Leslie
Je referme la porte d'entrée et m'appuie contre le battant. Me voilà seule face à moi-même. Libre de mes mouvements et pourtant prisonnière de la pire expérience de ma vie. Les images ne s'effaceront jamais, les sons qui ont accompagné ces heures cauchemardesques ne s'atténueront pas. L'atterrissage sans ménagement sur le sol du fourgon, l'odeur écœurante de la capuche sur mon visage, les yeux cruels de mon ravisseur, son rire pervers en examinant ma photo. Et le vacarme des armes, la peur immonde de mourir sous les balles, alors que je pensais avoir atteint le summum de la terreur.
Je suis en état de choc. Il y a deux jours, j'étais une femme libre, une secrétaire de direction comblée aussi bien sur le plan personnel que professionnel. J'avais une vie enviable pour beaucoup, un salaire plus que décent, une maison victorienne dans le quartier chic de l'Alphabet (1). J'occupais depuis peu le poste de directrice financière par intérim dans l'entreprise qui m'emploie depuis cinq ans. J'étais fière de la confiance que mon patron, Mikhaïl Volkov plaçait en moi. Une belle réussite qui faisait des envieux à News Technologies. Comment expliquer les événements de ces dernières vingt-quatre heures ? Ai-je été victime d'une vengeance ? Livio en est-il à l'origine ? Non ! Pour la centième fois : non, c'est impossible !
Appuyée contre la porte, je laisse les larmes couler en silence. La maison est si calme, trop calme, aussi lugubre que mon état d'esprit. Que vais-je devenir ? Comment surmonter un tel traumatisme ? Je dois me faire aider. Non ! Tu t'en sortiras très bien toute seule ! Combattre le mal par le mal, voilà ce que je dois faire. Reprendre le cours de ma vie, affronter la rue sans imaginer mon prochain enlèvement au détour d'un immeuble, me plonger dans le travail, sortir, rire, m'amuser. Faire l'amour. Si seulement Livio n'avait pas rompu notre pacte, je l'aurais appelé dès ce soir. Me noyer dans la luxure, en voilà une belle décision !
Mais je suis toujours en danger, je le sens, et quiconque me fréquenterait de trop près pourrait l'être aussi. Les hommes qui m'ont enlevée ne renonceront pas au gain que je représentais pour eux. Ils me retrouveront, j'en ai la certitude. L'homme à la longue barbe noire et aux yeux cruels me destinait à une vente aux enchères humaine.
Je presse mes paumes contre mes oreilles. La fusillade reprend, les cris, les râles d'agonie autour de moi, tandis que je me cachais dans l'angle de la pièce où j'étais retenue. À cet instant précis, celui qui m'a relevée et m'a bloquée contre son torse ne pouvait être qu'un ennemi. Même son « chuuut » était un danger à lui seul.
Je me décolle de la porte et m'avance dans le salon d'un pas mécanique. Il est deux heures du matin. L'homme à la carrure impressionnante est venu me chercher il y a un quart d'heure tout au plus. Je n'étais pas détenue très loin de chez moi. Malgré mes efforts pour reste réveillée, je m'étais endormie. Je l'ai reconnu à ses yeux très noirs et à son odeur de cuir. Il a griffonné quelques mots sur son carnet avant de me le tendre : « Vous descendrez au déverrouillage des portes. » Rien de plus.
J'ai été conduite dans ce qui semblait être un garage, à en juger par l'odeur d'huile et de gaz d'échappement qui y régnait. Les lumières étaient éteintes. J'ai trébuché plusieurs fois, je serais tombée si mon guide ne m'avait pas retenue fermement par le bras. Une voiture était stationnée, moteur en marche. Je me suis retrouvée dans un espace clos, vitres noires des quatre côtés. Un claquement sec a signalé le verrouillage des portes, à peine étais-je assise à l'arrière. Je n'ai eu aucune possibilité de voir mon chauffeur, ni quoi que ce soit d'autre quand la voiture s'est mise en marche.
Lorsque mon bienfaiteur a déclenché l'ouverture des portes, je n'ai pas pu m'empêcher de le remercier à travers la vitre de séparation. Si aucun d'eux ne m'a expliqué les raisons de mon sauvetage, je n'ai rien à reprocher à ces hommes, j'ai été bien traitée pendant mon bref séjour. Le fait qu'ils aient tenu à leur anonymat m'a sauvé la vie, j'en suis persuadée. Je me demande vraiment à quoi je dois leur aide. Peut-être appartiennent-ils à une bande rivale de mes ravisseurs.
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Le Survivant - la bratva Volkov - tome 2 [terminé]
RomanceLes 10 premiers chapitres sont disponibles - profites-en. ---------- Ce tome 2 reprend un élément non résolu du tome 1, sur les points de vue de Nikolaï Vassiliev, le bras droit de Mikhaïl Volkov, et de Leslie Johnson, la secrétaire de direction de...