Des bas-fonds à Mitras, du mur Rose au mur Maria... Dans un royaume divisé par l'ignorance et la censure, menacé par l'invasion des titans, une poignée d'homme et de femme vont croiser leurs lames et lier leur destin à celui de l'île du Paradis. Mêl...
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Ma main caressait lentement le poil sombre de la bête.
Je n'étais pas venu le voir depuis l'expédition. Je me rappelle d'ailleurs l'avoir laissé dans un état lamentable, alors que ma cuisse pissait le sang et que je m'efforçais d'avoir une démarche des plus normal -comme si une lame de trente-centimètre ne m'avait pas transpercé la cuisse.
Heureusement, les palefreniers faisaient bien leur boulot, la robe noire de Sleipnir brillait presque sous l'éclat de la lune. Ce qui était bien loin des croutes de sang et de terre que je lui avais laissé.
Il hennit soudainement sous mon touché, j'esquissais alors un sourire en coin. Sous mes doigts, ses nasaux recrachaient de l'air chaud à intervalle régulier. De même que ses muscles seyants trépignaient presque sur place. Il semblait être à l'étroit dans son box. Malheureusement pour lui, je n'avais pas prévu de balade nocturne à cheval, je n'étais pas encore assez familiarisé avec eux. Surtout ceux du bataillon, ils étaient élevés pour atteindre des vitesses phénoménales -de quoi mettre de la distance avec les titans -et Sleipnir était particulièrement fougueux.
L'étalon avança soudainement son museau près de mon visage, ce qui me fit lui lancer une œillade mauvaise en m'écartant.
-Garde tes distances, le canasson.
Sifflais-je. Mais forcé de constater qu'il n'en n'avait que faire, je ne réagis finalement pas quand il réitéra sa tentative. Sa respiration chaude s'écrasa alors contre ma joue, puis il hennit à nouveau.
D'après ce que Petra m'avait dit, il était important de se lier avec son cheval, si lors d'une expédition, notre monture était réticente et désobéissante, c'était la mort assurée. Heureusement que celui-là ne m'avait pas fait un coup pareil.
Je lui tapotais finalement l'encolure et m'apprêtais à repartir. Mais je me figeais brusquement en découvrant le caporal-chef à quelques pas de là, adossé contre un mur voisin de l'écurie. Dans la pénombre, seul ses yeux gris semblaient se dissocier de la nuit.
-Je dois m'inquiéter ?
Crachais-je à son intention. Il me fixa quelques secondes, les bras croisés sur son torse.
-A toi de me le dire.
-Tout dépend, tu suis souvent des femmes en pleine nuit ?
Il souffla du nez, amusé, tout en se redressant.
-Arrête avec tes conneries. T'as vu l'heure ?
-Quoi ? Tu comptes me baratiner avec le couvre-feu ? Sérieusement ?
Sans répondre, il s'approcha silencieusement, son visage m'apparaissant davantage au fil de ses pas.
Les entrainements nocturnes en tridimensionnalité s'étaient considérablement étirés au fil des semaines. Bien qu'on était souvent silencieux dans ces moment-là -se contentant simplement de voltiger dans le calme de la nuit -cela avait changé nos rapports. Je ne serais dire dans quel sens, simplement que nous étions plus familiers l'un envers l'autre. Certainement comme je l'étais avec Hange, ou comme je l'avais été avec Erwin.