21-Elle

20 4 4
                                    

Quand Dohän m'invite à entrer dans sa demeure, il me fait visiter et j'en reste sans voix.

Je découvre une maison spacieuse avec de hauts plafonds et de grandes fenêtres laissant entrer beaucoup de lumière naturelle.

En premier plan, il y a un vaste salon avec des canapés d'apparence confortables et une cheminée décorative.

À l'étage, se trouve uniquement l'immense salle de danse, équipée de miroirs sur un pan de mur et un parquet en bois lisse. Elle offre suffisamment d'espace pour pratiquer différentes formes de danse.

La maison dispose aussi de plusieurs chambres spacieuses, d'une cuisine moderne et d'un jardin luxuriant où on peut se détendre après une séance d'entraînement.

- C'est gigantesque ! M'exclamé-je, ahurie. Et tu vis seul ici ?

- Oui, avec qui d'autre veux-tu que je cohabite ?

- Excuse-moi, mais ça te sert à quoi d'avoir autant d'espace ? Et surtout autant de chambres.

- Pour les amis par exemple, ou la famille. On ne sait jamais, répond-il en haussant les épaules.

- Des amis ? Tu en as ? Blagué-je tandis qu'il fuit mon regard.

Ça ne l'a visiblement pas fait rire.

- Choisis la chambre qui te plaît. Je vais me coucher, je suis crevé.

- Déjà ?

- Il est minuit passé, Riva.

- À qui la faute ?

Je passe une nuit reposante, au contraire de ce que je pensais. Le matelas ainsi que le linge de lit sont sacrément confortables.

Le lendemain matin, je me lève en douceur, me prépare et file dans la cuisine en sortant y trouver Dohän, en vain.

Je n'ose pas me servir dans les placards, après tout, je ne suis pas chez moi, j'aurais l'impression de rentrer dans l'intimité de mon hôte. Quoique j'ai déjà un pied dedans en y pensant

En pleine réflexion, j'entends la porte claquer derrière moi et une voix cynique.

- Je vais finir par croire que tu as un problème mental à force de rester enraciné comme tu le fais.

- Bonjour à toi aussi, Dohän ! J'ai bien dormi, merci ! C'est gentil de demander.

Il veut jouer la carte du cynisme ? Alors faisons comme lui.

- Tu t'es levée du pied gauche ce matin ?

- Du tout ! Je répondais à tes questions bienveillantes.

Le danseur me fixe comme si j'étais une écervelée, quand il cille plusieurs des yeux avant de reprendre :

- Bonjour, Riva. Bien dormi donc ?

- En effet. Tu étais où ?

- J'étais parti courir un peu.

Courir ? Il se moque de moi ? Il ne transpire pas un brin !

- Tu as mangé ?

Je secoue négativement la tête et celui-ci se lance dans plusieurs préparations étonnantes.

- Tu cuisines ?

- J'essaye, oui. Quand j'ai du temps libre. Ça a l'air de te surprendre.

Dohän paraît s'être adouci et j'en suis ravi.

- Sers-toi, ne te gêne pas. Je ne vais pas manger tout ça tout seul.

Ce qu'il a fait est un festin pour une famille entière ! Le petit-déjeuner comprend une variété d'aliments équilibrés pour démarrer la journée avec énergie. Des pancakes, des œufs brouillés accompagnés de tranches de pain complet grillé, agrémentés de quelques tranches d'avocat frais et de tomates cerises. À côté, deux bols de fruits frais, comme des fraises, des baies et des tranches de melon. Pour accompagner le tout, deux verres de jus d'orange fraîchement pressé et deux smoothies aux fruits pour une dose supplémentaire de nutriments. Et bien sûr, une tasse de café et de thé pour réveiller les méninges.

- Je n'arriverais jamais à tout manger.

Ce dernier me sourit avec le cœur, et une sensation étrange m'envahit l'estomac.

J'aime tellement quand il est comme ça, quand il est lui-même, le vrai Dohän, sans médisances, sans fioritures. Juste lui.

- Merci. C'est sympa de ta part d'avoir préparé tout ça. Surtout après ta séance de sport.

- Ça me fait plaisir.

Le reste de la journée, je la passe seule, de mon côté. Dohän a disparu après être parti à la douche.

Je décide donc de m'entraîner à l'étage, une heure passe quand j'entends quelqu'un monter les escaliers.

Tout d'abord contente de le revoir, je déchante rapidement quand je remarque la colère qui étreint son visage.

Qu'est-ce qu'il a encore ?

- Où tu as trouvé cet album ?

Celui-ci me montre la chaine-hifi ainsi que le boîtier en question.

- Il était avec les autres dans le tiroir sous ta chaîne.

- C'est impossible. Je pensais l'avoir jeté.

- Je n'ai pas été à la déchetterie, Dohän.

- La prochaine fois, demande-moi avant de te servir dans mes affaires...

- Ce n'est pas ce que tu as dit ce matin, répliqué-je, agacée par ses changements d'humeur.

Sans répondre en retour, il extrait le CD et le range dans son boîtier avec une telle hargne que je m'interroge.

- C'est quoi le problème ?

- Je ne veux pas entendre cette musique. C'est clair ?

- Ce sont tes chansons, Dohän. Où est le mal ?

- Justement.

Je compte bien en apprendre plus alors je le suis dans sa fuite, le harcelant de questions.

- Explique-moi ? Dohän ! Dis-moi pourquoi ? Je comprendrais sûrement !

- Retourne t'entraîner. C'est de ma faute, j'aurais dû être plus attentif et m'en débarrasser en amont, marmonne-t-il en le jetant dans la poubelle.

- Dohän !

Mon crie attire enfin son attention et ses yeux percutent les miens.

- Oubli, Riva. Passe à autre chose.

Ce dernier se repli sur lui-même. Il est totalement fermé à la discussion, ses épaules affaissées et son regard triste me touche. Il semble vouloir éviter toutes interactions avec moi. Quelque chose paraît l'avoir ébranlée dans le fait d'avoir utilisé ce CD.

Je n'insiste pas et préfère le laisser seul. Je tenterais d'en savoir un plus dans la soirée.

Let's Dance Où les histoires vivent. Découvrez maintenant