Une nuit sous la neige, elle marchait le long de la route. Il était le milieux de la nuit, l'heure où il n'y a plus d'heure. L'heure où il n'y a plus de temps. L'heure où n'a de rythme que les pas dans la neige et le souffle de la marche. Il fait froid. Le vent par bourrasques irrégulières semble vouloir la ralentir. Mais qu'importe, elle doit aller à la maison. Elle doit aller voir la chienne. Elle avait promis. Elle doit l' emmener se promener.
Alors elle marche. Difficile de savoir si elle a vraiment froid, si elle est vraiment essoufflée. La respiration et la fatigue de l'effort sont simplement de vieilles habitudes.
Le regard sur ses pieds, car sans ça la neige s'engouffre dans ses yeux malgré ces cils, il ne reste qu'à penser à autre chose. Elle avait tellement hâte de revoir la chienne. Hâte de la rentendre "parler", dire "awwuawwuuaw" la queue battante lorsque qu'elle l'a voit.
Les semaines suivant son départ, la chienne était descendu plusieurs fois uriner dans son ancienne chambre. Curieuse manière d'exprimer que la chienne s'ennuyait d'elle.
Elle passe sous les gros pilones électriques qui gresillent continuellement. Elle regarde de l'autre côté. De l'autre côté de la rivière. La forêt. La pointe des américains. L'eau gelée. Elle irait promener la chienne sur l'eau gelée, comme elle serait contente! Comme elle s'amuserait!
Une fois à la maison, une fois la chienne retrouvée, elle retourneront une fois dans la forêt d'à côté. Juste pour refaire la balade habituelle. Après, elles traverseront la rivière gelée, peut être même marcher un peu le long du cours d'eau. Une fois à la pointe des américains, elles remonteront dans la forêt jusqu'aux rails. Oui! Et derrière les rails elles retourneront sur l'eau, au début du Lac. Il ne ventera plus. Peut-être neigera-t-il mais ça ne rendrait que plus belle la promenade.
Les gros flocons légers, qui se supendent immobiles dans l'air avant de poser chaque pied, entre chaque pas.
Toutes les deux, elles passeront une magnifique nuit sous la neige.