Jour 2 - Niccolò (Milan, Italie)

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          Niccolò inspira plusieurs fois, puis il se dirigea fermement vers la porte de son appartement.

Peine perdue. Arrivé à deux pas de l'entrée, il se figea et ses jambes refusèrent d'aller plus loin.

Allez ! Bouge ! S'intima-t-il.

En vain.

Son corps se mit à trembler des pieds à la tête et il commença à reculer sans parvenir à s'en empêcher.

La seconde suivante, il vit sa poitrine s'arrondir et ses formes se transformer pour devenir peu à peu celle d'une femme.

Son petit appartement milanais parut grandir autour de lui et elle fut de retour.

– C'est pas vrai ! S'écria-t-il avec une voix devenue plus aiguë.

Il serra les poings et des larmes de frustration jaillirent de ses yeux.

Il les essuya avec rage.

Depuis quand est-ce qu'il pleurait comme ça ?

Il leva la tête et prit le ciel à témoin, le poing brandit.

– Je ne suis pas une femme ! S'exclama-t-il. Je suis un homme ! Un homme vous entendez !

Mais le ciel semblait bien se moquer de ses hurlements.

De désespoir, Niccolò tourna les talons et il se laissa tomber sur son canapé.

Mieux valait prendre son mal en patience.

Depuis que cette malédiction s'était abattue sur lui hier, il avait découvert qu'il fallait au moins trente minutes pour qu'il redevienne lui-même.

À condition que je me calme, se dit-il. Sinon ça peut durer des heures.

Il attrapa la télécommande de la télévision et il l'alluma pour se changer les idées.

Ensuite, je réessaierai... Il est hors de question que j'abandonne ! Je ne suis pas un faible ! Je surmonterai ça, vous verrez !

Depuis la veille et ses premières transformations, une pensée effroyable hantait l'esprit de Niccolò.

Et si cela se produisait alors qu'il était dans la rue ?

Ou, pire... si jamais ça arrive pendant que je suis avec une fille ?

Un frisson d'effroi lui dévala l'échine et il s'obligea à repousser cette pensée.

S'il la laissait tourner dans sa tête, il resterait une femme un bon moment, il le savait.

Pense à autre chose... pense à autre chose... Se répéta-t-il.

Il allait se plonger dans les émissions les plus stupides qui passaient à la télé. Il n'y avait rien de tel pour se changer les idées.

Malheureusement, il vit que les chaînes ne parlaient plus que de cette étrange épidémie qui changeait les hommes en femmes sans prévenir.

Sur la Rai 1, l'une des chaînes les plus connues d'Italie, des envoyés spéciaux à travers le monde montraient les uns après les autres la situation à l'étranger.

Les États-Unis étaient le théâtre de pillages et la caméra balaya une grande avenue marchande dont les vitrines avaient presque toutes volé en éclat.

À croire que c'est leur seule réaction quel que soit le problème... Songea Niccolò.

En Argentine, des manifestants avaient envahi les rues.

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