan rangea le papier après avoir lu ces deux prénoms, il n'avait pas la force d'en lire plus...Il ne voulait pas en lire plus.
Tout avait toujours été sous ses yeux et il ne s'en était pas rendu compte. Depuis plusieurs semaines, Clara et Mathéo s'acharnaient sur Ivy mais il n'avait pas réagi...du moins pas assez. Tout son groupe d'amis avait au moins crisé contre eux, mais rien n'avait été fait, car Ivy ne voulait pas que ça se sache. Elle restait persuadée qu'ils changeraient et aveuglément Evan avait fini par y croire, voilà où il se trouvait maintenant...Il avait perdu l'être qui occupait tous les jours son esprit, sa raison d'être depuis qu'elle était arrivé.

Il avait marché jusqu'à la maison d'Ivy, les mains dans les poches, les larmes dévalant ses joues et la culpabilité le rongeant, il monta à l'étage puis il entra dans cette chambre qu'il connaissait maintenant par cœur. Toutes les affaires présentes dans la pièce étaient désormais sans propriétaire, elle ne serait plus jamais utilisées, elles lui avaient toutes appartenues à part peut-être quelques t-shirt dans l'armoire qui attendaient que Evan vienne les récupérer. Le jeune homme s'asseya sur le lit, fixant la porte, s'attendant peut-être à la voir revenir et se jeter dessus en lui souriant, comme d'habitude. Ou alors elle allait venir s'asseoir à son bureau et faire ses devoirs avec son copain. Peut-être viendrai-t-elle lui proposer de regarder un film avant d'aller se coucher ?

Non. Ce n'était plus possible. Plus rien ne serait possible. Elle n'était plus. Le cœur d'Evan non plus.

OS FLY : Forever Loving YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant