Jour 7 - Do-Yun (Séoul, Corée du Sud)

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          Do-Yun, vingt-trois ans, sortit de chez lui, son costume au pli impeccable tombant sur ses chaussures cirées et sa cravate nouée avec soin, et il rabattit la capuche de sa veste sur sa tête. Il aurait chaud ainsi, mais peu importe.

Il abandonna la résidence dans laquelle il vivait et gagna la station de métro la plus proche.

S'il faisait vite, il pourrait prendre un café à emporter dans le petit spot qu'il aimait tant, non loin de son travail dans cette grande compagnie d'assurance, en plein centre du quartier de Itaewon à Séoul.

Le problème, c'est que...

Il déglutit.

Tout cela commençait à devenir très compliqué. Mais il n'allait pas baisser les bras pour si peu.

Le trajet se passa plutôt bien et Do-Yun commença à se dire que la journée allait être bonne.

C'est un coup à prendre, se dit-il. Au début, c'est sûr ça surprend, mais finalement, j'arrive à gérer j'ai l'impression.

Comme tous les hommes de la planète, Do-Yun avait découvert, une semaine plus tôt, qu'il pouvait se transformer en femme à n'importe quel moment.

Passée la première surprise et la première peur de rester bloqué comme ça, il avait trouvé cela plutôt amusant.

C'est bien pour savoir ce que pense l'autre sexe, s'était-il dit. On ne se met pas assez à la place de l'autre dans notre société.

Toutefois, un problème qu'il n'avait pas imaginé l'avait fait redescendre sur terre de manière brutale.

Aujourd'hui, se dit-il en rabattant davantage sa capuche sur son visage, aujourd'hui tout se passera bien.

Il descendit à la station la plus proche de son travail et rejoignit à grands pas le café qui faisait le coin de la rue.

C'était l'un des rares établissements ouvert à cette heure qui proposait un latte macchiato incroyable sans lequel Do-Yun ne se voyait pas commencer ses journées.

C'est mon petit plaisir, je ne vais pas m'en priver juste pour un détail !

Il s'installa dans la file d'attente qui avait commencé à se former devant la caisse et repoussa sa capuche.

Autour de lui, les clients étaient pour la plupart des employés de bureaux venus, comme lui, prendre quelque chose à boire ou à grignoter avant d'aller travailler.

Il y avait là autant de femmes que d'hommes, tous en costumes ou blazers cintrés et aux chemises d'un blanc éclatant.

Malheureusement, il devait être écrit que Do-Yun rencontrerait sa première épreuve du jour aux aurores. Deux types, du genre peu fréquentable, entrèrent dans l'établissement et bousculèrent tout le monde pour atteindre la caisse les premiers.

Des murmures mécontents montèrent de la file, mais l'un des hommes se retourna avec l'air de vouloir en découdre.

– Quoi ? Dit-il. Il y a quelque chose qui ne vous plaît pas ?

Il les menaça du poing et Do-Yun détourna la tête, comme les autres. Il déglutit, terrifié à l'idée de croiser le regard d'un des deux malabars et d'être pris pour cible de leur mauvaise humeur.

Aussitôt que cette pensée l'avait traversée, il sentit qu'il commençait à changer.

Oh non ! C'est pas vrai ! Pas maintenant !

Ses mains rétrécirent, elles s'affinèrent, et les traits de son visage s'adoucirent.

Heureusement, sa veste le cachait presque entièrement et personne ne jugerait son costume qui flottait maintenant sur lui comme un parapluie fermé.

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