Chapitre 18

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السلام عليكم ورحمة الله تعالى وبركاته

Elle continue de me regarder avec ce regard rempli de peine. Je n'en veux pas de sa peine. Je ne supporte pas de susciter de la peine et de la compassion à mon égard, je me soigne très bien seule.

Faux. J'ai besoin de soutien. Je sais qu'il y a toujours pire que moi. Mais tout ce que j'ai traversé est vraiment destructeur et déstabilisant. Je ne sais pas comment j'ai fait pour ne toujours pas sombrer dans la folie.

Khelti: Comme je te disais, ils ont tous au moins une photo de toi dans leur maison.

Moi: C'est aberrant. Aymen te les a montrées, n'est-pas?

Elle hoche lentement la tête.

Khelti: Je vais te dire quelque chose de choquant. Bon, j'avoue que tout doit être choquant pour toi depuis que tu nous connais.

Je fais un sourire triste. C'est vrai, tout est choquant depuis mais, j'ai fini par m'y habituer.

Moi: Oui, vas-y.

Khelti: Il y a deux personnes très particulières dans ce village. La première est une fille. Elle s'appelle Riham comme toi, elle est grande de taille, elle a les cheveux noirs longs et raides et les yeux gris. Elle a ton âge et est née exactement le même jour que toi. Elle ne te ressemble pas beaucoup physiquement. Si elle s'appelle aussi Riham, ce n'est pas un hasard.

Je fronce les sourcils. Une turque avec qui j'ai des points communs. Beaucoup de points communs.

Khelti: Ce village est un des nombreux villages de Turquie connu sous les poids des traditions injustes. En fait, les habitants se débarrassent des filles à la naissance. Ils les enterrent vivantes. Si la fille est la seule de tout ce village et qu'elle porte le même prénom que toi, ce n'est pas un hasard.

Je souffle. Je sens que je vais entendre encore quelque chose qui va me briser ce que les gens qualifient de cœur, ou plutôt, ce qu'il en reste.

Khelti: Ils l'ont gardée et l'ont nommée en ton honneur. En fait, je ne peux pas parler d'honneur parce que leurs intentions sont odieuses.

Je fais en sorte d'arrêter de bouger ma jambe.

Khelti: Ils comptent la sacrifier.

Je ne connais pas cette fille. Je ne l'ai jamais vue. Nous ne sommes pas amies. Mais, je ressens de la tristesse et surtout de la culpabilité. Au fond de moi, je suis triste pour elle comme je l'ai été pour Dounia ou Nour. C'est inexplicable mais fascinant. Nous sommes liées. Pas par le sang, certes, mais nous sommes liées.

Moi: Comment?

Khelti: Dans deux jours, à midi. Ils comptent la jeter de l'une des falaises les plus hautes de Turquie, voire même du monde. Riham, ils vont la jeter pour la livrer à Satan et bénéficier de beaucoup plus de pouvoir pour te faire du mal.

Elle se retient de pleurer. Moi aussi, mais je ne compte plus pleurer. J'en ai assez fait, c'est trop.

Moi: Et la deuxième personne, c'est qui?

On pourrait croire que je me fiche du sort de cette pauvre fille. Mais, je sais pertinemment qu'aucun de nous ne peut faire quoi que ce soit. Je me fiche de subir des sorcelleries ou autre mais je ne veux pas que quelqu'un meurt ou souffre par ma faute.

Je suis déjà responsable de beaucoup trop de sorts et de malheurs.

Khelti: Un homme, il s'appelle Aymen, oui, comme mon fils, et il a dix-huit ans.

Elle me regarde pour discerner une once de surprise ou d'étonnement, mais je ne laisse rien paraître. Je reste parfaitement neutre.

Mais quand même, c'est fascinant et subjuguant. Riham et Aymen.

Riham - La souffrance d'une âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant