Un soir d'été à Audierne, quand il faisait si bon, elle était sur le muret avec tout le monde. C'était le feu d'artifice. Belle ambiance d'une ville pittoresque de nuit. Les lumières jaunes des lampadaires qui se reflètent sur l'eau du port. L'apaisement qui émanent des pierres encore chaudes de la journée. Le contraste des cheveux mouillés et propres après la douche post baignade avec l'air chaud et sec malgré la nuit. La très légère brise fraîche comme une caresse. Les pieds qui se balancent pendent dans le vide. Au dessus de l'eau du port.
Ce soir d'été à Audierne, il fait vraiment bon. Si bon, que ce soir devrait ne jamais finir. Le temps s'arrête. Elle descend du muret. Traverse la foule et leurs yeux grands ouverts vers le ciel. Puis elle marche vers les lumières des lampadaires les plus lointains. Le temps suspendu, elle ne risque rien.
Timide au début, face à cette ville qui semble si grande autour d'elle, elle arpente les chemins qu'elle connaît. Cette ruelle qui montent haut et vite. Au milieux de la pente, il y a un banc. D'ici, on peut voir tout le port. Le port en fête d'artifice. Même plus loin, après le pont, elle peut voir le beau manoir au bord de l'eau semblable à celui dans Souvenirs de Marnie. Le chat habituel lui rend visite. Pour lui, le temps ne s'est jamais vraiment mis en mouvement un jour. Il était venu à elles quand, des crêpes à la mains, elles se promenaient ensemble en riant. Elles étaient sûres que le chat ne s'intéressait qu'à leurs crêpes. Était ce des crêpes? Ou bien des kouign amann qu'elles ramenaient à la maison? Petit chat roux est câlins mais il aime surtout renifler les sacs tâchés de gras sucré digne d'une bonne pâtisserie bretonne. Elle le caresse. Pas de sac aujourd'hui! Quand elle se décide à avancer, il semble vouloir la suivre. Mais elle sait bien qu'il s'arrête quelques mètres plus loin. Il ne quitte pas son banc. Ou bien est il attaché à ce bâtiment en ruine? À ces beaux petits carreaux cassés qui ornent les murs toujours blancs malgré l'abandon?
Elle continue de marcher, se retourne une dernière fois faire une signe au chat qui l'observe assis paisiblement. Sa queue bat tranquillement.
Elle arpente comme ça tout ce qu'elle connaît déjà. La grande plage avec les lumières de l'autre côté de la baie. Il n'a jamais été possible pour elles de savoir si cette lumière clignotait ou pas, bougeait ou pas. Ce soir non plus elle ne sait pas. Puis la petite plage. Il y a t il du plancton fosforescent ce soir? Où sont les cténaires ? Et des crabes à marrée basse, tellement nombreux qu'il est impossible de faire deux pas sans en toucher un?
Elle avait toute la soirée pour répondre à ces questions. Elle allait continuer à errer dans les rues d'Audierne. Jusqu'à aller découvrir d'autres endroits. Voir ce qui se cache dans cette minuscule chapelle. Voir ce qui se cache dans cette belle prairie sauvage. Monter en haut d'Audierne, mais à une autre hauteur. D'un autre point de vue. Audierne en fête d'artifice durera encore. Et elle va essayer tous les points de vue sur le port. Un soir comme ça devrait ne jamais finir.
Un soir comme ça ne finira jamais.