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chapitre IX la folie de jasper
ooo.JE remonte le sentier à toute vitesse en longeant la forêt, et après une dizaine de mètres, j'aperçois un chemin s'en détacher. Je m'arrête à sa séparation au moment où Bellamy tente un dernier appel à Mark qui ne répond plus depuis plusieurs minutes.
— La pluie commence à se calmer. Tu es toujours avec moi ?, demande le brun et j'entends sa voix grave et pourtant faible, celle qu'il utilise lorsqu'il n'y a plus d'espoirs.
Je n'entends aucun bruit, ni même un grésillement et mon cœur s'emballe de plus en plus. Mes doigts se crispent sur la radio et je sens chaque muscle de mon corps se tendre. Le silence paraît si lourd, si bruyant et en même temps si étouffé.
— Mark, répondez, répété-je en fixant le bon sentier devant moi, les lèvres tremblantes. S'il-vous-plait...
—Dites nous que vous nous recevez, tente une nouvelle fois Bellamy et un long silence prend place où seule la pluie tambourinant sur mon casque me répond.
— Bell', l'appelé-je d'une petite voix.
—Robin, Bellamy, intervient mon père et une vague de regrets me traverse de la tête au pied, résonnant dans ma poitrine qui semble me comprimer les poumons. Vous avez fait de votre mieux.
— Non, j'ai échoué et ils sont morts, répondis-je et je sens mes larmes tomber.
—Ce n'est pas ta faute, réagit rapidement Bellamy.
— Je me suis trompée de chemin, bordel ! Ils sont morts à cause de moi, mes sanglots se firent entendre à travers la radio. Bien sûr que c'est de ma faute. Je pouvais les sauver et j'ai rien pu faire !
—Robin, ils étaient condamnés dès le départ, me rappelle mon père d'une voix calme. Tu as fait plus que ce que tu pouvais faire. Rejoins Bellamy dans le Rover et rentrez lorsque la pluie se sera arrêtée.
Mon cœur se serre un peu plus à l'idée de les abandonner derrière moi. J'ai échoué... Je retire le casque étouffant de la combinaison et la pluie chaude tombe rapidement sur ma tête. Je continue à fixer le sentier en face de moi comme si j'allais les voir courir dans ma direction, mais seulement un tourbillon de feuilles apparaît, suivit d'un coup de vent frais. Il me ramène sur terre et je fais silencieusement demi-tour, ma lampe torche devant moi.
Après quelques minutes de marches rapides, j'aperçois les phares du Rover et passe agilement par dessus le tronc. Je rentre par l'arrière et ferme la porte derrière moi dans un silence lourd. Je retire ma combinaison aussitôt et revient à l'avant du véhicule, reprenant ma place en face du volant. Je soupire en fixant la forêt devant moi avant de me tourner vers Bellamy qui m'observait déjà avec inquiétude. La pluie acide dégouline de mes cheveux aux épaules de mon t-shirt et je sais combien Bellamy se retient de ne pas me prendre dans ses bras, rien qu'à la manière dont son corps est penché dans ma direction.
